Cela est nécessaire mais imparfait estime un oleifacteur du Témouchentois que nous avons approché. «C’est à l’amont qu’il y a lieu d’agir et pour d’autres raisons que la seule ambition d’exporter» affirme Chiali Nedjmeddine, un professionnel qu’on ne peut suspecter de médisance à l’endroit de ses confrères labellisés puisque lui aussi a vu son huile distinguée à l’étranger.
L’affaire est urgente, note-t-il, parce que la période de la cueillette, qui est précoce à l’Ouest par rapport au reste du pays, s’ouvre octobre prochain. A cet égard, selon une habitude prise, des locaux vont s’ouvrir, tant en agglomérations qu’en bord de route comme à hauteur d’El Amria et de Boutlelis, le long de la RN2, à l’initiative de collecteurs informels qui n’hésitent pas à signaler leur présence avec des cageots de collecte placés devant leur porte. Ces dépôts sont ainsi les réceptacles de tous les vols effectués par les chapardeurs d’olives.
Or, ces derniers ne commettent pas que cela puisque ce faisant, dans la précipitation et le manque de savoir-faire, ils abîment gravement les oliviers en les blessant par l’arrachage des branches. Mais encore, ils ramassent des olives qui ne sont pas encore arrivées à maturité, ce qui explique pourquoi, elles n’ont pas encore été cueillies par les propriétaires : «La question qui se pose est de savoir ce qu’on va tirer d’une récolte non arrivée à maturité car c’est du bois qui est cueilli.
Au point de vue du rendement, cela ne donne presque rien. Néanmoins les trafiquants connaissent la parade et en usent d’autant qu’à ma connaissance il n’existe pas de contrôle de la qualité en la matière.
Ainsi, le peu de jus obtenu est additionné à de la vulgaire huile alimentaire achetée à bas prix dans le commerce, Diluée, la trop forte ardence du premier liquide va donner au mélange un gout d’huile d’olive et une couleur approchant. Sauf que, outre la tromperie, cette huile frelatée pose un problème de santé publique.» Quelle est la parade ? «Tout simplement le contrôle.
De la sorte, le transport de l’olive, comme pour les céréales maintenant, doit être conditionné par la présentation de documents justificatifs» Notre interlocuteur pointe du doigt les achats d’oléifacteurs du Centre et de l’Est du pays où la cueillette ne s’effectuera qu’à partir de décembre/janvier : «C’est légitime parce qu’ils sont soucieux de rentabiliser leurs équipements de trituration.
Le problème, c’est que certains sont peu scrupuleux. Cela est évident lorsque l’on voit les margines dégoulinant des camions ou des sacs qu’ils transportent. C’est l’indice patent que l’olive collectée et stockée a très largement dépassé le délai de stockage pour une qualité optimale de l’huile.
Ces camions vont en outre faire des centaines de kilomètres par une chaleur élevée. A mon sens, le contrôle s’impose la aussi. Et il est à soutenir par un programme national pour le début des cueillettes dans chaque région et sous-région comme pour les céréales».
Et la question des distinctions ? «Il se trouve que les huiles qui obtiennent des prix appartiennent à des investisseurs qui ont planté de grandes superficies dans les régions des Hauts Plateaux ou du Sahara (Djelfa, Aïn Oussera, El Oued, etc.) C’est très bien, sauf que l’huile distinguée, même transformée sur son lieu de production, elle porte l’adresse du siège de l’entreprise dans une ville des grandes wilayas du Nord du pays.
Cela est injuste parce que cela conforte la réputation de certains terroirs au détriment d’autres et que d’autre part la traçabilité des produits est brouillée».