Quel salaire parfait qui optimiserait le bonheur des Algériens ?

06/04/2022 mis à jour: 07:39
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Illustration : Saâd/El Watan (archives)

Pour aborder la question, il serait plus judicieux de rappeler, que plusieurs tentatives de réforme économique ont avorté.

Cette fois-ci, il y a urgence, l’Algérie est fermée sur elle-même, mal insérée dans l’économie mondiale dans un contexte énergétique incertain.

Oui, l’Algérie finance son budget au prix fort avec un niveau d’équilibre budgétaire par référence au prix du baril de pétrole entre 90 et 100 dollars.

Les dépenses ont représenté près de 50% annuellement du PIB et les déficits budgétaires ont évolué durant ces deux dernières décennies.

Entre 9 et 20% du PIB, alors que la norme est de 3% du PIB. Notre pays avait consacré 30 % en moyenne à l’investissement pour obtenir au final qu’entre 3% et 4% du PIB, alors que ce taux de croissance devrait se situer annuellement entre 7% et 10%.

En effet, cette forte croissance de la dépense publique paraît bien échappé à toute épreuve, dans la mesure où elle n’a pas permis à l’émergence de véritables entreprises technologiques, économiquement viables et financièrement équilibrées.

En conséquence, notre économie est demeurée encore fortement subventionnée et structurellement importatrice qui atteste la  vulnérabilité de notre économie à l’égard des besoins du marché et de la société en général et évoluer vers des stratégies de croissance interne et externe. Nous avions cru trop vite dans la manne des pétrodollars pour nous rapprocher des pays développés.

A cet effet, l’économie n’est qu’une stratégie d’entreprise et de marché et l’économie est la science de la rationalité des décisions, de régulation économique et d’une manière générale, l’ordre économique, commercial et financier.

De là, les dirigeants d’entreprises doivent exercer leur métier de manager ou d’entrepreneur plus attaché à l’esprit d’entreprise et, par conséquent, augmenter leur pouvoir d’action sur l’économie.

C’est là qu’il faut un nouveau contrat économique et social, effectivement les bases d’une bonne économie politique pour s’orienter vers la régulation économique, car l’Etat ne profite que peu de l’économie des entreprises, faute d’une véritable économie politique.

Oui, le « marché» doit être au service des intérêts stratégiques du pays à l’effet de préserver les intérêts du trésor public et permettre à l’Etat de dépenser l’argent public de façon judicieuse et de faire donc un bon usage des finances publiques au profit de la collectivité nationale. Sinon, une économie sans développement de l’entreprise est une économie nécessairement administrée, c’est-à-dire rentière.

En clair, si l’on fait carrière dans la politique, c’est bien dans l’économie que l’on se fait un nom et une réputation.

C’est très dommage, pour l’économie algérienne, parce que l’activité économique fonctionnera mieux que lorsque la croissance économique, augmente régulièrement hors la rente pétrolière et aussi par une politique des revenus qui consiste à améliorer les revenus des entreprises et à soutenir la demande, par exemple, crédit bancaire à la consommation, la revalorisation du SMlG. Voici un exemple pour illustrer ce point.

Un investisseur propose l’arrangement suivant aux actionnaires d’une entreprise : il s’engage à prendre en charge 25% des dépenses pour recevoir en échange 25% des revenus futurs, c’est-à-dire 25% du profit d’exploitation.

À la surprise des actionnaires, il refuse tout droit de vote et promet de ne jamais s’impliquer dans la gestion de l’affaire pourvu qu’on ne lui cache pas les revenus et qu’on ne gonfle pas les dépenses.

A cet égard, l’entreprise en tant que source de revenus, de création de richesses et d’emplois, il vaut mieux que l’Etat se préoccupe des conséquences de ses choix économiques et l’entreprise ne peut se désintéresser de ces choix et de leur évolution, car ils réagissent ensemble sur la conjoncture socio-économique du pays.

Dans cette perspective, l’Algérie, n’a pas besoin d’un code d’investissement, mais a besoin d’un droit privé réformé (code du commerce et code civil), pour les besoins de l’amélioration de la gouvernance des entreprises algériennes et l’amélioration du climat des affaires.

