Quelle presse ?

08/02/2023 mis à jour: 00:50
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Les projets de loi relatifs à la presse écrite, aux sites électroniques et à l’audiovisuel sont actuellement soumis pour examen au niveau de la commission parlementaire de la Chambre basse. Cette dernière a fait appel à des professionnels pour mieux comprendre les problèmes auxquels est confrontée la presse d’une manière générale. Une louable initiative, surtout si nos confrères arrivent à faire toucher du doigt aux députés les véritables enjeux qui se posent aux médias nationaux et à définir l’environnement idéal dans lequel ils peuvent évoluer et prospérer, au grand bonheur de la société algérienne dans toute sa diversité politique et culturelle. Car que l’on ne s’y méprenne pas, les séquelles de la gestion catastrophique de l’ancien système maffieux sont toujours présentes et impactent lourdement les chaînes de télévision, les journaux et les principaux sites électroniques. Le président de la République, rappelons-le, a à deux reprises rejeté les moutures présentées par le gouvernement, qui ne répondaient pas aux attentes des médias et étaient loin d’apporter les solutions idoines pour relancer, sur des bases saines et claires, le secteur de la presse. Le premier souci du président Abdelmadjid Tebboune est de voir la presse nationale devenir professionnelle et respectueuse des règles éthiques et déontologiques. Il l’a déclaré plusieurs fois jusqu’à utiliser un ton menaçant, tant les «fake news» et l’invective ont pris le dessus sur l’information vérifiée. L’incompétence de certains responsables de médias, le manque de qualification et d’expérience de certains journalistes ont considérablement réduit la qualité de la presse nationale.

Mais le devenir de la presse est beaucoup plus tributaire de son environnement économique. Il y a d’abord cette grosse aberration de voir l’existence de nombreux titres «fantômes» qui bénéficient de la publicité publique sans qu’ils ne soient visibles sur les étals des buralistes. Avec des charges très faibles et un tirage de 3000 exemplaires par jour détruits presque en totalité à la sortie des rotatives, le ou les propriétaires de ces journaux (entre 160 et 180 titres) tirent un énorme profit chaque mois. Et cela dure depuis plusieurs années. Des tonnes de papier achetées en devises sont gâchées et les messages publicitaires n’atteignent aucun lecteur ni aucun organisme. Ils bénéficient d’indus avantages, ce qui est contraire à la loi, et il est grand temps que cette situation irrationnelle cesse à la faveur d’un nouveau cadre législatif qui encourage beaucoup plus l’investissement et consacre fortement la liberté de la presse telle que contenue dans la Constitution.

En outre, la presse dans son ensemble n’a plus bénéficié de soutien même indirect de l’Etat depuis le gouvernement de Mouloud Hamrouche à la fin des années 1980. Actuellement, toutes les entreprises de presse ont grandement besoin d’allégements fiscaux et parafiscaux, ainsi que d’une réelle attention de l’Etat dans le domaine de la formation et d’acquisition de matériels informatiques. La presse audiovisuelle connaît en ce moment des conditions économiques et financières déplorables et a besoin rapidement d’être secourue avant qu’elle ne disparaisse. Certaines chaînes de télévision privées ont montré des capacités extraordinaires pour capter l’attention d’un large public et sont devenues incontournables dans le paysage audiovisuel national. C’est là un acquis qui doit être valorisé et aidé même par des soutiens directs, comme dans la majorité des pays du monde. Reste à savoir quelle presse veut-on ? Une presse forte qui porte au loin le message de l’Algérie ou une presse qui végète dans l’amateurisme en ce troisième millénaire ? Plutôt une presse forte, non ?

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