Réalisateur Amar Laskri : Le réalisme révolutionnaire du 7e Art algérien

03/05/2023 mis à jour: 03:34
APS
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Avec une vision artistique raffinée et une conception réaliste du cinéma, Amar Laskri, faisant partie de la génération des premiers cinéastes algériens, aura très vite compris la nécessité de pérenniser la guerre de Libération nationale et son héritage, mais aussi l’histoire coloniale, dans des bobines 35mm. 

Militant du mouvement national depuis sa jeunesse, Amar Laskri avait participé à la grève des étudiants de 1956, à l’appel de l’Ugema (Union générale des étudiants musulmans algériens), avant de rejoindre un an plus tard les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) dans la Wilaya II historique puis dans la base de l’est de la ville tunisienne de Ghardimaou. Son militantisme politique et sa participation à lutte armée pour le recouvrement de l’indépendance, conjugués à sa passion pour le cinéma, ont orienté ce témoin de premier ordre vers un réalisme révolutionnaire qu’il va exploiter dans ses œuvres. 

Au lendemain du recouvrement de l’indépendance, Amar Laskri, natif de Annaba en 1942, va suivre des études de réalisation cinématographique à l’Académie du théâtre, du cinéma, de la radio et de la télévision de Belgrade (capitale de l’actuelle Serbie), d’où il sera diplômé en 1966 avant des études en sciences économiques et sciences politiques à l’université d’Alger.

En 1971, il va marquer le cinéma algérien avec une œuvre éternelle, Patrouille à l’Est, un film réaliste relatant une mission d’un groupe de moudjahidine et qui restitue la vie dans le maquis et les valeurs et qualités humaines des révolutionnaires. 

Cette œuvre a rassemblé des comédiens, comme Hassan Benzerari, Hadj Smaïl, Mohamed Esseghir, ou encore Noureddine Meziane, dans un film qui a marqué les esprits avec les cris d’alerte du regretté El Ayachi Hadjadji qui, perché dans les montagnes, prévenait de l’arrivée des blindés ou de l’aviation des forces coloniales. En 1988, il revient avec Les portes du silence, une autre œuvre réaliste et d’un profond humanisme, relatant la condition des Algériens sous le joug colonial, avec la participation du grand Hassan El Hassani. Le réalisateur a également signé à ses débuts des courts métrages comme L’enfer a dix ans (1968) et Le communiqué en 1969. 

Dans sa dernière œuvre, Fleur de lotus, Amar Laskri va aborder deux causes liées par la légitimité, l’humanisme et l’oppresseur, les causes algérienne et vietnamienne, à travers l’histoire d’une journaliste vietnamienne venue en reportage à Alger et pour y rencontrer son père algérien. Militant dans l’âme, Amar Laskri aura également été à la tête du syndicat national des cinéastes et techniciens du cinéma dans les années 1980 avant de diriger, 15 ans plus tard, le Centre algérien pour les arts et l’industrie cinématographique (Caaic). Son travail de mémoire va également le mener à devenir membre fondateur de la Fondation Moufdi Zakaria et de celle de «l’amitié algéro-vietnamienne». Disparu le 1er mai 2015, Amar Laskri avait souvent évoqué son dernier projet qui ne verra pas le jour, un film sur le parcours du militant anticolonialiste et psychiatre, Frantz Fanon. 

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