Aussi, en vue d’activer le rôle et la place stratégique de l’entreprise et l’investisseur dans l’économie nationale, particulièrement l’industrie pour faire renaître une transformation économique et sociale profonde qui certainement marquera le plus le renouveau et le visage économique de l’Algérie à l’international.

Sinon à quoi sert donc cette hausse des salaires et baisse des impôts, si elle ne vise pas à mettre de l’ordre dans un système économique non performant et loin des réalités de l’économie du marché dans un contexte mondialisé et globalisé.

Une question centrale à placer au cœur de la politique économique de la nouvelle Algérie pour une société aux valeurs du travail et du savoir.

Globalement, entre 2000 et 2012, les salaires ont augmenté de près de 30% et depuis 2014, date la chute drastique des prix du pétrole , les salaires et les pensions de retraite de la classe ouvrière et classe moyenne en général sont tirés vers le bas par un taux d’inflation en nette hausse chaque année où on note que le pouvoir d’achat a diminué de près de 60% et l’inflation dépasse aujourd’hui 9%, alors que la norme est de 3% .

Cela pourrait provoquer l’aggravation de l’endettement des ménages et du seuil de pauvreté et accélère les revendications sociales. Les raisons qui font que les salariés et retraités espèrent voir aujourd’hui leurs salaires augmenter.

A son tour, en cas de non productivité, cette augmentation des salaires aggrave l’inflation. Aujourd’hui, le rapport de la masse salaires rapporté au produit intérieur brut est inférieur à 30%, contre plus de 45% à la fin des années 1970 et dépassant les 65% pour les pays développés et émergents, ce ratio indique que les travailleurs reçoivent 65% des richesses créées par le secteur économique.

En outre, les salaires des travailleurs et fonctionnaires actifs qui doivent financer les pensions des retraités, mais en effet, les salaires et retraites, sont aujourd’hui, trop bas socialement et trop élevés économiquement pour les entreprises, voire même pour la puissance publique qui est l’Etat.

Selon les statistiques, la population active en Algérie est évaluée à 12 millions, dont près de 70% ont un revenu net inférieur à 30.000 DA par mois et consacrent 80% de leurs revenus à l’alimentation, soins médicaux et produits de l’électroménagers. En revanche, le travail temporaire dans nos entreprises est de 40% dans le secteur public et 84% dans le secteur privé.

On est ainsi passé de 5 cotisants pour 1 retraité dans les années 1970  2 cotisants en moyenne pour 1 retraité en 1990, alors qu’il faut 5 cotisants et plus pour assurer l’équilibre financier de la caisse de retraite. À titre d’exemple : les dépenses des retraites ne dépassent pas 6% du PIB en Algérie, en Tunisie, le taux est légèrement supérieur à 6% et en France c’est 20% du PIB.

Il y a un réel problème socio-économique de fond, sachant que les salaires qui n’évoluent ni par rapport à la production et la productivité, ni adaptés à l’inflation réelle, c’est-à-dire négociés par les subventions et indexée sur le coût de la vie et on l’a vu ces derniers mois.

Il faut préciser en effet qu’hormis le secteur de la fonction publique, la problématique des salaires est moins liée aux politiques économiques du gouvernement qu’au développement et à la croissance des entreprises.

Autrement dit, une augmentation des salaires sans développement de l’entreprise est impossible sauf dans un système où l’économie est de type administré.

De ce fait, administrer les salaires ou encore les prix est d’une efficacité limitée, la maîtrise de l’inflation et l’amélioration du pouvoir d’achat se mesurant par la contribution à la valeur ajoutée et les performances économiques de nos entreprises. Sinon, la révision de la grille des salaires à la hausse entraînera la hausse des coûts d’exploitation de ces entreprises et, par conséquent, l’aggravation de l’inflation.

En revanche, si la hausse des prix ne s’accompagne pas d’une revalorisation des salaires, elle détériorerait davantage le pouvoir d’achat des consommateurs et il en résulterait un problème d’écoulement des stocks de production.

Dans ce contexte, la plupart de nos entreprises ne présentent pas de performances économiques et financières satisfaisantes et sont très loin des fondamentaux de l’économie du marché.

