Réforme su système national de santé : Une rencontre sur fond de malaise

08/01/2022 mis à jour: 01:20
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L’option choisie pour cette réforme est de remettre le patient au centre des préoccupations du système national de santé / Photo : D. R.

Plus d’une dizaine de syndicats et associations de la santé ont décidé de ne pas prendre part aux travaux de la conférence nationale sur la relance du système de santé. Certains contestent la démarche entreprise par le ministère de la Santé et d’autres crient à l’exclusion.

Prévue initialement au mois de décembre dernier sous forme d’assises nationales après les assises locales et régionales, la rencontre sur la réforme du système de santé exigée par le président de la République depuis l’été 2021, baptisée «assisses nationales» puis «rencontre sur la modernisation de la santé» ou «rencontre pour le renouvellement du système de santé» pour enfin devenir la «rencontre nationale sur la relance du système de santé» s’ouvre aujourd’hui au Centre international des conférences (CIC) d’Alger. Elle est étalée sur deux jours.

Boycottée par de nombreux syndicats, dont certains avaient pourtant pris part aux assises locales et régionales, cette rencontre a pour objectif de recueillir les recommandations des professionnels de la santé, afin de contribuer à la mise en œuvre des textes de la loi sanitaire.

Sauf que maintenant, elle risque de se faire sans les acteurs principaux, à savoir les professionnels de la santé, toutes catégories confondues.

En effet, une dizaine de syndicats a d’ores et déjà annoncé ne pas participer à cette rencontre. La Coalition nationale des syndicats du secteur l’a déjà fait savoir à travers un communiqué rendu public le 10 décembre dernier. «La CNSS a exprimé sa réserve quant à l’opportunité de cet événement et ne voit pas son intérêt», précise le communiqué rendu public des 9 syndicats réunis au sein de cette coalition.

«En effet, la CNSS, consciente d’une réforme profonde du système de santé attendue par tout le monde depuis de longues années et ordonnée par le président de la République, demande qu’au lieu d’aller vers ces rencontres nationales, il faut plutôt l’application de la loi sanitaire de 2018 (textes d’application non promulgués), la carte sanitaire (validée en 2015) et la réforme hospitalière (adoptée en Conseils des ministres en juin 2021)», ajoutent ces syndicats dans leur communiqué.

La CNSS dit avoir informé le ministre de sa décision de ne pas prendre part à la rencontre nationale prévue pour la fin décembre 2021, souligne la même source.

De leur côté, trois syndicats de la santé, en l’occurrence le Snechu, le SNPSP et le SAP ont, dans un communiqué rendu public jeudi, annoncé eux aussi leur décision de ne pas prendre part à cette rencontre ; ils ont exprimé leur étonnement de ne pas avoir reçu une invitation officielle à cette rencontre, alors qu’ils avaient, disent-ils, «répondu présents aux dernières assises locales et régionales» auxquelles ils avaient «participé activement aux différents ateliers, où des propositions ont été émises».

Le Snechu, le SNPSP et le SAP rappellent que les syndicats de la santé revendiquaient la nécessité de l’élaboration urgente des textes d’application à la loi sanitaire de 2018 et qu’ils avaient pris part à plusieurs réunions avec l’ex-ministre délégué à la Réforme hospitalière, le Pr Mesbah, et que des propositions ont été émises.

Des propositions «restées lettre morte»

Des propositions qui, regrettent-ils, «sont restées lettre morte». «Hélas, nous avons constaté que ce n’est qu’un bis repetita sur le fait qu’il n’y a aucune réelle volonté à proposer une véritable réforme de notre système de santé. Pour ces multiples raisons, les syndicats Snechu, SNPS et SAP refusent de participer à ces assises et n’accepteront jamais de cautionner des résolutions préparées et validées à l’avance», ont-ils insisté dans leur communiqué.

D’autres associations professionnelles qui activent dans le secteur et des associations de malades ne comprennent pas également leur «exclusion» de cet événement national, où sera décidé l’avenir du système de santé en Algérie, comme cela est souligné dans le préambule de la note conceptuelle de ce rendez-vous : «Cette rencontre s’attellera à poser le diagnostic de la situation actuelle, définira les objectifs et mettra en place la stratégie idoine et la mise en œuvre des textes d’application de la loi n°18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé.»

Selon les organisateurs, cette rencontre regroupera 650 professionnels de la santé en plénière, et suivront des travaux en divers ateliers.

Ces travaux vont s’appuyer sur les recommandations des 9 rencontres régionales pour formuler des recommandations nationales. Les thèmes des ateliers proposés aux participants, qui ne sont pas limitatifs, abordent la quasi-totalité des problèmes que rencontrent les professionnels de la santé pour le bon déroulement de la prise en charge des usagers des services de santé, que ce soit sur le plan de la prévention, les soins ou le traitement prestation des services, personnel de santé, système d’information sanitaire, technologie et produits médicaux, financement et gouvernance.

Pour rappel, un projet de réforme a été présenté par le ministre délégué à la Réforme hospitalière en 2021 en Conseil des ministres qui l’a validé.

Des instructions ont alors été données pour «la définition d’un calendrier clair pour la mise en œuvre du projet de réforme hospitalière» et «la révision impérative de l’organisation des urgences et autres services hospitaliers pour améliorer la relation du citoyen avec l’hôpital», a indiqué le communiqué rendu public à l’issue du Conseil des ministres.

L’option choisie pour cette réforme est de remettre le patient des services de santé au centre des préoccupations du système national de santé, dans le but d’assurer la protection des citoyens à travers l’égal accès aux soins, la garantie de la continuité du service public de santé et la sécurité sanitaire, rétablir l’équité et la solidarité dans l’accès à des soins de qualité pour tous les Algériens, adapter le dispositif organisationnel de l’offre de soins et d’hospitalisation en s’appuyant sur un système d’information performant (numérisation), et renforcer les actions de protection de la santé et de prévention à travers une démarche participative multisectorielle et communautaire soutenue, tels sont les principaux objectifs de cette réforme qui se résument dans les thèmes des ateliers fixés pour cette rencontre. 

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