Ambiance Ramadhan, chaleur, moustiques et ennui désertique, avec pour seule distraction les discours du ministre du Commerce à la télévision officielle, qui explique que si les prix des produits alimentaires sont chers, c’est qu’ils ne sont pas chers, Poutine en mal d’action a pris une importante décision.
Aller au Mali, à exactement 100 mètres du village où il est stationné, Tin Zaouatine, Algérie, d’où il suffit de traverser l’oued Tin Zaoutine, à sec, pour se retrouver dans l’autre village, Tin Zaoutine malien, appelée aussi Chebrech.
A l’heure du dernier f’tour, tout le monde s’est attablé dans le jardin de la résidence officielle au milieu d’arbres fatigués.
En servant les plats, Kella a regardé le chef de daïra, représentant du pouvoir central ici à Tin Zaoutine, 2500 kilomètres au sud d’Alger, et a pris à part Adhughmas le souriant au sujet de ces lointains étrangers qui n’ont pas été officiellement invités mais qu’on ne peut renvoyer.
- D’abord, l’hospitalité est sacrée chez nous les Touareg, qu’ils soient Russes, Ukrainiens ou extraterrestres, a rappelé Adhughmas.
- Mais pourquoi aucun officiel au sommet de l’Etat ne nous a contactés ni n’est venu nous voir ? a demandé Kella en s’enveloppant dans son tissernès jaune, comme pour mieux se protéger de la géostratégie.
- Il y a le wali d’In Guezzam qui est quand même venu, et nous sommes avec le chef de daïra. De toute façon, ils partent au Mali.
- Mais ils reviennent.
Kella, inquiète, n’a rien fait voir et a continué à alimenter l’équipe en prêtant une oreille à ce que dit Poutine, assis à côté du wali d’In Guezzam en bout de la table.
- C’est quoi cette histoire de civils bombardés au nord de la Mauritanie ? a demandé le président russe.
- Encore les Marocains…
- Ils avaient déjà bombardé des camions civils algériens dans le désert, non ?
- Oui.
Poutine a bu un verre d’eau, s’est levé et a fait un geste de la main compris entre l’agacement et le mépris :
- Pour moins que ça, j’aurais déjà envahi le Maroc…
… à suivre