Ces discussions visent à mettre sur pied un cessez-le-feu, élargir l'accès humanitaire et mettre en place un mécanisme de contrôle et de vérification pour garantir la mise en œuvre de tout accord.
L'armée soudanaise n'est pas à la table des négociations en Suisse, mais les diplomates utilisent leurs téléphones pour mener des pourparlers indirects, dits de «proximité», a assuré à l'AFP l'envoyé spécial américain, Tom Perriello. La guerre au Soudan oppose depuis avril 2023 l'armée, menée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdane Daglo.
De précédents cycles de négociations à Jeddah, en Arabie Saoudite, ont échoué, et fin juillet, Washington a invité l'armée et les paramilitaires à participer à des pourparlers de cessez-le-feu, coparrainées par l'Arabie Saoudite et la Suisse, et en présence de l'Union africaine, de l'Egypte, des Emirats arabes unis et de l'ONU en tant qu'observateurs. «Nous travaillons au téléphone.
Le fait est qu'à l'heure actuelle, tous les membres de cette coalition diplomatique peuvent parler aux dirigeants des FAS (forces armées soudanaises) et des FSR tous les jours», a affirmé M. Perriello, lors d'un entretien.
Ces discussions visent à mettre sur pied un cessez-le-feu, élargir l'accès humanitaire et mettre en place un mécanisme de contrôle et de vérification pour garantir la mise en œuvre de tout accord. Concernant les mécanismes de contrôle, l'envoyé spécial américain a souligné qu'il y a «de nombreuses propositions» sur la table «qui sont à la fois locales et nationales».
Bien que l'armée ait refusé pour l'instant de venir s'asseoir à la table des discussions en Suisse, l'envoyé spécial américain considère que la réunion est un «succès», car elle a permis d'attirer l'attention internationale sur le Soudan. «Nous avons fait en sorte que la diplomatie se concentre davantage sur cette crise», a-t-il dit.
«Pourparlers de proximité virtuels»
«C'est très excitant car nous avons ce que vous appelez des pourparlers de proximité virtuels», a-t-il expliqué. L'envoyé spécial américain reconnaît toutefois : «Nous pourrons faire beaucoup plus si le président Burhan accepte d'envoyer une délégation de haut rang de l'armée pour participer aux pourparlers.»
«Les choses sont plus faciles si les parties sont présentes en personne. Mais grâce à la magie des téléphones et à d'autres moyens, nous ne sommes pas freinés par ce refus (de l'armée, NDLR) de se présenter et nous allons continuer à travailler et à obtenir davantage de résultats pour le peuple soudanais», a-t-il soutenu.
Il a ainsi salué l'annonce faite par le général Burhan de rouvrir le point de passage frontalier d'Adre, entre le Tchad et le Darfour, fermé depuis plusieurs mois. «C'était une demande majeure depuis des mois pour acheminer l'aide humanitaire dans certaines des régions du Darfour les plus touchées par la famine et la faim», a expliqué M. Perriello.
«Donc si nous parvenons à consolider cet engagement et à rendre opérationnelle la fourniture de l'aide humanitaire, nous ferions un grand pas en avant» et «nous espérons obtenir que les FSR y répondent en conséquence avec des engagements, par exemple en assurant un accès sûr et sans entrave», a-t-il dit.
L'Arabie Saoudite a également salué la décision de rouvrir le point de passage d'Adre, le ministère des Affaires étrangères saoudien écrivant sur X que Ryad «note l'impact positif de cette mesure pour répondre aux besoins humanitaire, faciliter l'acheminement de l'aide et garantir la sécurité des travailleurs humanitaires».
La guerre a plongé le pays au bord de la famine, selon l'ONU, et fait des dizaines de milliers de morts, et les organisations humanitaires dénoncent depuis des mois les trop nombreux obstacles à leur action.