Rencontre périodique de Tebboune avec la presse nationale : Les messages codés du Président

26/02/2023 mis à jour: 04:27
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Lors de son entrevue avec des représentants de la presse nationale ce vendredi, le président Abdelmadjid Tebboune est apparu contrarié, décontenancé par le rythme de réalisation des projets sectoriels de développement du pays et les entraves à la concrétisation de ses décisions et directives données aux différents agents et représentants de l’Etat à tous les niveaux, dans les secteurs aussi bien économique que dans l’administration publique. Le visage fermé, le ton grave que n’arrivait pas à dissimuler les réparties accompagnées d’un sourire en coin face aux journalistes pour s’assurer d’avoir fourni les réponses attendues, cette nouvelle rencontre de Tebboune avec la presse avait planté le décor dès son entame. Le président de la République, qui s’était exprimé sur certaines préoccupations nationales de l’heure, lors de la tenue de la réunion du Conseil des ministres, lundi dernier, avait jeté un gros pavé dans la mare en tançant le gouvernement, et particulièrement certains départements ministériels, dont celui du Commerce, pour les dysfonctionnements du marché, et de l’Habitat pour l’opération de démolition des constructions illicites qui s’est faite sans son feu vert. Consécutivement au recadrage fait lors de la tenue du Conseil des ministres, une dépêche de l’agence officielle de presse APS livre quelques détails sur les raisons de la «colère» du Président, qui refuse de porter le chapeau des carences enregistrées dans l’exécution du programme d’action, à travers des messages, certains codés, mais dont il est aisé de deviner le contenu et la cible, d’autres délivrés en clair. Sans nul doute, la rencontre du président Tebboune avec la presse a été convoquée, sous le sceau de l’urgence, dans le prolongement du déballage présidentiel, pour apporter les éclairages nécessaires concernant le diagnostic fait par le chef de l’Etat sur l’action et les performances du gouvernement ainsi que l’exécution et le suivi par les collectivités locales de certains dossiers sensibles en lien avec les préoccupations des citoyens. «Actes prémédités, délibérés», «opacité bureaucratique», «tentatives de déstabilisation de l’Algérie», «exploitation politique de la pénurie» jugée «inacceptable» compte tenu de la disponibilité des produits…, ce sont là autant de mots clés qui reviennent dans l’analyse du président Tebboune concernant la situation socioéconomique du pays dans cet espèce de bilan d’étape de son mandat auquel il s’est livré face à la presse. Il y décèle des manœuvres de déstabilisation orchestrées par «des parties internes» exécutant un «agenda extérieur», mais sans plus de détails. Mais en filigrane et dans une réplique incisive dans le style «je vous ai compris» lancée sur un ton de quelqu’un qui a conscience de ce qui se trame derrière toutes chausses-trappes disséminées sur son chemin et qui jalonnent son discours politique, il balance une date : 2024, renvoyant à la prochaine élection présidentielle. «Comprenne qui voudra !» a-t-il appuyé. Traduit en clair, cela signifie qu’il est convaincu que toutes ces pénuries, les entraves bureaucratiques, les décisions intempestives et impopulaires de l’Exécutif sur certains dossiers, les blocages qualifiés de délibérés, la lenteur dans la concrétisation de certains dossiers stratégiques, tels que la numérisation, gage de transparence dans la gestion des affaires publiques, de la lutte contre la corruption, sont loin d’être le fruit du hasard ou le résultat de simples négligences. En faisant référence à la prochaine échéance présidentielle de manière allusive, Tebboune établit un lien de cause à effet entre tous ces foyers de tensions visant, selon lui, à ralentir, à décrédibiliser la dynamique de développement du pays engagée sous son règne, et l’enjeu crucial de ce scrutin. Il laisse suggérer que des forces tapies dans l’ombre (les hommes de l’ancien système déchu ?) s’activent, d’ores et déjà, pour se positionner en pilonnant son bilan afin de lui barrer la route d’un second mandat sur lequel il ne s’est pas encore prononcé. Dans la guerre de l’ombre qui paraît bien déclenchée avec tous les griefs qui se sont multipliés ces dernières semaines contre l’action du gouvernement, Tebboune, fort de son bilan qu’il estime globalement positif, en dépit des carences enregistrées, a choisi l’attaque à la défense pour ne pas laisser le terrain libre à ses adversaires. 

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