Rencontres multisectorielles franco-algériennes à Annaba : Baliser le terrain pour un partenariat gagnant-gagnant

06/06/2024 mis à jour: 06:04
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Il existe divers secteurs dans lesquels les deux pays peuvent coopérer - Photo : D. R.

Les Rencontres multisectorielles franco-algériennes se tiendront, ce jeudi 6 juin, au complexe hôtelier Sabri (Annaba), à l’initiative du consulat général de France à Annaba et Constantine, en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), l’Association de développement et de promotion des entreprises (ADPE), l’association des femmes algériennes chefs d’entreprise SEVE (Savoir et vouloir entreprendre) et les cabinets de conseil Transition conseil et Global Assistance Codes.

L’Algérie est au cœur de la Méditerranée que nous voulons construire. C’est un pays immense, non seulement par sa dimension mais aussi par sa beauté, sa culture, la richesse, la diversité, la jeunesse et la générosité de son peuple. Pour nous Français, le devenir de l’Algérie est essentiel dans notre propre avenir. On ne peut pas imaginer la France sans liens étroits avec l’Algérie. L’Algérie jouera un rôle central dans la future communauté méditerranéenne.

(...) La relation entre l’Algérie et la France doit être rayonnante dans la coopération en Méditerranée.» Ces propos publics de l’ex-député socialiste Michel Vauzelle datent du début des années 2000, alors qu’il dirigeait le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), et pourtant, ils résonnent encore aujourd’hui dans bien des esprits à Annaba. Pourquoi ? «Cette ville lui doit, à bien des égards, l’offensive économique, la forte dynamique, surtout que connus, durant la sombre décennie 90, les partenariats industriels entre nous, opérateurs économiques de la région est et nos homologues de la région PACA.

C’est grâce à lui et aux anciens cadres dirigeants de Sider, à leur tête le défunt Messaoud Chettih, que les bases d’une prospérité partagée dans le domaine industriel, furent jetées, et ce, à travers les Rencontres méditerranéennes de l’industrie (RMI), dédiées à la sous-traitance, alors annuellement organisées, en collaboration avec la CCI Seybouse, en alternance à Annaba et à Marseille», se remémore un grand industriel, intervenant dans l’agroalimentaire (transformation de la tomate).

Persistant, le poids du passé faisant en sorte que des considérations, d’ordre autres que économique, freinent durablement l’épanouissement des partenariats industriels. «Depuis la fin, pour des considérations méconnues, des RMI et avec le politique qui continue d’envahir l’espace économique et de déteindre sur le climat d’investissement, les relations avec cette région se limitent à de simples échanges commerciaux.

Globalement, notre pays étant dans le top 10 des plus grands clients de ces territoires – PACA – et parmi ses principaux fournisseurs (hydrocarbures surtout). Espérons que le regroupement de jeudi sera cette nouvelle passerelle qui va ressusciter les partenariats industriels gagnant-gagnant, que l’on avait condamnés à une bien longue hibernation», abonde Nadia Habes, cheffe d’entreprise et actionnaire dans un Groupe pharmaceutique et cosmétique, basé à El Tarf.

Le regroupement dont il est question étant les Rencontres multisectorielles franco-algériennes qui se tiendront ce jeudi 6 juin au complexe hôtelier Sabri (Annaba), à l’initiative du consulat général de France à Annaba et Constantine, en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), l’association de développement et de promotion des entreprises (ADPE), l’association des femmes algériennes chefs d’entreprise SEVE (Savoir et vouloir entreprendre) et les cabinets de conseil Transition conseil et Global Assistance Codes.

Ces rencontres auxquelles devraient prendre part au moins 80 entreprises algériennes et une vingtaine d’entreprises françaises «auront pour objectif de favoriser les contacts entre entreprises françaises et algériennes dans des domaines aussi variés que l’agriculture et l’agro-alimentaire, la pharmacie, la parapharmacie et la cosmétique, le tourisme et l’artisanat, les nouvelles technologies et l’industrie», s’enthousiasme François Pugeaut, consul général de France à Annaba et Constantine.

Opportunités d’investissement

Les opérateurs économiques issus de l’autre côté de la Méditerranée pourraient ainsi y explorer les opportunités d’investissement et de partenariats qui s’offrent dans l’est du pays, à travers un exposé exhaustif du président de la CACI, Kamel Hamenni. D’autant que, «considérant plusieurs facteurs, au double plan politique et économique, de l’heure, l’intérêt que représente notre pays pour la France, là où les Algériens de nationalité ou d’origine représentent la plus grande présence maghrébine, est appelé à s’accroître», a tenu à souligner Mme Habes.

Le responsable de veille réglementaire à la CCIAF, Akram Hamouda, disséquera, pour sa part, les contours de la réglementation algérienne en matière d’investissements et d’import-export. Y sera, en outre, dressé par Sabrina Benbouali (Business France), un état des lieux des relations commerciales franco-algériennes. Des relations évoluant en dents de scie en raison des maintes brouilles diplomatiques de ces quelques dernières années entre Alger et Paris, bien que celles-ci se soient nettement apaisées.

Ce faisant, au niveau gouvernemental, les bonnes volontés pour asseoir un partenariat économique réciproquement profitable existent des deux côtés, mais l’adéquation entre leur perception et les actions sur le terrain demeure, quant à elle, absente. En effet, la convergence économique, tant attendue, n’est toujours pas au rendez-vous. Les réformes et les efforts, jusque-là déployés par les autorités nationales aux fins de capter davantage d’IDE hors hydrocarbures, et faire de l’Algérie une puissance économique d’envergure régionale, ne semblent décidément pas suffisamment convaincants aux yeux du voisin méditerranéen.

Pourtant, de l’aveu même de nombre d’éminents experts français, à l’image de Laurent Chalard, docteur en géographie de Paris IV-Sorbonne, membre du think tank European center for international affairs (ECAI), «l’Algérie possède de nombreux atouts, une main d’œuvre nombreuse disponible, relativement bien formée, qui parle plusieurs langues, dont le français et de plus en plus l’anglais, avec des capacités d’innovation certaines, comme l’a montré l’exemple des respirateurs artificiels que l’Algérie a su fabriquer, alors que ceux conçus par la France se sont avérés inopérants du fait de la perte de son savoir-faire industriel !» nous déclarait-il dans un précédent entretien.

C’est dire que le fossé qui sépare les discours des officiels des réalités du terrain équivaut à une frontière aussi longue que la Méditerranée. Les rencontres d’aujourd’hui que d’aucuns souhaitent leur pérennisation «nous rappellent les RMI des années 1990, malgré les horreurs du terrorisme, et toute l’agitation, le mouvement et la dynamique qui régnaient dans le monde des entreprises», affirme, avec une pointe d’amertume, Mabrouk Zane, ex- responsable des partenariats internationaux à la CCI Seybouse, seraient-elle annonciatrices du début de l’«abolition» de cette frontière qui empêche l’émergence d’un partenariat dans le domaine de l’industrie en dehors des hydrocarbures ? 
 

 

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