Appelée initialement «le plat du pauvre» tant, pendant de longues année, elle se cédait à des prix modiques, la sardine est devenue un aliment de luxe, quasi prohibitif tant son prix exorbitant (1400 DA le kilo) fait pousser de l’urticaire aux ménages, dont beaucoup ne la dégustent qu’en boîte de conserve.
En cette semaine qui s’écoule aujourd’hui, voilà que son prix a chuté de manière spectaculaire pour qu’elle se vende, au niveau des différents marchés, entre 200 et 300 DA le kilogramme.
Cela n’est pas pour déplaire, bien entendu, aux fins gourmets qui s’en donnent à cœur joie. «Ma femme l’a achetée à Sidi El Houari à 200 DA le kilo mardi dernier, mais on aimerait que ce prix se maintienne et ne soit pas qu’un feu de paille avant qu’il ne s’emballe de nouveau, emporté par la mercuriale», dira Hamid, un journalier de 46 ans. Kaddour, retraité, a lui aussi exprimé sa satisfaction d’avoir acheté le fameux poisson bleu dans une cité AADL, à l’est de la ville, au prix de 200 DA mercredi dernier, mais il a regretté que ce prix ait un tant soit peu augmenté jeudi, pour atteindre, dans certains marchés, 500 DA.
«Ça reste quand même bien plus abordable que les 1400 ou 1600 DA auxquels nous avions eu droit pendant longtemps. J’espère que plus jamais la sardine n’atteigne ces prix de folie.» Karim, la cinquantaine, bien qu’habitant au centre-ville, c’est au marché d’El Hamri qu’il fait ses emplettes, nous explique-t-il, car réputé pour être plus abordable que les marchés du centre.
«Je vais peut-être faire mon rabat-joie, mais certains poissonniers, sous couleur de vendre de la sardine, nous filent de la latcha, qui est un poisson moins noble que la sardine. Il faut donc être vigilant et savoir différencier les deux : la latcha a un trait jaune au milieu alors que la sardine n’en a pas. La sardine a aussi la tête un peu plus aplatie !» dit-il avant de déplorer que les poissons soient devenus, depuis le début des années 2000, des mets trop inaccessibles pour le revenu des Algériens, et que des réformes de fond doivent avoir lieu pour remédier à cette situation, sans quoi «tout Méditerranéen que nous sommes, et ayant plus de 1200 km de côte, la quote-part de poisson par habitant en Algérie continuera à être insignifiante». Notons qu’hier, aux marchés de la Bastille et de M’dina J’dida, la sardine se cédait à 600 DA le kilo et le Bonito, ce poisson très prisé des Oranais, de calibre bien plus gros que la sardine, était, lui, à 800 DA.
Cela dit, on impute cette petite augmentation au fait que les pêcheurs ne travaillent pas le jeudi et que les commerçants n’ont fait, hier, que vendre ce qui leur restait du stock de la veille. Les prix devront donc de nouveau baisser aujourd’hui. Du moins, c’est ce que tout le monde espère.