Une semaine après la reprise scolaire, la situation dans les écoles reste inquiétante : taux d’absentéisme élevé chez les élèves et les enseignants, manque de moyens humains et matériels pour l’application du protocole sanitaire. «Il fallait faire appel aux conseils pédagogiques qui ont la prérogative d’établir une feuille de route de reprise au cas par cas, loin de toute considération politique ou sociale», estime Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, contacté par El Watan.
Ouvertes officiellement sur décision du Premier ministre, les écoles peinent à retrouver leur stabilité post-4e vague de la Covid-19 et à reprendre leur rythme de travail habituel. Même en période de décrue, les contaminations demeurent présentes dans les établissements scolaires. Certains, entre enseignants et élèves, n’ont toujours pas repris. Dans plusieurs lycées, les élèves n’ont droit qu’à une heure de cours.
«Mon fils est en 1re année lettres au lycée Ibn Nass (1er Mai, Sidi M’hamed, ndlr). Affecté par le décès de son père, il a raté son passage l’année dernière. Avec l’organisation catastrophique cette année, j’ai trop peur pour lui. Je ne peux pas lui en vouloir, puisque ce n’est pas de sa faute.
Il sera le premier lésé, lorsque l’administration qui n’a pas su gérer la situation l’orientera vers la vie professionnelle parce qu’il a 16 ans», s’alarme Meriem. Son fils Yacine souffre également de l’absence de certaines matières, comme le français, pourtant matière essentielle avec coefficient 3. Cette situation est pratiquement signalée dans un lycée à Bab El Oued, où la classe de mathématiques n’a pas d’enseignant dans ce matière depuis le début de l’année scolaire.
Le manque d’enseignants et l’absence de certains pour cause de contamination à la Covid-19 chamboulent l’avancement du programme qui ne dépasse pas les 20%, nous explique-t-on. Au lycée d’El Hamadia à Béjaïa, le taux d’avancement dans les programmes est de 19% seulement.
La classe de terminale maths n’a eu droit qu’à 2 cours en histoire et autant en géographie. Une réalité confirmée par les syndicats qui tirent pour la énième fois la sonnette d’alarme. «Au collège, les professeurs de français ne sont qu’à la fin du 1er projet sur les 3 conçus pour l’année. Il en est de même pour l’anglais. Des enseignants contaminés, partis en congé de maladie de 14 jours, n’ont pas été remplacés et leurs élèves sont restés sans professeurs.
C’est inadmissible. Des plans de remplacement auraient dû être mis en place pour ne pas perdre des semaines précieuses dans le cursus scolaire des enfants», suggère Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef).
Absence d’évaluation des élèves
Même son de cloche chez le Cnapeste, qui insiste sur le manque de statistiques sur le nombre de cas de Covid-19 dans les écoles. «Selon les échos que nous avons eu du terrain, beaucoup d’enseignants n’ont pas rejoint leurs postes pour cause de maladie, mais le fait à relever est l’absence de statistiques sur les cas de Covid-19 en milieu scolaire. Autre chose : nous estimons que le timing de la reprise a été mal choisi, étant donné que rien n’a été préparé sur le terrain pour l’application du protocole sanitaire en matière de moyens humains et matériel.
De plus, il fallait faire appel aux conseils pédagogiques qui ont justement la prérogative d’établir une feuille de route de reprise au cas par cas, loin de toute considération politique ou sociale», déclare Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste).
De son côté, l’Organisation nationale des parents d’élèves revient, dans son dernier communiqué, sur la situation de scolarité des élèves, notamment le volet psychique dans l’absence de protocole sanitaire, mais aussi sur l’absence de documents administratifs attestant des notes du premier trimestre.
Dans ce sens, l’Organisation s’interroge sur l’absence d’une évaluation de ces notes, comme c’est de coutume depuis des années. «L’école n’est pas un centre d’examens, mais un lieu de savoir. Nous n’accordons pas d’importance au taux d’avancement des programmes, mais nous insistons sur le taux d’apprentissage de nos enfants dont le niveau ne cesse de dégringoler», s’offusque l’organisation dans son communiqué. Du côté du ministère de l’Education nationale, c’est le silence habituel.