Réchauffement climatique : La Terre en danger

06/06/2024 mis à jour: 06:07
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Photo : D. R.

Selon une étude réalisée par une dizaine de chercheurs, rendue publique hier, «le réchauffement climatique causé par les activités humaines a atteint un rythme sans précédent et la fenêtre pour limiter à 1,5°C la hausse des températures est déjà presque fermée». Mai 2024 est, selon les études sur le climat, le 12e mois d’affilée de record mensuel de chaleur dans le monde. La température mondiale moyenne enregistrée sur terre et sur les océans était 1,52°C au-dessus de la norme d’un mois de mai dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Les études et tous les derniers rapports le confirment… Par ses activités aggravant le réchauffement climatique, l’homme devient la principale menace pour la planète. L’alerte a été lancée également, hier, par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Dans un discours prononcé au Muséum d’histoire naturelle à New York, le patron de l’ONU a même fait le parallèle entre la «météorite qui a exterminé les dinosaures» et le danger représenté par l’humain sur la terre. «Les humains, responsables du réchauffement, représentent le même danger pour la planète que la météorite qui a exterminé les dinosaures», déclare-t-il. Et d’ajouter : «Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures.

Nous sommes la météorite. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger.» Poursuivant, Antonio Guterres affirme également que «notre planète nous dit quelque chose, mais nous ne semblons pas l’écouter». La mise en garde du secrétaire général de l’ONU ne vient pas du néant. Mai 2024 est, selon les études sur le climat, le 12e mois d’affilée de record mensuel de chaleur dans le monde. La température mondiale moyenne enregistrée sur terre et sur les océans était 1,52°C au-dessus de la norme d’un mois de mai dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Selon Copernicus, «la température mondiale moyenne sur les 12 derniers mois (juin 2023–mai 2024) est la plus élevée jamais enregistrée», soit «1,63°C au-dessus de la moyenne préindustrielle de 1850-1900», quand les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité n’avaient pas encore réchauffé la planète. Selon une étude réalisée par une dizaine de chercheurs, rendue publique hier, «le réchauffement climatique causé par les activités humaines a atteint un rythme sans précédent et la fenêtre pour limiter à 1,5°C la hausse des températures est déjà presque fermée». «Le réchauffement causé par l’homme a augmenté à un rythme sans précédent dans les mesures instrumentales, atteignant 0,26°C par décennie en 2014-2023», souligne ces scientifiques.

Le constat, publié dans la revue Earth System Science Data, est le fruit du travail de près d’une soixantaine de chercheurs de renom qui s’appuient sur les méthodes du Giec, les experts du climat mandatés par l’ONU. Par rapport à l’ère préindustrielle, souligne la même source, «ce réchauffement d’origine humaine a atteint 1,19°C sur cette décennie, ce qui témoigne d’une nette augmentation par rapport aux chiffres du dernier rapport publié il y a un an (+1,14°C sur 2013-2022)».

Pour la seule année 2023, indique la recherche, le réchauffement attribuable à l’activité humaine a atteint 1,31°C. «Le réchauffement total observé a, lui, touché 1,43°C - car la variabilité naturelle du climat a également joué, à commencer par le phénomène El Niño», soulignent les mêmes chercheurs. Cette publication intervient au moment où des représentants du monde entier sont réunis à Bonn pour faire avancer les négociations climatiques avant la COP29 prévue à Bakou à la fin de l’année (11-22 novembre).

«Un mélange toxique»

Dans un message à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, le secrétaire général de l’ONU rappelle que «l’humanité est tributaire des terres». «Or, partout dans le monde, un mélange toxique de pollution, de chaos climatique et de décimation de la biodiversité est en train de transformer des terres saines en déserts et des écosystèmes florissants en zones mortes.

Il anéantit les forêts et les prairies et rend la terre moins à même d’être au service des écosystèmes, de l’agriculture et des populations», déplore-t-il. Selon lui, «cela signifie de mauvaises récoltes, des sources d’eau taries, des économies affaiblies et des populations en danger – les plus pauvres étant les plus durement touchées». «Le développement durable est compromis. Et nous sommes pris dans un engrenage mortel – l’utilisation des sols est responsable de 11% des émissions de dioxyde de carbone qui réchauffent notre planète. Il est temps de briser ce cercle vicieux», insiste-t-il.

Antonio Guterres appelle, dans la foulée, les pays à honorer tous leurs engagements en matière de restauration des terres et des écosystèmes dégradés et appliquer intégralement le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. «Ils doivent utiliser leurs nouveaux plans d’action nationaux pour le climat pour définir comment mettre un terme à la déforestation et inverser la tendance d’ici à 2030. Nous devons également augmenter fortement les financements visant à aider les pays en développement à s’adapter aux phénomènes météorologiques violents, à protéger la nature et à favoriser le développement durable», insiste-t-il.

Et de souligner : «L’inaction coûte trop cher.» «En revanche, dit-il, une action rapide et efficace est judicieuse d’un point de vue économique.» «Chaque dollar investi dans la restauration des écosystèmes engendre jusqu’à 30 dollars de retombées économiques. Nous sommes la génération Restauration. Ensemble, construisons un avenir durable pour la terre, et pour l’humanité», plaide-t-il.

Comme la terre, les océans sont aussi en danger, d’autant que, selon M. Guterres, «les changements climatiques entraînent une montée des eaux et constituent une menace existentielle pour les petits Etats insulaires en développement et les populations côtières». «Les températures marines atteignent des niveaux record qui provoquent des phénomènes météorologiques extrêmes dont nous ressentons tous les effets. L’acidification de l’océan détruit les récifs coralliens, rompant un maillon essentiel des chaînes alimentaires et faisant peser une menace sur le tourisme et les économies locales», précise Antonio Guterres.

 

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