Première session ordinaire de l’APW de Guelma : Le secteur de la culture disséqué

27/04/2024 mis à jour: 06:13
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Le siège réservé à la direction de la culture est toujours inoccupé

La direction de la culture et des arts de la wilaya de Guelma est défaillante. La commission de l’APW, chargée de ce secteur, a, dans un rapport audiovisuel, rapporté, jeudi dernier, lors de la première session ordinaire de l’assemblée, tous les manquements aux règles élémentaires de la mise en valeur des monuments historiques et des sites antiques mis sous la responsabilité de cette direction, de par la réglementation. 

En effet, le document audiovisuel est explicite à plus d’un titre puisqu’il résume en 53 minutes une situation loin d’être un fait isolé puisqu’à Guelma la liste générale des 16 biens culturels protégés, référencés et inscrits au ministère de la Culture sombre dans l’oubli. «Aucun panneau ni plaque d’orientation n’indiquent la présence d’un bien culturel, que ce soit à l’entrée des communes ni même aux abords des sites en question. Et si elles existent, les plaques sont placées anarchiquement. 

Faudrait-il encore que les voies d’accès soient carrossables et qu’une présence humaine dépêchée par les pouvoirs publics sur les lieux prenne en charge les visiteurs», a signalé l’oratrice dans son rapport vidéo. 

Citons, entre autres, des sites reconnus mondialement, tels celui du cimetière mégalithique de Roknia ou celui de la piscine romaine de Hammam Bradaâ lesquels, rappelons-le, sont des vestiges archéologiques dont l’importance est indéniable. La piscine romaine de Hammam Bradaâ, dans la commune de Héliopolis classée en 1954, n’a aucune voie carrossable menant au site. Il n’y a aucune indication ou panneau dévoilant la présence de ce site millénaire, que ce soit à Héliopolis ni même aux abords. 

L’absence quasi-totale d’éclairage public est un indicateur de laisser-aller ainsi que l’état d’abandon de 6 locaux et dépendances à l’intérieur de ce site. 

A Roknia, sur le site du cimetière mégalithique, du haut de ses milliers de dolmens et sépultures creusés à même le roc, le constat est le même, voire pire comme c’est le cas également à Aïn El Nechma dans la commune de Bendjerrah, qui n’est autre qu’un site archéologique (une huilerie), également millénaire classé en 1999. La mise en valeur étant absente sur ce site qui subit une sérieuse dégradation. «Aïn El Nechma est un site souillé par les détritus et les immondices. 

Transformé en un lieu de débauche et autres comportements indignes d’un site archéologique, bien que protégé par les institutions de l’Etat. Une presse d’huile d’olive millénaire devenue un lieu de débauche. En plus de la présence des eaux usées de Bendjerah», a précisé la commentatrice, images à l’appui.   
 

Une direction sans siège officiel

En effet, c’est un secret de Polichinelle, encore un autre, qui vient refaire surface à l’APW  dans ce secteur porteur, où l’on retiendra également que la direction de la culture et des arts de la wilaya «squatte» toujours, au dernier étage, la  bibliothèque urbaine Boudjemaâ Benharoun  de la ville depuis des années «en attendant la levée du gel d’un projet qui lui est dédié». 

Comme une aberration administrative n’arrive jamais seule, la bibliothèque en question n’a pas de décret de création, rien que ça. Ainsi, c’est une direction de la culture sans siège officiel, squattant une bibliothèque, bien qu’équipée, mais non fonctionnelle, sans décret de création, atteste le rapporteur sans omettre de pointer caméra au poing l’état de délabrement avancé, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’édifice, bien que la bâtisse ait été construite il y a quelques années seulement. 

Passant en revue le projet de réhabilitation du théâtre régional de Guelma, ainsi que celui de l’aménagement de la cité antique de Thibilis (commune de Sellaoua Anouna), ayant connu leur lot de «déconfiture» aujourd’hui en voie de réhabilitation et d’aménagement. Un bien comme le cinéma Le Triomphe de la ville de Guelma, cédé en location depuis avril 2023 pour une durée de 5 années, n’a pas manqué d’être pointé du doigt par la commission, notamment pour l’étanchéité de la bâtisse ainsi que l’aménagement extérieur et l’évacuation des eaux usées. L’absence d’employés spécialisés et le défaut de maintenance et d’entretien ont été soulevés. 

Quoi qu’il en soit, la direction de la culture, les APC, l’OGEBC (L’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés), les services de la Sûreté et de la Gendarmerie nationale, passifs et actifs cumulés, portent une lourde responsabilité dans ce dossier, notamment depuis la promulgation des textes législatifs en rapport avec la protection des biens culturels dont la liste reste ouverte. Les 11 dernières découvertes archéologiques faites durant l’année 2023 uniquement à Guelma attestent de la richesse de la région. En attendant, et pour couronner le tout, la ville de Guelma n’a pas de musée digne de ce nom. 

Celui du théâtre romain fait beaucoup plus office de remise d’objets et la plupart du temps le lieu est fermé aux visiteurs en raison de son état de délabrement avancé.                         

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