Réforme de l’éducation : Quelle place pour les écoles privées ?

20/09/2023 mis à jour: 05:30
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Hier, premier jour de la rentrée des classes dans le cycle primaire après plus de 3 mois de vacances - Photo : B. Souhil

Le débat sur le rôle de l’école privée est susceptible de se poursuivre, mais il est important que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour garantir que l’éducation demeure une priorité nationale et que chaque enfant puisse réaliser son potentiel, quelle que soit l’école qu’il fréquente.

L’éducation est depuis longtemps un sujet brûlant avec un débat constant sur le rôle de l’école privée dans le pays. Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, avait affirmé dans une déclaration antérieure que le nombre d’écoles privées en Algérie est de 586, un chiffre témoignant de «l’encouragement de l’Etat à ce type d’enseignement accompagnant l’école publique». Les partisans de l’école privée mettent en avant plusieurs arguments en faveur de son rôle bénéfique.

L’avantage qu’a l’école privée sur l’école publique, disent-ils, c’est, entre autres, le nombre d’élèves par classe, l’absence de grèves et les conditions de scolarité qui sont meilleures. Le débat sur le rôle de l’école privée reste, toutefois, complexe. Il est important de trouver un équilibre entre la liberté de choix des parents en matière d’éducation et la garantie que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité, quel que soit leur statut socio-économique.

Le débat sur le rôle de l’école privée en Algérie est susceptible de se poursuivre, mais il est important que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour garantir que l’éducation demeure une priorité nationale et que chaque enfant puisse réaliser son potentiel, quelle que soit l’école qu’il fréquente.

Selon le site Légal Doctrine, «l’enseignement privé est dispensé par des établissements d’éducation créés par des personnes physiques ou morales de droit privé, dispensant un enseignement à titre onéreux, subordonné impérativement à une autorisation préalable accordée par le ministère de l’Education nationale.

L’enseignement privé présente en Algérie 4 niveaux d’enseignement, à savoir l’enseignement préscolaire, l’enseignement primaire, l’enseignement moyen et l’enseignement secondaire, dont les dispositions et modalités de fonctionnement sont prévues par l’ordonnance n°05-07 du 23 août 2005 fixant les règles générales régissant l’enseignement dans les établissements privés d’éducation et d’enseignement».

Selon la même source, la création d’un établissement d’enseignement privé est subordonnée à une demande d’autorisation accompagnée d’un dossier technique proposé au ministère de l’Education nationale qui émet son accord ou pas, après avis d’une commission ad hoc auprès de l’inspection académique ou de la direction de l’éducation de la wilaya du lieu d’implantation de l’établissement.

Projet éducatif ou motivations mercantiles ?

L’article 20 du décret exécutif n°04-90 du 24 mars 2004 prévoit que l’autorisation est accordée par arrêté du ministre de l’Education nationale dans un délai de 3 mois.  L’ouverture d’un établissement privé est précédée d’un contrôle du site, effectué par les services techniques habilités de l’inspection académique ou de la direction de l’Education nationale.

Le système éducatif privé est dans l’obligation de se soumettre au programme scolaire établi par le ministère de l’Education nationale.  L’enseignement privé peut présenter, après autorisation du ministre de l’Education nationale, des activités en plus, telles que «l’application du double programme (en langue nationale et étrangère) ou encore des exercices éducatifs et culturels».

Un établissement d’enseignement privé présente des conditions assez confortables quant à la non-surcharge des classes (une moyenne de 20 élèves par classe). Ces établissements d’ailleurs sont souvent des villas aménagées en écoles répondant à toutes les normes de sécurité et d’hygiène. Aucune disposition législative ou réglementaire ne présente un tarif unifié, ce qui peut laisser libre cours à certains excès, mettant alors en danger l’éducation qui doit avant tout rester un service public, et non pas l’objet d’un commerce.

On s’en souvient qu’en pleine période de crise sanitaire, une vive polémique était née autour de ce sujet, reprochant alors aux établissements privés de faire payer les mois de suspension de scolarité. Le ministère a réagi en imposant «un contrat-type et un cahier des charges». La réglementation et la supervision gouvernementales peuvent également jouer un rôle dans la garantie de la qualité et de la transparence des écoles privées.

Dans une étude comparative des capacités cognitives et linguistiques entre des élèves scolarisés au sein de l’école publique et privée présentée par Bara Sid Ahmed et Adda Dalila, maîtres de conférences à la FSHS UMMTO, Tizi Ouzou, il y a des constats édifiants.

Il est mentionné que «la différence que nous avons dévoilée à travers cette étude est que le système scolaire public a donné plus de temps et de priorité à l’acquisition de la langue arabe classique comme langue principale au niveau primaire, à ce niveau, ces élèves possèdent une seule source d’alimentation cognitive, vraisemblablement cette vision n’a pas convaincu tous les parents, sous prétexte que l’enseignement unilingue de toutes les matières pédagogiques principalement en une seule langue arabe va conduire leurs enfants vers un chemin sans issue, une fois arrivés aux niveaux supérieurs».

Il poursuit : «Ce monolinguisme arabe va produire un élève en difficulté sur le plan linguistique devant les récentes connaissances spécialisées disponibles globalement en langues étrangères (sciences technologiques, médecine, psychologie...), et ce, en raison du manque de références scientifiques disponibles en langue arabe, raison pour laquelle les défendeurs de l’école libre ont choisi de se détacher de l’enseignement public gratuit basé sur des principes locaux (langue, religion, société) vers un enseignement qui prend en compte, évidemment, les principes locaux mais sans trop négliger les caractères universaux et scientifiques.»

Les pédagogues ont constaté dans leur immense majorité que l’école est tiraillée ces dernières années entre deux forces contradictoires, porteuses de projets de société différents. En réalité, deux discours s’affrontent, celui des réformistes et celui des conservateurs qui œuvrent pour son maintien dans sa forme initiale.  

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