Les hôpitaux affichent «complet» alors que le nombre de cas positifs déclarés officiellement reste stable. Les cas diagnostiqués dans les laboratoires privés ne figurent pas sur la plateforme du ministère de la Santé.
La quatrième vague de la pandémie de Covid-19 s’est installée depuis quelques semaines et son impact commence à être ressenti sur le système de santé, bien que les chiffres annoncés par le ministère de la Santé quotidiennement, une moyenne de 400 cas par jour, affichent une stabilité du nombre des cas de contamination, ne comptabilisant pas bien sûr les cas testés positifs avec les tests antigéniques qui ne figurent pas sur la plateforme officielle.
A Alger, de nombreux services dédiés à la Covid sont déjà complets. Des malades confirmés positifs à la Covid-19 sont renvoyés faute de place d’hospitalisation et sont réorientés sur les cinq établissements hospitaliers dédiés à la Covid-19 au niveau de la capitale et mis en place suite aux instructions du ministère de la Santé.
Ces centres sont-ils dotés de tous les moyens nécessaires pour la prise en charge de cette maladie infectieuse, notamment l’oxygénothérapie qui est indispensable, puisque la majorité des cas admis en hospitalisation contaminés par le variant Delta nécessitent de l’oxygène ? «Ce n’est que le début de la pandémie et les lits d’hospitalisation manquent déjà, comment allons-nous faire face, lorsque le variant Omicron sera dominant sur le Delta, sachant qu’il est très contagieux ?» s’interroge un spécialiste en maladies respiratoires.
Il dit craindre un débordement dans les services hospitaliers dans les jours à venir, surtout que le taux de la couverture vaccinale de la population est très faible.
Au CHU de Beni Messous, tous les services qui ont dégagé des places pour assurer le suivi des patients Covid sont complets. «Le nombre de consultations a beaucoup augmenté ces jours-ci. Je peux dire qu’elles ont doublé, voire triplé cette semaine. Le centre tri Covid-19 tourne 24h sur 24 et des cas positifs sont confirmés, dont certains nécessitent une hospitalisation.
Mais actuellement, nous trouvons des difficultés à les hospitaliser chez nous, au CHU, car tous les lits sont pris», signale un médecin généraliste du centre de tri au CHU de Beni Messous avant de préciser : «Les malades viennent à notre hôpital, sachant qu’il y a un service de réanimation dans le cas où ils nécessiteraient des soins intensifs.» Pour le moment, le variant Delta continue de faire des victimes en attendant que l’Omicron prenne le relais. Selon le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, 80% des PCR positives relèvent du variant Delta, alors que le nouveau variant représente 10% des cas.
Augmentation des cas du variant delta
Le Dr Mohamed Yousfi, chef de services de maladies infectieuses à l’EPH de Boufarik, confirme quant à lui l’augmentation du nombre de cas de contamination au variant Delta avec des formes graves dans son service, qui est actuellement à plus de 50% du taux d’occupation. «Il y a un mois, il y avait entre une à deux consultations pour Covid par jour, alors qu’aujourd’hui, nous nous retrouverons à plus d’une cinquantaine de personnes. Les consultations ont quadruplé. Nous réalisons entre 7 à 8 PCR par jour, soit le nombre de patients hospitalisés.
D’ailleurs, le service de réanimation au CHU de Blida, où nous transférons les malades, affiche complet et plusieurs services ont rouvert. L’EPH de Boufarik est actuellement Covid, sauf le service maternité», a-t-il précisé. Et de souligner que les contaminations s’accélèrent chez les personnes de tout âge.
«Cela va de 27 ans à 80 ans avec des formes graves et qui nécessitent de l’oxygène», a-t-il noté. Il insiste sur l’importance de la vaccination qui «permettra d’éviter les formes graves de la maladie, soulagera les services hospitaliers et le personnel médical qui est au front depuis deux ans.»
Le Dr Yousfi appréhende d’ores et déjà les jours à venir avec la circulation du variant Omicron qui «risque de déclencher une avalanche de cas, vu sa vitesse de contagion et provoquer une saturation des services de santé». Par ailleurs, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a mis, hier, en garde les directeurs des hôpitaux contre tout refus d’accueillir des malades ou leur transfert vers un autre hôpital sous prétexte d’un manque de lits.
«Dans les cas exceptionnels, l’hôpital est tenu d’effectuer des appels pour garantir un lit au malade dans un autre hôpital en prenant en charge son transfert via ambulance», a déclaré le ministre, selon un communiqué rendu public hier à l’issue de la réunion tenue en visioconférence avec les DSP et directeurs d’hôpitaux et de les instruire de «recourir à des lits ordinaires de réanimation en cas de besoin d’oxygène».
Il a appelé à charger une équipe de permanence au niveau de chaque direction de la santé à travers les wilayas pour répondre et être à l’écoute des préoccupations des citoyens 24h/24.
Le Pr Benbouzid a rappelé ses précédentes instructions relatives à la mobilisation d’hôpitaux et de services Covid-19, selon le recensement de la population et les cas qui y sont enregistrés, et sans préjudice aux spécialités de grande importance, telles que les services de lutte contre le cancer, d’obstétrique et de gynécologie, de réanimation, de chirurgie générale, d’urgence et de pédiatrie.
Comme il a également donné des instructions pour doter tous les hôpitaux d’un stock de médicaments nécessaires, notamment les anticoagulants, soulignant la disponibilité du ministère à les accompagner.