Les associations de la société civile sont à l’honneur à l’occasion de la tenue, au Palais des nations, à Alger, des premières assises nationales, dont les travaux se sont ouverts, hier, en présence du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane. Près de 700 associations nationales et locales issues de toutes les wilayas du pays et de la communauté nationale à l’étranger, des organisations et des syndicats prennent part à l’événement. Ces états-majors de la société civile interviennent une année après l’installation, en décembre 2021, de l’Observatoire national de la société civile (ONSC), un organe consultatif placé sous l’autorité de la présidence de République. Cette institution a tenu, le 3 septembre dernier, sa 3e session ordinaire au cours de laquelle a été examiné l’apport des décisions prises par l’Etat et les organismes dédiés à la jeunesse dans la consolidation de la structuration horizontale de l’organisation de la société. A l’image du Conseil supérieur de la jeunesse (CJS), l’initiative de l’octroi de l’allocation chômage, les réformes éducatives, les opportunités offertes par le nouveau code des investissements au profit des jeunes à travers la politique attractive de la promotion des start-up…
Les missions de la société civile sont désormais consacrées dans la Constitution, qui définit leur mode d’organisation et leur champ d’action en tant qu’acteur de la vie, non seulement économique et sociale, mais aussi, fait nouveau, institutionnelle et politique. Ce rôle attendu aujourd’hui des associations, bridées, auparavant, par la loi régissant le mouvement associatif qui leur interdit toute activité en rapport avec le fait politique, n’est pas vu, à l’évidence, d’un bon œil par les formations politiques. Surtout les partis traditionnels, tels que le FLN qui a bâti son projet militant sur une organisation transversale de la vie partisane avec un tissu d’organisations dites «de masses» dans lesquelles la frange de la jeunesse est massivement représentée.
On craint que l’activisme constaté autour de la valorisation de la société civile ne soit dicté que par un seul objectif : celui de substituer le mouvement associatif aux partis politiques. La colère exprimée, avec force, dans les marches du mouvement populaire à l’encontre des partis de l’alliance présidentielle et de leurs dirigeants, copieusement conspués, particulièrement le FLN et le RND a, sans doute, lourdement pesé dans la restructuration de la vie politique et l’émergence du mouvement de la société civile. Lequel, n’a pas tardé à se poser en sérieux concurrent de la classe politique traditionnelle, comme on l’a vu, à travers les résultats des élections législatives et locales, où les candidatures indépendantes issues, pour beaucoup, de la société civile, ont farouchement bousculé l’ordre électoral établi. Les indépendants ont arraché 78 sièges aux dernières élections législatives de juin 2021, arrivant en seconde position, derrière le FLN, avec 105 sièges. Ce résultat, ce parti le doit au fort taux d’abstention au scrutin ; son échec à se construire une majorité parlementaire confirme la tendance lourde qui se dessine dans le sens du redéploiement du mouvement associatif dans tous les segments de la vie nationale.
C’est dans cette perspective que fut organisé à Oran, à la mi-septembre, à la veille de la tenue du Sommet arabe d’Alger les 1 et 2 novembre, le forum intergénérationnel de la société civile arabe. Le souci d’impliquer pleinement le mouvement associatif dans la gestion participative de la société, dans la concertation, dans le cadre de l’élaboration des politiques publiques de développement pour une meilleure prise en charge des affaires de la cité, est porté par une volonté politique exprimée à un haut niveau.
Toutefois, faut-il le souligner, les institutions mises en place, les engagements ne valent que par les actions concrètes menées sur le terrain, seules à même de donner du sens et de la crédibilité à la parole publique. Hier, lors de son intervention à l’ouverture des assises nationales de la société civile, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a particulièrement mis l’accent sur le rôle nouveau de locomotive du développement, attendu du mouvement associatif par les pouvoirs publics et la société. «L’Observatoire national de la société civile (ONSC) est un acquis important et constitue un autre jalon qui vient concrétiser la vision du président de la République du rôle et de la place de la société civile dans le cadre de son projet de développement et son engagement pour l’édification d’une société civile libre, active et capable d’assumer ses responsabilités en tant qu’instrument d’évaluation de l’activité publique au service du citoyen», a soutenu le Premier ministre. Société civile libre de toute attache partisane, politique ou autres instrumentalisations, active et responsable : trois leviers indispensables pour la dynamisation du mouvement associatif qui lui ont fait cruellement défaut jusqu’ici.