Poursuivi pour les délits d’«abus de fonction», «entrave au bon fonctionnement de la justice» et «incitation à la partialité», en lien avec des faits datant de 2016, l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, devait comparaître hier devant le pôle financier près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, avec son secrétaire général, Tayeb Belhachem (en liberté), et un des frères Kouninef, Tarek Noah, propriétaires du groupe KouGC, mais le procès a pour la troisième fois été ajourné d’une semaine, en raison de l’absence de Me Mahdjouba, avocat de l’ex-ministre, atteint de Covid-19, selon ses confrères. Le président a tenu à préciser à Louh qu’il s’agit «du dernier report» qui sera accordé.
Agissant au nom de la défense de Tarek Kouninef, Me Bahia Khedar a demandé au juge les documents liés au «listing des appels téléphoniques» entre son mandant et l’ex-secrétaire général du ministère de la Justice, qui, selon elle, ne lui ont pas été remis. «Ces pièces du dossier sont très importantes pour la défense du prévenu, dans la mesure où elles ont servi de base au contenu de l’ordonnance de renvoi. Nous n’avons pu les avoir ni du juge d’instruction ni du parquet général. Nous vous demandons donc de nous les remettre», lance Me Khedar. Le président : «Vous pouvez prendre la chemise avec toutes les pièces pour faire des photocopies. Il n’y a aucun problème.»
L’avocate exige également la présence des témoins, dont l’audition, souligne-t-elle, «est très importante». Le procureur réplique : «Nous avons transmis la liste au procureur général pour les convoquer.» Le président lève l’audience, mais Tayeb Louh l’interpelle : «Monsieur le juge, il y a deux témoins très importants pour le procès. Je voudrais qu’ils soient présents.» Le juge : «La demande a été faite. Nous allons les convoquer. S’ils viennent, tant mieux. Mais s’ils ne viennent pas, l’affaire se poursuivra.»
Le prévenu : «Je tiens beaucoup à leur présence. C’est la procédure qui l’exige. Ils doivent venir.» Une réplique qui irrite le magistrat. «La procédure dicte qu’une fois l’audience levée, les prévenus n’ont plus droit à la parole. Je vous ai laissé parler, mais maintenant, c’est fini !» lance le président avant de se lever et de quitter la salle. En fait, Tayeb Louh insistait pour que les magistrats, cités en tant que témoins dans cette affaire, qui sont majoritairement en fonction, soient entendus durant le procès.