Président-BF : qui a raison, qui a tort ?

06/04/2022 mis à jour: 14:43
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Le Bureau fédéral est à la veille de l’implosion. La démission et le revirement du président Charaf-Eddine Amara de son poste de président a produit l’effet d’une bombe au sein de l’organe exécutif et de supervision de la Fédération algérienne de football (FAF).

La première annonce (démission) faite le 31 mars 2022, soit deux jours après l’élimination de l’équipe nationale de la Coupe du monde Qatar 2022, a réjoui beaucoup de membres du Bureau fédéral qui y ont vu l’opportunité de se présenter à l’élection au poste de président en remplacement du président démissionnaire (verbalement).

Quelques membres du Bureau fédéral ont vite affiché leur intention de succéder à celui qui les a ramenés dans sa liste comme membres. Leur joie a été rapidement douchée par le revirement opéré par Charaf-Eddine Amara trois jours après sa première annonce.

Surpris par la volte-face du président, des membres sont montés au créneau et auraient même menacé de lui interdire l’accès au siège de la fédération. Rien que cela. S’en est suivi un grand imbroglio sur le bien-fondé de la démarche du président.

Personne ne savait sur quel pied danser. Des interrogations, légitimes, ont fleuri dans l’esprit des acteurs du football et surtout sur la toile, un vecteur d’opinion important. Pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce feuilleton qui n’ajoute rien à la gloire du football national, avançons prudemment. D’abord, quels sont les enjeux pour les deux parties en place ?

Le président et les membres du Bureau fédéral. Le premier poussé vers la porte de sortie par ceux qui l’ont propulsé à la tête de la fédération suite à la douloureuse élimination du Mondial qatari n’était pas mécontent de son sort.

La pression qu’il a vécue au cours de l’année de son mandat et plus particulièrement depuis le catastrophique parcours des Verts à la CAN au Cameroun, combiné aux semaines qui ont précédé la double confrontation face aux Lions Indomptables lui a fait sentir qu’il ne pouvait résister encore longtemps à la pression. Pour lui, quitter la FAF était un soulagement.

Il a bien argumenté lors de la conférence de presse du 31 mars dernier sur les mobiles de sa décision. A côté, les membres du Bureau fédéral n’étaient pas dans le même esprit. Ils ont rapidement mesuré le danger que représentait pour eux la décision du président.

Elle signifiait tout simplement la fin de leur parcours de dirigeant dans le football. Leurs pensées se sont vite orientées vers l’article 26 des statuts de la FAF (élections) et plus particulièrement l’alinéa 3 (restriction) qui traite de l’éligibilité aux organes et instances du football. En cas de démission collective (président - membres du Bureau fédéral) ils ne pourront pas revenir aux responsabilités à la fédération.

Les membres qui sont en situation de cumul, eux ils peuvent retrouver les organes et instances de la FAF à la faveur d’une petite fenêtre qui considère la démission pour cumul comme un motif valable. Tout cela est rappelé par l’article 9 (critères d’éligibilité) du code électoral de la FAF. Ainsi, les décors et les enjeux sont plantés. Le revirement de Charaf-Eddine Amara est-il admis ou non au regard des statuts ?

L’article 16 (démission) dit ceci : «Tout membre peut démissionner de la FAF. Il doit annoncer sa démission en envoyant une lettre recommandée au secrétariat général de la FAF».

L’a-t-il fait ? La réponse est chez Mounir D’bichi, le SG de la FAF. Le même article précise : «La démission ne devient juridiquement valable qu’au moment où le membre a rempli toutes ses obligations financières à l’égard de la FAF et des autres membres de celle-ci». Des membres du Bureau fédéral peuvent-ils convoquer une réunion de leur organe sans l’aval du président ou lui interdire d’y assister ?

L’article 35 des statuts ne le permet pas puisque dans les 3 alinéas de l’article, il est à chaque fois fait référence au président qui «convoque et prépare l’ordre du jour de la réunion». Il a des prérogatives étendues en la matière.

L’article 39 des statuts conforte les pouvoirs du président, qui est «responsable de la fixation de l’ordre du jour des sessions de l’Assemblée générale et Bureau fédéral, exerce l’autorité hiérarchique sur l’ensemble du personnel de la FAF, il préside toutes les sessions de l’Assemblée générale, du Bureau fédéral, du comité d’urgence et des commissions dont il est président». Le football algérien a, de nouveau, emprunté un long et sombre tunnel dont il ne verra pas le bout avant longtemps.

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