Respirer tue.» Asthme, accidents vasculaires cérébraux, crises cardiaques, cancers, ou encore anxiété et dépression : nombreuses sont les études scientifiques qui pointent les dangers de la pollution de l’air. Dans un communiqué de presse transmis à l’automne 2023, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) nous informait qu’«au moins 253 000 morts dans l’UE en 2021 étaient imputables à une exposition à la pollution par les particules fines (PM2,5) supérieure à la concentration de 5 µg/m3 recommandée par l’OMS».
Début 2021, une étude de l’université de Louisville, publiée dans l’American Journal of Physiology, nous informait que vivre à proximité des arbres contribuerait à prévenir les dommages liés à la pollution. Le risque de développer une maladie cardiovasculaire serait ainsi plus faible. Néanmoins, l’accès des habitants des villes à la nature demeure inégal.
En novembre 2022, Le Monde rapportait ainsi que 27% des Franciliens, seulement, pouvaient atteindre, en moins de dix minutes à pied, un espace vert supérieur à un hectare.
C’est ce qui rend l’initiative d’une équipe de chercheurs de l’université de Belgrade (Serbie) d’autant plus attractive. Ces experts ont conçu un arbre liquide qui permettrait de lutter contre la pollution de l’air dans les villes, en protégeant davantage les habitants du CO2 et des particules fines.
Des microalgues utilisées
Ce fameux arbre, présenté comme révolutionnaire et baptisé Liquid3, est un photo-bioréacteur urbain qui va se servir de la puissance des microalgues pour produire de la biomasse et de l’oxygène... tout en éliminant le CO2. Capable de concurrencer un arbre de taille «adulte» ou une surface de pelouse équivalente à 200 m2, il fonctionne tout au long de l’année.
Dans les colonnes de Paris Match, Ivan Spasojevic, professeur à l’Institut de recherche multidisciplinaire de l’Université de Belgrade, a vanté les bénéfices des microalgues utilisées tout au long du processus, assurant qu’elles étaient «très robustes». «Nous envisageons de travailler sur une sélection de souches thermophiles compatibles avec le climat désertique, car le Moyen-Orient est très intéressé», a précisé l’expert auprès du même magazine, avant d’ajouter que des villes américaines et australiennes étaient, elles aussi, conquises par le Liquid3, qui n’a pas vocation à se substituer aux espaces verts. «Il est destiné à des zones qui ne peuvent être végétalisées, comme des endroits très fréquentés, où le niveau de pollution de l’air est élevé, a-t-il illustré. Ou encore dans des installations souterraines.»
600 litres d’eau utilisés
Soutenu par le Climate Smart Urban Development Challenge, le Liquid3 – qui prend la forme d’un banc public de 2 m de long et de 2,3 m de haut – intéresse un certain nombre de municipalités, précise de son côté La Dépêche, dans un récent article consacrer au sujet. Ce banc d’un genre nouveau est doté d’un purificateur à microalgues, mais également d’un toit solaire, d’un port USB pour recharger un téléphone portable, ainsi que d’un éclairage sous forme de veilleuse.
La culture de microalgues liquide utilisée va permettre de pomper et de traiter l’air qui contient les particules fines et le CO2. Dans un second temps, le dioxyde de carbone sera éliminé, tandis que de l’oxygène sera produit. Une fois par mois, environ 95% de l’eau qui contient les microalgues sera remplacée. Un nouveau cycle pourra démarrer et l’eau récupérée (et chargée en biomasse) sera utilisée afin de fertiliser les plantations, précise le quotidien.
Au printemps dernier, le site Futuro Prossimo s’était déjà fait l’écho de cette innovation environnementale. Nous avions appris que l’appellation «arbre liquide» donnée à ce dispositif venait du fait qu’il contenait... six cents litres d’eau.