Rafika, pour l’amour des chiens

17/03/2022 mis à jour: 03:34
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(Photo ; El Watan)

Elle est un peu magique, fusionnelle, ou même passionnante cette relation entre Rafika et les animaux et particulièrement les chiens. D’une simple amatrice, elle est convaincue aujourd’hui qu’elle est «professionnelle». Elle vit sa passion. Portrait.

 

Elle a aujourd’hui 52 ans. Son histoire avec les chiens a commencé lorsqu’elle a reçu, très jeune, un bichon comme cadeau d’anniversaire. Elle découvre alors le bonheur, le charme et la magie d’être accompagné par un animal. Peu à peu, ce lien devient plus fort, intense et fusionnel. 

A l’âge de 16 ans, elle réussissait à diagnostiquer certaines anomalies chez les chiens et les chats du quartier, à les nettoyer ou à conseiller les propriétaires. Nous l’avons rencontrée à Fayet Club à Alger où elle continue encore d’y travailler et d’exercer sa passion qui est devenue son métier à l’âge de 22 ans. 

Pas de diplôme adéquat, elle qui était une salariée dans le secteur de la santé. Elle a tout laissé tomber pour « ses amours », les chiens, « même ma féminité », dit-elle. «Ma priorité, ce sont ces animaux et leur bien-être. Je m’oublie mais je me sens bien et à l’aise en leur compagnie », témoigne t-elle. Veste presque toute déchiquetée sur les manches par des chiens agressifs, un pantalon aussi abîmé, un foulard qui tient à peine… Pas le temps d’être coquette. Le travail oblige mais aussi la passion. 

Une tenue de travail qui finalement gardée même en dehors des horaires de travail. Tout est assumé et fait par amour. On sent en elle cet engagement respecté et aussi une totale satisfaction. Elle veut encore donner. Aujourd’hui, elle offre ses services à domicile pour ceux qui le désirent. Elle veut conseiller, élever, nettoyer, aider, assister à domicile. Elle veut que sa passion soit exploitée. «J’ai encore de l’énergie à donner aux animaux… ». 

La devise de Rafika aujourd’hui : il n’y a pas de mauvais chiens, il y a un mauvais placement mais aussi un mauvais humain. Elle nous raconte d’ailleurs l’histoire du Berger allemand abandonné puis replacé chez une famille à Tlemcen. 

Un chien excessivement agressif, mais qu’elle a réussi à placer. « Sans déplacement, son nouveau propriétaire a suivi mes conseils pendant des heures et régulièrement au téléphone. », une réussite dit-elle. Une fierté. 

L’expérience en parle. Rien ne lui échappe…très sollicitée aussi pour le toilettage, dressage même et les soins antiparasitaires. Elle multiplie les casquettes. Elle est comme un manuel pratique des chiens et aussi des chats. Sa connaissance de ces animaux lui permet de deviner les vocations de chaque animal : pistage, protection, attaque ou encore gardien. Aider une chienne à mettre bas à distance, elle en a des histoires.
   

Disponible  

Elle veut que son travail touche une grande clientèle. Elle était d’ailleurs, à Fayet Club, responsable de l’élevage. Sans tenue adéquate, elle s’approche des chiens agressifs… mais jamais agressée. «J’analyse leur comportement, psychologie et leur défense. Un chien agressif, faut qu’il s’habitue pendant au moins deux mois à une seule voix pour pouvoir ensuite lui présenter les autres membres de la famille.», conseille-t-elle. Rafika ne se dit plus amatrice de chien : «Je suis professionnelle.» 
 

A ce stade, elle rend hommage à deux personnes, des «monuments » qui l’ont aidée et formée. Derradji et le défunt Nadjem, deux dresseurs. Elle les a bien côtoyés et suivis. Elle cite aussi, à chaque discussion sur la protection animale, Hayfa Rezagui, vétérinaire, militante de la cause animale qui dénonce sans cesse les pratiques brutales de la « Galoufa ». Comme chez Hayfa, chez Rafika, les animaux sont toujours les bienvenus, même si les moyens ne s’y apprêtent pas. Dans son petit appartement à Alger Ouest, on compte 27 chats dont quatre aveugles et sept autres handicapés ou amputés, adoptés. 
 

Ils sont sauvés de justesse de «Galoufa». Pour certaines, Rafika a dû payer pour les récupérer. Rafika, engagée aussi avec Hayfa dans la protection animale et qui fait partie de ces bénévoles et militants, veut aujourd’hui des actions fortes, musclées pour sauver les animaux. 
 

L’association de cette vétérinaire fait un travail extraordinaire, mais nous devons tous l’aider pour une meilleure protection. Pourquoi pas un centre spécialisé en protection animale, se demande-t-elle. Lorsqu’elle parle des animaux peu protégés chez nous, Rafika tient difficilement ses larmes. «A Fayet Club, je fessais dans le passé l’élevage dont des Rottweilers, des bergers allemands…je passais même des nuits ici. Maintenant, par manque d’espace et l’ouverture d’autres activités, nous ne faisons plus d’élevage, et nous nous contentons de travailler en coordination avec les éleveurs », explique-t-elle. 

Aujourd’hui, à Fayet Club qui comporte aussi une clinique vétérinaire, elle fait du gardiennage et travaille directement avec les vétérinaires et aussi le lavage et les soins antiparasitaires.  

 

Nassima Oulebsir
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