Dans ce hostile désert qui recèle néanmoins quelques oasis de tendresse, il semble aussi facile de s’aimer que de se détester. Mais l’heure n’est pas à la poésie, c’est la fin d’après-midi et va commencer la rencontre des parias entre l’équipe russe, disqualifiée du Mondial et soutenue en attaque par les éléments de la force Wagner, et l’Algérie, éliminée par le Cameroun d’une manière un peu arbitraire.
Justement, c’est Hadj Raouraoua, dépêché d’Alger, qui arbitre la rencontre, et au coup d’envoi, il s’est assis sur le banc de touche. Sous les applaudissements des 15 000 habitants de Tin Zaouatine, le match s’est terminé par un 5 à 5, sans VAR, égalité parfaite, et tout le monde est rentré aux vestiaires, même s’il n’y avait pas d’eau. Le temps de se remettre de ses émotions, l’adhan du Maghreb retentissait déjà dans le désert et autour de Kella, influente Targuie qui s’occupe de l’hébergement et restauration, Algériens et Russes se sont réunis.
Au milieu du cliquetis des cuillères, en bout de table, Poutine, Iyad et Kadirov sont en grande discussion sur l’information, dans ce qui fut le dialogue le plus étrange de l’année :
- En France, c’est Kamel Daoud qui a fait élire Macron, a fait remarquer Iyad.
- N’importe quoi, a répondu Poutine, c’est juste que le journal de l’oligarque va fermer. Mais Zemmour, c’est quand même bizarre, un juif d’origine algérienne qui est à l’extrême droite…
- C’est bizarre aussi, un ancien communiste allié à un islamiste tchétchène qui se bat contre des juifs ukrainiens alliés aux néo-nazis.
Kadirov a cru bon d’intervenir :
- Je ne suis que l’allié de Dieu.
- Le monde est bizarre, a conclu Poutine.
- Il y a eu encore un massacre au Mali, a annoncé Iyad.
- Les Français ou les djihadistes ? a demandé Kadirov.
- On accuse les forces spéciales maliennes et la force Wagner russe, a expliqué Iyad.
Poutine a fini sa soupe, posé sa cuillère et s’est levé :
- Enfin un peu d’action !
Kadirov a demandé :
- Mais on va où, chef ?
- On va au Mali !
… à suivre