Soixante-six ans après, les élus de Ammi Moussa, la capitale de l’Ouarsenis, région fortement boisée et ayant vécu de grands événements historiques avant et pendant la guerre de Libération, appuyés par le mouvement associatif et par l’historien de la région, Mohamed Lacène, ont décidé de dépoussiérer un pan de cette histoire qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Cette année, Ammi Moussa a décidé de renouer avec son passé glorieux. Ce 6 février 2023 est la première marche d’un parcours qui risque d’être long dans les méandres de l’histoire de l’Ouarsenis, région montagneuse où reposent plus de 1000 chouhada dans leur cimetière, l’un des plus grands du pays. Ce premier pas a concerné la visite du vieux domicile de la famille Gaïd à Louafa, un douar de la zone éparse de la commune de Ammi Moussa. Ce lieu, isolé et loin des yeux vaillants des colonisateurs et leurs indicateurs, était un refuge où se donnaient les jeunes d’alors leurs rendez-vous cycliques pour traiter de tous les développements de la situation. Pour le 6 février, les jeunes de la région, intéressés par leur histoire et sa promotion, ont concocté un programme digne de cette date qui fut marqué par la présence inattendue du moudjahid Maameri M’hamed dit Si Redouane, qui a bravé le poids des années et la maladie pour venir apporter son témoignage en détail sur ce qui s’est passé en 1957. La veille de cette date (6 février 1957), les jeunes, dévoués pour leur cause, ont vite épousé l’appel du FLN qui portait sur l’enclenchement d’une grève de huit jours ( 28 janvier au 4 février 1957) et se sont introduits dans la ville, les seaux de peinture dans les mains, pour annoncer aux commerçants la décision, a affirmé Si Redouane, en ajoutant : «Les jeunes ont été trahis par les traces de peinture et ont été arrêtés par les gendarmes et conduits au camp de torture où ils ont subi les sévices les plus atroces. Ces arrestations n’ont nullement découragé les furieux jeunes qui ont décidé de riposter, souligne le moudjahid. Et de préciser : «Les commerçant ont reçu le message et favorablement répondu à l’appel et les jeunes ont, deux jours plus tard, soit le 6 février 1953, donné à cette réussite un éclat par des actes de fedayins.» Ce jour-là, les jeunes, armés de leur volonté révolutionnaire, ont investi, de jour vers 10h, et ont perpétré des actes destructeurs sur des édifices français et des propriétés privés des colons, un car a été incendié, a conclu Si Redouane son témoignage et appelant les jeunes à converger leurs efforts afin de promouvoir et valoriser leur histoire. Notre histoire est notre essence pour bâtir une Algérie digne des valeurs véhiculées par nos valeureux martyrs, a lancé le moudjahid, les larmes dans les yeux, en direction des présents.