L’environnement commercial mondial devient de plus en plus incertain pour les entreprises, en raison de la montée du protectionnisme, de l’augmentation des différends commerciaux et des tarifs douaniers et des barrières commerciales.
Et l’arrivée de Donald Trump aux affaires aux Etats-Unis ne fait qu’accentuer la tendance. En effet, le fraîchement élu président américain a indiqué, vendredi, l’instauration de tarifs douaniers de 25% sur les produits canadiens et mexicains, et de 10% contre les produits chinois, et ce, depuis samedi.
Comme il a également annoncé qu'il imposerait des droits de douane sur les produits européens à l'avenir. «Ces pays ne peuvent rien faire pour empêcher que des droits de douane soient imposés à leurs produits à compter de samedi», a assuré Donald Trump. Il ne compte pas non plus faire d'exception sur des produits tels que les semi-conducteurs, le gaz et le pétrole ou encore l'acier, a-t-il ajouté, précisant que certains droits de douane pourraient entrer en vigueur dès le 18 février.
Auparavant, des institutions internationales spécialisées ont précédemment alerté sur la montée du protectionnisme et l’augmentation des différends commerciaux ayant entraîné une augmentation significative des tarifs douaniers et des barrières commerciales dans le monde entier. Cela devient encore plus évident alors que de nombreux pays s’efforcent de sécuriser les ressources naturelles essentielles pour alimenter les innovations technologiques et les transitions énergétiques.
Dans un récent rapport de Global Trade Alert, qui suit les changements de politiques affectant le commerce et l’investissement mondiaux, il est clairement spécifié que le paysage commercial mondial pourrait être remodelé par plusieurs enjeux urgents en 2025 et à long terme : les risques de fragmentation économique mondiale, l’impact du protectionnisme sur les chaînes d’approvisionnement physiques et numériques, et les implications de ces deux facteurs pour la résilience aux cyber-risques.
Et de souligner que le nombre de nouvelles interventions politiques nuisibles est passé de 600 en 2017 à plus de 3000 par an en 2022, 2023 et 2024, respectivement. Des niveaux similaires pourraient être atteints en 2025, avec des impacts significatifs sur la croissance mondiale. Ces tendances interventionnistes ont déjà créé un environnement commercial plus complexe et incertain, où les entreprises sont contraintes de s’adapter rapidement à l’évolution de la dynamique du marché.
Des chaînes d’approvisionnement déjà fragiles et tendues
En effet, la confrontation géo-économique – qui comprend les sanctions, les tarifs douaniers et le filtrage des investissements – se classe au troisième rang des risques actuels et au neuvième sur un horizon de deux ans dans le dernier rapport sur les risques mondiaux du Forum économique mondial.
Le rapport est basé sur l’enquête sur la perception des risques mondiaux, un sondage mené auprès de plus de 900 experts du monde universitaire, des entreprises, des gouvernements, des organisations internationales et de la société civile sur l’évolution du paysage mondial des risques.
Selon le Forum économique mondial, il suffit de penser à la façon dont les pénuries d’eau de l’année dernière dans le canal de Panama, les graves inondations dans de nombreux pays, les conflits régionaux au Moyen-Orient et en Europe, et les multiples collisions portuaires qui ont mis à l’épreuve les chaînes d’approvisionnement mondiales jusqu’au point de rupture.
En 2025 et au-delà, de nouveaux tarifs et restrictions commerciaux pourraient perturber davantage les chaînes d’approvisionnement et augmenter les coûts, les retards et les contrats perdus, a-t-on prévenu. Les entreprises qui s’appuient sur des systèmes d’inventaire juste-à-temps peuvent être confrontées à des retards importants dans la réception des composants critiques des fournisseurs.
Par conséquent, elles peuvent devoir faire face à des prix plus élevés qui font grimper le coût de leurs produits finis. De même que l’incertitude qui entoure actuellement les politiques commerciales pourrait également conduire à une stratégie attentiste chez les entreprises, ce qui freinerait l’innovation et l’investissement.
Les entreprises doivent également être vigilantes pour protéger leurs actifs numériques, leurs informations sensibles et leurs opérations dans cet environnement économique fragmenté, d’autant plus que les cyber-menaces provenant d’un éventail d’acteurs malveillants s’intensifient par le biais de méthodes d’attaques existantes et nouvelles. Dans le même temps, les entreprises doivent être prêtes à réagir à des cyber-événements involontaires, tels que des pannes informatiques mondiales.
Et ne se contentant pas du constat, le Forum recommande cinq actions pour les entreprises qui souhaitent relever ces défis complexes. Il s’agit d’améliorer la visibilité de la chaîne d’approvisionnement, diversifier les sources d’approvisionnement, investir dans la cybersécurité et les stratégies globales de cyber-risque, s’engager dans la planification de scénarios et enfin plaider en faveur de la relance des accords commerciaux multilatéraux, régionaux et bilatéraux.