Une présence renforcée des associations permettrait non seulement de mieux surveiller les pratiques commerciales, mais aussi de sensibiliser davantage le public aux droits des consommateurs et aux moyens de les défendre.
Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a annoncé samedi dernier que son département ministériel œuvrait à organiser l’activité des associations de protection du consommateur, à travers la révision de la loi 09-03 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes dans le but d’améliorer la qualité des services fournis au citoyen.
À la lumière des mutations récentes, cette loi doit prendre en compte d’autres facteurs tels que l’évolution du commerce électronique, l’apparition de nouveaux produits et services et les campagnes d’information. Organiser l’activité des associations de protection du consommateur est devenu aux yeux du ministre une nécessité absolue d’autant plus que les consommateurs sont souvent confrontés à des pratiques commerciales déloyales, à des produits de qualité inférieure ou à des services insuffisants.
Les associations de protection du consommateur peuvent jouer ainsi un rôle plus prépondérant en défendant les droits des consommateurs, en sensibilisant le public et en plaidant pour des régulations plus strictes. Pour être efficaces, les associations doivent être bien structurées et coordonnées.
Une organisation solide permet de mieux répondre aux plaintes des consommateurs, de mener des enquêtes approfondies, de fournir des conseils juridiques et de représenter les intérêts des consommateurs auprès des autorités et des entreprises.
De plus, une collaboration renforcée entre les différentes associations permet de partager des ressources, des informations et des stratégies, augmentant ainsi leur impact collectif et évitant d’évoluer dans une bulle isolée. Il est crucial de maintenir une connexion étroite avec les réalités du terrain.
Le ministre du Commerce est intervenu en marge des travaux du forum national des associations de protection du consommateur, organisé par l’Observatoire national de la société civile (ONSC), en partenariat avec le ministère, en présence du conseiller auprès du président de la République, chargé du commerce, de l’approvisionnement, du contrôle et de l’import-export, Kamel Rezig, du directeur général des Douanes, le général major Abdelhafid Bakhouche, des présidents des associations nationales et locales de protection du consommateur et de représentants des organisations professionnelles.
Il a indiqué que «nous envisageons de veiller à leur organisation et encadrement, en leur traçant des objectifs clairs, afin que chaque association intervienne dans un domaine bien précis».
Pour lui, une association doit se spécialiser davantage et éviter de disperser ses efforts. Ainsi, plutôt que de couvrir un large éventail de questions, une approche spécialisée permettrait aux associations de devenir des références dans un domaine précis, renforçant ainsi leur crédibilité et leur autorité auprès du public et des partenaires.
Charte de déontologie
En effet, la protection du consommateur englobe plusieurs domaines, entre autres «les produits alimentaires, les activités sportives et culturelles et la santé», exigeant une «spécialisation dans l’organisation des associations de protection du consommateur», une association ne peut pas couvrir à elle seule toutes les opérations de consommation.
Le ministre s’est dit favorable à l’idée de l’ONSC relative à l’organisation de sessions nationales consacrées à l’organisation de l’activité des associations de protection du consommateur. Zitouni suggère d’aller vers un travail créatif favorable à l'élaboration de la charte de déontologie des associations de protection du consommateur.
Il dira dans ce contexte que «la protection de la dignité du consommateur est essentiellement fondée sur la confiance entre producteurs et consommateurs, en plus de la coopération et de la coordination entre les parties concernées, loin de toute surenchère, exploitation ou chantage, afin de ne pas dévier du processus de défense des droits du consommateur régi par des cadres juridique et législatif prévoyant des dispositifs efficaces pour une réelle protection du consommateur, répondant aux développements et aux mutations de l’économie mondiale».
Il a affirmé que le ministère du Commerce prenait en compte les propositions des associations du consommateur en vue de mieux servir l’intérêt général. Selon Zitouni, le nombre actuel des associations de défense des consommateurs est «insuffisant», mettant en exergue le fait que «le marché national enregistrait plusieurs réformes visant à réguler, organiser et restructurer les activités commerciales, conformément aux normes adoptées dans la création et la gestion des marchés et des espaces commerciaux, notamment liées à la sécurité du consommateur».
Une présence renforcée des associations permettrait non seulement de mieux surveiller les pratiques commerciales, mais aussi de sensibiliser davantage le public aux droits des consommateurs et aux moyens de les défendre. Hacène Menouar, président de l’association El Aman pour la protection des consommateurs, qui a assisté à cette rencontre, partage largement l’idée de la spécialisation des associations.
«Il y a beaucoup de bonnes intentions et d’impulsivité. Il faut que ces associations soient connues et que les pouvoirs publics renforcent leurs capacités», dira-t-il. Il met en exergue «les risques de vulnérabilité des populations qui sont augmentés sans cesse par les changements climatiques, la démographie, la raréfaction de l’eau, la surexploitation des ressources naturelles et les maux et fléaux sociaux».
Pour lui, «les associations des consommateurs devraient être plus présentes, plus professionnelles, fortes et efficaces à travers l’organisation des Assises nationales qui regrouperaient l’ensemble des acteurs qui interviennent dans le domaine de la protection des consommateurs, l’installation du Conseil national de la protection des consommateurs et le renforcement du mouvement national de protection des consommateurs à travers le caractère d’utilité publique».