Projet de réhabilitation de la «supposée» maison du Cheikh Benbadis à Constantine : La grande supercherie

15/07/2023 mis à jour: 03:06
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Voici la véritable maison où est né Benbadis, au n°15, rue Abdellah Bey (Photo : El Watan)

On n’en finit jamais avec les scandales des projets de réhabilitation lancés dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», dont les séquelles se révèlent désastreuses. 

Cette fois-ci, il s’agit d’une grande supercherie et une déformation de l’histoire qu’on a voulu vainement camoufler depuis des années. Mais la vérité finira, tôt ou tard, par éclater. Il est question du projet de réhabilitation de la maison natale de Cheikh Abdelhamid Benbadis. Cette dernière située au n°34 de la rue Abdellah Bey, dans la vieille ville de Constantine, s’est révélée être une autre demeure, appartenant à un des héritiers de la grande famille Benbadis, achetée par un privé, selon une source bien au fait du dossier. 

Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est pas celle qui a vu la naissance en 1889 de la figure emblématique du mouvement réformiste musulman en Algérie. 

Dans l’acte de naissance, dont El Watan détient une copie, il est mentionné qu’Abdelhamid Benbadis est né dans la maison n°15 de la rue Abdellah Bey (connue par Zanqat El Mesk). Le seul document qui fait foi de son lieu de naissance. 

Il s’agit donc d’une déformation historique inadmissible, éclaboussant encore une fois l’image et le vécu d’une référence spirituelle de la taille de Benbadis. Car, il faut rappeler que ce mépris n’est pas le premier du genre. Une statue humiliante et renfermant plusieurs imperfections avait été réalisée en 2015 portant atteinte à l’image symbolique de l’Imam. La famille s’était interposée pour mettre terme à cette mascarade et faire déboulonner l’œuvre. C’est la raison pour laquelle on s’interroge sur l’efficacité des compétences sollicitées pour mettre en valeur tout ce qui est lié à Benbadis. 

De nombreuses questions se posent. Sur quelle base cette maison a-t-elle été programmée pour être réhabilitée ? A-t-on consulté sa famille, dont son frère Abdelhak ? Selon notre source, la direction de la culture ne possède qu’un acte d’achat de ladite maison au nom d’El Mekki Benbadis, le grand-père d’Abdelhamid. L’habitation a été offerte aux autorités par le fils d’un acheteur de cette maison appartenant à l’un des héritiers Benbadis, mais pas au père d’Abdelhamid. L’actuel propriétaire leur a révélé qu’il s’agit de la maison natale du savant algérien. Une information qui nous a été confirmée par la sénatrice Fouzia Benbadis, nièce d’Abdelhamid Benbadis et fille de son frère cadet Abdelhak.

«Dans l’acte de naissance, il est mentionné qu’il est né dans la rue Abdellah Bey, Zanqat El Mesk n°15, où il a vécu jusqu’à l’âge de 10 ans, avant que son père déménage à La Casbah. Cette maison située dans l’impasse El Mekki Benbadis se veut le véritable théâtre du vécu de mon oncle, et d’où on a fait sortir sa dépouille mortelle pour l’enterrement lors de son décès», a déclaré Mme Fouzia à El Watan. 

Et de révéler : «J’ai soulevé la problématique en 2015, quand on a fait le choix de la maison pour la restauration. A ce moment, j’étais interpellée et j’avais consulté mon père, de surcroît son jeune frère, mais qui était aussi son étudiant. Il m’avait confirmé qu’ils se sont trompés de maison, qui n’a rien à voir avec Abdelhamid.» 

Notre interlocutrice affirme que toutes les autorités à l’époque ont été saisies pour mettre un terme à ce mensonge historique. Mais en vain. «J’avais même remis une lettre (dont El Watan détient une copie) à l’ex-wali Ahmed Abdelhafid Saci, écrite en 2020 par mon père avant son décès, il y a 4 mois en 2023. 

Par la suite, j’étais effarée de regarder une vidéo réalisée par une journaliste, montrant la maison mise en cause en tant que la demeure de Abdelhamid Benbadis. On parle de sa chambre et de son bureau. 

Cela, avec des déclarations du même wali», regrette Fouzia Benbadis. Pourquoi a-t-on refusé de rectifier l’erreur durant 8 ans ? La même lettre accompagnée de l’acte de naissance et une photo de la véritable maison natale de Abdelhamid Benbadis (dont El Watan détient une copie) ont été envoyées à la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, et le wali de Constantine Abdelkhalek Sayouda. Sachant que l’étude de réhabilitation est à sa deuxième phase. Allons-nous annuler le projet ?

 «Après la réclamation de Mme Fouzia Benbadis, nous avons envoyé une lettre à la direction des Domaines et au cadastre. Une enquête est en cours au niveau des Domaines. C’est tout ce que je peux vous dire», a répondu Lamine Gueroui, directeur de la culture. Mais, il est nécessaire de noter que la restauration de la maison natale n’aura pas une valeur historique et culturelle, vu que Cheikh Abdelhamid Benbadis avait vécu à la maison paternelle située dans le quartier de la Casbah. Cette dernière avait subi une importante dégradation, mais elle n’a jamais fait l’objet d’une réhabilitation. 

Pourtant, la famille Benbadis avait saisi à ce sujet l’ex-wali Abdessamie Saïdoun, l’ancien P/APC et l’ex-ministre de la Culture. Elle était contrainte de réparer le gros des dégâts par ses propres moyens, pour sauvegarder les objets et le lieu où Abdelhamid Benbadis a réellement vécu. «Nous ne demandons rien. Mais on refuse cette imposture, on n’a pas le droit de mentir à l’histoire. Je tiens aussi à souligner que le Cheikh Abdelhamid Benbadis n’a jamais été propriétaire, il a habité un peu partout. Donc il faut arrêter de dire la maison de Abdelhamid Benbadis», a martelé Fouzia Benbadis. 

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