La pénurie d’eau constitue un problème majeur en Algérie. Le pays endure, ces dernières années, un sévère stress hydrique imputable à un sérieux manque de précipitations. Les climatologues ne cessent d’alerter que le nord de l’Algérie, au même titre que le littoral méditerranéen, est fragilisé par le réchauffement, qui entraînera des périodes de sécheresse plus longues et des épisodes climatiques extrêmes.
Alors que les besoins augmentent de manière spectaculaire, les volumes d’eau disponibles, eux, se raréfient. Les 80 barrages répartis sur tout le territoire national sont à un niveau d’eau inquiétant. Au moment où le gaspillage, la pénurie et la pollution sont les maux qui affectent le secteur de l’eau, ce phénomène va s'amplifier du fait d’une urbanisation galopante.
Cette situation est difficilement tenable sur le long terme. L’Algérie doit se doter, en urgence, d’une stratégie d’économie d’eau qui devra prioriser les mesures à prendre pour juguler le stress hydrique. La question cruciale de l’eau est d’abord une affaire de bonne gouvernance pour mettre en cohérence les politiques publiques dans les domaines de l’eau, de l’environnement, de l’énergie, de l’agriculture, de l’économie et de l’aménagement du territoire. La gouvernance homogène appelle aussi une bonne articulation des politiques nationales aux initiatives locales. Outre la construction de barrages, les transferts d’eau et la réalisation de nouvelles usines de dessalement d’eau de mer, il est urgent d’appliquer la notion d’économie de l’eau. Cela suppose d’abord une tarification équitable conçue pour allouer l’eau là où elle est le plus utile et pour inciter les utilisateurs d’eau à en faire le meilleur usage.
L'économie de l'eau doit surtout cibler le secteur agricole qui pompe d’énormes quantités d’eau. Le secteur est appelé à adopter des systèmes d’irrigation plus économes en eau, à l’image du goutte-à-goutte qui permet d'économiser environ 50% d'eau par rapport au système traditionnel d'irrigation. Un soutien financier public est nécessaire pour aider les agriculteurs à acquérir des équipements pour économiser l' eau qui sont coûteux. En matière de gaspillage, les experts évoquent aussi l’importance d’un solide réseau de canalisations : dans les grandes agglomérations, la qualité des infrastructures est souvent très mauvaise. Près de la moitié de l’eau distribuée est perdue. L’autre défi consiste en la lutte contre la pollution de l’eau, qui est une cause majeure de la pénurie. Le manque cruel de capacités de traitement des eaux résiduaires apporte une seconde explication à cette situation de crise. Environ un tiers des rejets industriels et deux tiers des rejets domestiques sont déchargés sans aucun traitement primaire.
Nos villes doivent apprendre à recycler l’eau sale et l’utiliser dans l’industrie. La nécessité est aussi de retenir l’eau sur les territoires en ralentissant les écoulements et en emmagasinat la ressource dans les milieux naturels par le biais de la recharge des aquifères, qui consiste à stocker, provisoirement, de l’eau en excès de provenances diverses pour une utilisation différée. L’idée est d’utiliser la capacité dépolluante du sol pour une épuration naturelle de l’eau. Les spécialistes concluent avec un levier beaucoup moins onéreux : la sensibilisation des citoyens. La question cruciale de l’eau a besoin de déclencher une prise de conscience collective. L’inaction a un coût très lourd.