Rencontre littéraire à la maison de la culture de Biskra : Djamel Bacha décortique le système éducatif national

30/04/2022 mis à jour: 02:57
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«Le contenu de ce livre prend sa source d’une pratique professionnelle de 35 ans dans le secteur de l’éducation nationale.»

Djamel Bacha, professeur de langue arabe, conseiller pédagogique principal et inspecteur de l’éducation nationale sorti à la retraite, a été convié, le 25 avril, à animer une rencontre littéraire organisée par El Khaldounia à la Maison de la culture et des arts de Biskra, celui-ci a présenté un essai écrit en arabe intitulé «Un autre aspect de l’éducation et de l’enseignement» dans lequel il traite et décortique le secteur de l’éducation nationale algérien sous un prisme original et sans langue de bois, a-t-on constaté. 

Pour lui, le système éducatif national enregistre de grands progrès et des réussites notables en termes de taux de scolarisation, d’égalité des chances et de généralisation du savoir, mais «cette institution qui souffrait et qui souffre encore de nombreuses lacunes, manquements et de décisions et orientations aberrantes et inopérantes continuent de pâtir de plusieurs maux», a-t-il lancé. 
 

Des maux qu’il met en lumière dans son œuvre intitulée L’autre visage de l’éducation et de l’enseignement. «Le contenu de ce livre prend sa source d’une pratique professionnelle de 35 ans dans le secteur de l’éducation nationale. Il est constitué de textes rapportant des anecdotes, des constations personnelles et une narration de situations et de scènes vécues permettant de mettre le doigt sur des faits et des actes heurtant le bon sens et allant à contre-courant des valeurs et des dispositions adoptées pour offrir une scolarisation convenable à tous les enfants algériens», a-t-il signalé.

 En effet, le livre de ce pédagogue et éducateur né à Djemorah en 1956 est une radioscopie non exhaustive du système éducatif énoncée en 8 clichés recensant les imperfections et les dysfonctionnements en obérant les objectifs fondamentaux et le bon fonctionnement dans beaucoup de cas. 
 

Le premier chapitre est dévolu aux enseignants, lesquels sont «de plus en plus dévalorisés en dépit du fait que leurs actions soient primordiales et qu’ils soient au centre de la pratique pédagogique», fera-t-il remarquer. 
Le deuxième chapitre est consacré aux personnels administratifs dirigés par des directeurs «dictatoriaux et adeptes de la vassalisation du personnel» et souvent investi dans l’arbitraire et empêtré dans un fatras d’ordre administratif «contradictoires à la législation scolaire». 
 

Puis, l’auteur passe en revue les actions et les interventions «positives et négatives» des syndicats et des partenaires et intervenants dans l’éducation et l’enseignement des élèves avant d’aborder la question des réformes lesquelles sont devenues «des réformes des réformes» depuis 2003. 
 

DES FAITS DÉPLORABLES
 

Suit le thème du suivi pédagogique qui est «défaillant à plus d’un titre», le déroulement des examens officiels caractérisé par «plusieurs défaillances et avanies» et la fameuse question des cours particuliers «générant des polémiques interminables et des récriminations des uns et des autres», rappellera-t-il. Djamel Bacha s’est réservé le 8e chapitre dans lequel il raconte son expérience personnelle de fonctionnaire et d’enseignant et narre des situations loufoques, dramatiques, symptomatiques d’un malaise ou déplorables et stressantes qu’il a vécues avec ses collègues, ses élèves, ses collaborateurs et sa tutelle au cours de sa longue carrière en préconisant des solutions pour dénouer toutes les confrontations conflictuelles et les facteurs de crise.

 Étayant son propos d’exemples démontrant, selon lui, «la déliquescence du système éducatif, la dichotomie entre réalité et virtualité c’est-à-dire les effets des mesures entérinées par la tutelle, mais ne trouvant pas existence sur le terrain et restant cantonnées à la seule dimension théorique», a-t-il expliqué, l’essayiste a cité le déroulement des épreuves du baccalauréat dans les wilayas du Sud «où théoriquement toutes les classes sont dotées des moyens nécessaires en climatisation, mais où les candidats sont soumis en réalité à des conditions intenables», dira-t-il. 

L’enseignement de l’informatique dans les établissements scolaires qui est une véritable catastrophe puisque confiée à des enseignants «sans connaissances, ni compétences dans ce domaine», les manuels scolaires truffés d’incorrections typologiques, de fautes grammaticales et lexicales et d’erreurs scientifiques et la suppression d’une strophe de l’hymne national citant la France puis la réintégration de cette partie tronquée des années plus tard sont les autres tares et lacunes relevées par l’auteur. 
 

Pour conclure, Djamel Bacha offre aux lecteurs un livre instructif et agréable à lire. En bon observateur et fin intellectuel, il incorpore dans ses remarques, récits et personnifications une bonne dose d’humour, de dérision et parfois de poésie. 

Cette plongée dans le monde sombre et confidentiel du secteur de l’éducation nationale plaira tout aussi bien aux lecteurs avertis, aux profanes, aux chercheurs en sciences sociales et didactiques et mêmes aux artistes «pouvant adapter ces textes critiques et satiriques en pièces de théâtre», ont plaidé des intervenants ayant assisté au débat. 

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