L’Afrique n’est en passe de réaliser que moins de trois parmi les 32 Objectifs de développement fixés par les Nations unies à l’horizon 2030. Selon un rapport établit conjointement par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et la Banque africaine de développement, la cadence prise pour la réalisation des Objectifs de développement durables (ODD) est jugée lente.
Des revers sont enregistrés pour huit objectifs, et des progrès lents ou même un statu quo pour les objectifs restants. Dans ses recommandations, le rapport présenté la fin de la semaine écoulée, en marge du Forum politique de haut niveau pour le développement durable des Nations Unies à New York, plaide pour l’urgence d’un accès élargi des financements concessionnels pour le développement, des systèmes d’information et d’alerte précoce renforcés, ainsi que des réformes économiques.
Ledit rapport intitulé «Renforcer l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 et éliminer la pauvreté en période de crises multiples…», a examiné les progrès africains en matière de cinq objectifs de développement durable et leurs 32 cibles pour atteindre l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 de l’UA.
Ces cinq ODD sont l’élimination de la pauvreté (Objectif 1), l’élimination de la faim (ODD 2), la lutte contre les changements climatiques (13), la promotion des sociétés pacifiques et le renforcement des partenariats mondiaux (17). «Les économies avancées ont rebondi après la crise de la Covid-19, mais de nombreux pays africains sont confrontés à un endettement élevé, à une inflation à deux chiffres et à un accès limité au financement crucial pour le développement et le climat.
Les disparités en matière d’indice de développement humain se creusent entre les pays les mieux classés et ceux les moins bien classés ; ce qui met en évidence des défis importants à travers l’Afrique malgré certains progrès au cours des dernières décennies», estime Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la CEA.
Accélérer les progrès sur les ODD
Le rapport souligne la nécessité d’accélérer les progrès sur les ODD 1,2, et 17 et d’inverser la tendance négative concernant l’action climatique (13) et de renforcer les systèmes statistiques pour suivre les réalisations, en particulier s’agissant de la bonne gouvernance (ODD 16).
Le rapport alerte sur le fait que moins de 6% des 32 cibles mesurables des ODD sont en passe d’être atteintes d’ici 2030 en Afrique. Quant aux objectifs mesurables restants, 21 doivent être atteints dans la région et les tendances négatives pour 8 autres doivent être inversées. Le même document relève un manque criard de données empêchant de dresser un tableau complet des performances du continent.
Le rapport conjoint souligne par ailleurs, que l’aide publique au développement APD, destinée à l’Afrique a augmenté de 2% en 2023, alors que l’APD totale reste à seulement 0,37% du revenu national brut combiné des donateurs ; soit moins de 0,7% du seuil convenu par les Etats membres de l’ONU.
A peine six années nous séparent de l’échéance 2030, et la plupart des pays africains sont loin d’avoir les moyens et les ressources d’inverser la tendance en si peu de temps. «Les pays africains ont réalisé des progrès significatifs dans des domaines importants, mais nous manquons de temps», déplore Matthias Naab, directeur adjoint du PNUD pour l’Afrique en appelant au renforcement «des partenariats et la recherche de solutions innovantes pour mettre un terme à la décélération actuelle…».
En matière de climat par exemple, seuls 29,5 milliards de dollars ont été mobilisés sur les 2,8 billions de dollars nécessaires entre 2020 et 2030 afin de permettre aux pays du continent de mettre en œuvre leurs CDN dans le cadre de l’accord de Paris. «Le financement reste un défi pour l’Afrique.
Il lui faudra entre 118,2 et 145,5 mds de dollars par an pour mettre en œuvre les engagements du continent en matière d’action climatique», estime pour sa part Al Hamndou Dorsouma, responsable de la division changement climatique à la BAD.
Outre le financement, l’Afrique fait également face au défi de la lutte contre la corruption ainsi que les flux financiers illicites jugés très élevés avec 1300 mds de dollars de sorties et 1100 mds de dollars d’entrées en 2020. «Ceci entrave le financement de programmes clés et de coûter à l’Afrique environ 88,6 mds de dollars par an.»