Surnommé le «Général», Yacoub Belhasni a été condamné, hier, à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de dinars, après avoir été reconnu, par le tribunal de Dar El Beida, près la cour d’Alger, «coupable» d’une « escroquerie» inédite ayant ciblé de nombreux diplomates, fonctionnaires de l’Etat et hauts cadres de l’administration, pour leur soutirer de l’argent.
Mise en délibéré sous quinzaine, l’affaire de Yacoub Belhasni, plus connu par le surnom de «Général» et qualifié par le magistrat qui l’a jugé d’«Arsène Lupin», a connu son épilogue, hier en fin de matinée, avec la sentence.
Après l’avoir reconnu coupable de «faux et usage de faux dans les écritures administratives, intervention sans en avoir la qualité, dans des fonctions publiques, civiles ou militaires, escroquerie et tentative d’escroquerie en recourant aux TIC et violation de la réglementation de change et de mouvements de capitaux de et vers l’étranger», Belhasni a été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de dinars, soit la moitié de la condamnation requise contre lui, par le représentant du ministère public, lors de son procès, il y a deux semaines.
Yacoub, est condamné aussi à verser 500 000 dinars aux parties civiles, dont l’hôtel Sofitel, qui avait réclamé un montant d’un million de dinars, pour le préjudice subi, en raison du non-paiement d’une facture de 167 000 DA relative à une réservation, avec un «faux» bon de commande «au nom de la présidence de la République» d’une suite, durant cinq nuitées, au profit d’un couple.
Natif de janvier 1999, et résidant à Bou Ismail, wilaya de Tipasa, Belhasni avait à peine 22 ans, lorsqu’il s’est fait connaître sur la scène médiatique, en se présentant, comme «expert de la politique et de la géostratégie, à l’Onu», lors de ses nombreuses interventions sur les chaînes de télévision privées algériennes, mais surtout par un enregistrement audio, diffusé sur la toile, dans lequel il se présente à l’ancien ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, comme «officier supérieur de la sécurité de l’armée», le réprimande avec des propos très sévères, avant d’exiger de lui la suppression d’une information sur son arrestation, diffusée par la chaîne de télévision publique.
Six prévenus relaxés
Il avait quitté le pays, à l’âge de 18 ans, et s’est installé en Grèce, après avoir fait des passages en Allemagne, pays d’où il contactait ses victimes, au moins 64, selon l’enquête judiciaire, parmi les plus hauts fonctionnaires de l’Etat et des cadres de l’administration locale, dans de nombreuses wilayas du pays, en se présentant tantôt «général de la sécurité intérieure», tantôt comme «officier du renseignement ou colonel de la sécurité de l’armée» et tantôt comme «général conseiller à la présidence» ou comme «conseiller au cabinet de la Présidence», pour leur soutirer de l’argent destiné, d’après ses propos au procès, «aux pauvres, aux démunis et à ceux qui sont malades ou dans le besoin».
Comme lors de sa comparution devant le pôle pénal de lutte contre les délits liés aux Technologies de l’information et de la communication (TIC), près le tribunal de Dar El Beida, Yacoub Belhasni s’est montré très serein, avec son sourire qui en dit long sur son assurance.
Durant les longues minutes qu’a duré le prononcé du verdict, il n’a pas détaché le regard du juge ni laissé entrevoir un quelconque sentiment de colère ou d’inquiétude. A l’exception d’un prévenu, en fuite et condamné par défaut à 5 ans de prison ferme, et une amende d’un million de dinars, les six autres prévenus poursuivis dans le cadre de cette affaire ont obtenu la relaxe.
Parmi ces derniers, les deux demi-frères et sa demi-sœur, auxquels la justice reprochait le fait de recevoir les fonds transférés par Yacoub sur leurs comptes respectifs.
Lors du procès, le procureur a requis une peine de 20 ans de prison ferme contre Belhasni, assortie d’une amende de 20 millions de dinars, une autre de 7 ans de prison ferme, une amende de 7 millions de dinars, et un mandat d’arrêt international contre Abdelkrim Guerroudj, en fuite, ainsi qu’une condamnation de 5 ans de prison assortie d’une amende de 5 millions de dinars contre le reste des mis en cause, dont les deux frères et la sœur de Belhasni.
Intervenant au nom du Trésor public, l’Agent judiciaire du Trésor (AJT) avait affirmé que Belhasni était «coupable d’une grande opération d’escroquerie qui a ciblé de nombreuses sociétés et des personnalités de l’Etat dans le but de leur soutirer de l’argent qu’il transférait via Western Union et Money Gram». De ce fait, il a réclamé un dédommagement de 50 millions de dinars.