Procès intenté par l’ancienne ministre Labidi contre Louisa Hanoune : Le verdict sera connu le 11 mai

07/05/2023 mis à jour: 00:03
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Photo : D. R.

Après quatre renvois, le procès de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) s’est ouvert jeudi dernier devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. L’affaire, qui remonte à 2015, concerne une plainte déposée contre Mme Hanoune, alors députée, par l’ancienne ministre de la Culture, Nadia Labidi, pour «diffamation» à la suite de ses déclarations sur «des marchés que la ministre a accordés à la société dont elle était actionnaire et d’autres faits liés à sa gestion».

D’emblée, Louisa Hanoune explique que ses activités en dehors de l’Assemblée nationale ont un lien direct avec celles liées au travail parlementaire. «C’est dans ce cadre que j’ai dénoncé le fait que Mme la ministre était actionnaire avec des membres de sa famille dans une société dont les activités relèvent de son département. Ce qui constitue un délit de conflit d’intérêt, puni par la loi. Il est vrai qu’elle s’est désistée de ses parts, mais la société activait. En 2015, j’ai dénoncé de nombreux ministres qui avaient des affaires et qui aujourd’hui sont en prison», a affirmé Mme Hanoune. Sous le regard figé de la jeune juge, Mme Hanoune a affirmé avoir dénoncé des faits : «Je n’ai pas attenté à la personne mais à la gestion de la ministre.»

La juge l’a interrogé sur ses déclarations à la presse sur la plaignante… Mme Hanoune  a répondu en soulignant qu’elle avait parlé de la gestion de la ministre. «En réponse, elle m’a envoyé, un samedi, deux hommes en civil porteurs d’une lettre qui voulaient entrer de force à la maison, mais j’ai refusé de leur ouvrir la porte. Ils sont allés au siège du parti. Ils sont entrés de force pour me remettre la lettre dans laquelle elle me menace, c’est du jamais-vu. Aucun ministre n’a osé le faire. Elle voulait m’obliger à revenir sur mes déclarations. J’aurais pu déposer plainte contre elle…» a déclaré Mme Hanoune, estimant qu’«à travers cette affaire, on voulait empêcher les députés d’interpeller les membres de l’Exécutif».

La juge a ensuite appelé Mme Labidi, qui a commencé par «remercier Dieu pour la tenue de ce procès, qui a trop tardé, contre le mensonge et la diffamation proférés à mon encontre». «Cette dame a décidé de me juger et de me condamner. Elle s’est substituée à la justice. Elle a dit que j’ai donné un théâtre à l’ambassade américaine en contrepartie d’une bourse. Elle a attenté à ma réputation. Lorsqu’on lui a demandé des preuves, elle a dit qu’elle n’en avait pas. Est-ce le rôle d’une députée ? Ce procès est d’une grande importance. Je voudrais qu’il soit un exemple», a martelé Mme Labidi.

Mes Ghechir, Aggoune et Bouzid, avocats de Louisa Hanoune, se sont employés à démonter le délit de diffamation, en argumentant avec des documents. Ils ont interrogé l’ancienne ministre de la Culture sur les actions qu’elle détenait dans la société Procom International, mais elle a refusé d’y répondre, arguant que la question n’avait aucun lien avec l’objet de la plainte. Revenant à la charge, les avocats ont insisté sur l’accord obtenu en 2014, pour la production du film Le Patio, «alors qu’il avait essuyé deux rejets par la commission de lecture». Mme Labidi a affirmé qu’elle était là «en tant que victime pour une affaire de diffamation».

L’avocat de la plaignante, Adlène Bouchaib, a affirmé que Mme Hanoune a fait des déclarations sans prendre la peine de vérifier ses informations. Mme Labidi a réclamé un dédommagement de 10 millions de dinars. Les avocats de la défense ont demandé la relaxe. Le procureur de la République a requis contre Louisa Hanoune une amende de 30 000 DA. L’affaire a été mise en délibéré sous huitaine et le verdict sera connu jeudi prochain. 

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