Cela s’est traduit par une hausse des inégalités de revenu et une faible incidence sur la hausse du chômage, c’est la grande fracture du marché du travail qui est en train de perdre son milieu professionnel, c’est-à-dire les valeurs du travail et les compétences qui ne payent plus avec une économie fortement subventionnée, alors que la bonne inflation par la réalité des prix du marché pourrait être un appui efficace pour opérer une redistribution des créanciers vers les débiteurs, et du capital vers le travail.

Or, encore ce n’est pas le cas pour notre pays  de ce rééquilibrage, dont a le plus besoin aujourd’hui, notre pays pour soutenir le développement d’entreprises fortement innovantes et technologiques, œuvrant pour la croissance potentielle pour sortir de la crise économique et financière.

Cela permet aussi de soutenir l’émergence et le développement accélérés d’entreprises ayant le potentiel industriel et managérial pour devenir des leaders d’envergure mondiale dans leur domaine. Sinon, «la révision des salaires à la hausse sans l’augmentation de production et de productivité surtout, accélère l’inflation qui a pour nom  cancer de l’économie ».

Il est urgent de trouver des solutions durables pour l’avenir économique du pays, dont notre économie est vulnérable qui résulte d’une crise socio-économique d’ordre structurel.

Les salaires pourraient être mis en péril par différents facteurs, car nous sommes face à un risque inflationniste continu qui pourrait faire de cette hausse des prix une tendance beaucoup plus réelle, notamment liés aux prix du marché qui mettrait encore en danger les prix à la consommation et le bien être des familles algériennes à faibles revenus.

En effet, la révision des grilles des salaires à la hausse, la revalorisation des pensions de retraite et la révision à la baisse du barème des salaires s’avèrent d’une efficacité limitée avec un effet négatif sur les moyens salaires , sont déjà d’une brûlante actualité, marquée par une conjoncture socio-économique inquiétante, dont la classe moyenne et la classe ouvrière sont confrontées aux dures réalités de la cherté de la vie où les prix ont augmenté du simple au double.

La volonté politique d’encadrer ou d’administrer les prix s’avère d’une efficacité limitée, sinon il faudrait des milliers de contrôleurs qui ne changeraient d’ailleurs pas la problématique dans la mesure où le contrôle des prix reposant sur le commerçant détaillant qui ne fait souvent que répercuter les surcoûts sur le consommateur.

La mesure de la révision à la baisse du barème IRG pour les salaires, les retraités  sont soumis dans les mêmes conditions en tant que salariés après avoir payé cet impôt pendant toute leur vie professionnelle.

A titre d’exemple : une personne ayant eu sa retraite en 1996 et une autre en 2020, ayant assumé la même fonction dans la même entreprise, n’ont pas la même pension de retraite, puisque cette dernière est calculée sur la base du salaire touché par chacun.

Nous estimons que ce recul du pouvoir d’achat de la classe moyenne et des retraités est le prix à payer dans une société qui ne produit presque rien et vit de la rente pétro-gazière.

Avec un Smig à 20. 000 DA, un père de famille avec trois enfants ne peut faire face aujourd’hui à la cherté de la vie.

Alors, que des footballeurs des ligues de football professionnel 1 et 2 qui sont payés à coups de centaines de millions, dont environ 80% de leur financement provient de l’Etat payent moins de cotisations sociales et fiscales.

En effet l’assiette de cotisation des joueurs des clubs professionnels en Algérie est fixée à 15 fois l’ancien SNMG (18 000 DA), soit 27 millions de centimes/mois (270 000 DA).

L’équité fiscale et sociale impose que chacun paye sa juste part, quand on sait que des travailleurs et retraités après une carrière professionnelle de 32 ans , voire 40 ans et plus  continuent à ce jour de déclarer leurs pensions de retraites et leurs salaires  réels.

Alors qu’il est très important de parvenir à créer une confiance bâtie sur l’équité sociale et fiscale entre l’administration et le contribuable parce que la sécurité sociale et l’impôt profitent normalement aux retraités et aux travailleurs qui sont la force productive et par conséquent les créateurs de richesses et les forces vives de la nation. Aussi, les premiers contributeurs au budget de l’Etat. 

M’Hamed  Abaci

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