Production de médicaments : Un lourd déficit en Afrique

22/05/2022 mis à jour: 05:04
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Développer une industrie pharmaceutique locale en Afrique semble l’option pour l’avenir du continent, dont les besoins de santé publique sont importants. 

La pandémie de Covid-19, qui sévit depuis deux ans, a aujourd’hui mis en avant une nécessité urgente de développer une production pharmaceutique au niveau local et cesser d’être dépendant des grandes puissances. 

Une analyse de l’état des lieux de cette industrie au niveau de l’Afrique, présentée par le Dr Abdelouahed Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), met bien en évidence les disparités en termes d’accès aux médicaments dans les différents pays africains. 

Il a d’emblée souligné que le déficit de la balance des échanges pharmaceutiques en importation et exportation reste fortement déséquilibré en Afrique, qui a encore «beaucoup de progrès devant elle pour mieux s’intégrer dans l’économie mondiale», a-t-il souligné. Et de préciser que ce déficit est de 100 milliards de dollars. 

Le Dr Abdelouahed Kerrar signale que le continent dispose d’un énorme potentiel de marché, mais sous-pénétré avec des disparités importantes entre les pays. «L’Afrique a des ventes pharmaceutiques par habitant six fois inférieures à la moyenne mondiale. 

Les plus grands marchés locaux (par exemple, l’Algérie, la Libye, l’Afrique du Sud, la Tunisie) ont des ventes pharmaceutiques par habitant comparables à celles de certains pays grâce à des systèmes d’assurance maladie établis», a indiqué le Dr Kerrar. Et de relever que «d’autres pays, comme l’Éthiopie, le Ghana et le Nigeria, ont des ventes pharmaceutiques par habitant au moins dix fois inférieures à la moyenne mondiale». 

Le médicament générique, a précisé le président de l’unop, joue un rôle central dans la disponibilité des médicaments et, paradoxalement, il ne représente que 39% du marché au vu du poids des multinationales. «La croissance du marché pharmaceutique africain est tirée par les génériques, mais reste sous-pénétrée par rapport à des marchés similaires axés sur les génériques (par exemple, l’Inde, la Chine)», a-t-il souligné. 

Et de signaler que le marché est concentré autour de dix premiers pays représentant environ 75% de la taille totale du marché. «L’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigeria et le Maroc représentent environ 60% des ventes», a-t-il indiqué. 

Le Dr Kerrar relève que «seuls quatre pays comptent plus de 50 fabricants, alors que 22 pays n’ont pas de production locale». Il a ainsi donné un aperçu sur l’industrie pharmaceutique algérienne, qu’il a qualifiée de jeune, tout en revenant sur les mesures incitatives pour l’encouragement de la production locale. 

L’objectif de ce Salon est justement de rencontrer les partenaires et aider au transfert de technologies dans ces pays pour une production de qualité. A noter que le Sénégal dispose de cinq unités de production qui couvrent 10% de ses besoins, alors que la majorité des besoins fait l’objet d’importation de l’étranger, notamment de l’Inde, Chine, Pakistan et Union européenne. 

Les parts des marchés des pays de l’Afrique sont minimes. La facture à l’importation était de 24 milliards de francs CFA en 2021. L’objectif du Sénégal fixé par le gouvernement, selon le président de l’Association des industriels pharmaceutiques, le Dr Abdou Aziz Cisse, est d’atteindre un taux de couverture de ses besoins de 25% à l’horizon 2035 et de 50% en 2050. 

A noter que le système d’approvisionnement en médicaments est assuré par la Pharmacie nationale des approvisionnements (PNA), une centrale d’achat, et ses unités opérationnelles sont appelées Pharmacies régionales d’approvisionnement (PRA). 

Lesquelles structures alimentent les établissements hospitaliers. Quant au privé, seulement cinq grossistes répartiteurs assurent la distribution aux pharmacies privées. 

De notre envoyée spéciale à Dakar (Sénégal)  Djamila Kourta

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