Les Philippines ont ratifié hier un pacte de défense essentiel avec le Japon, qui va leur permettre de déployer des troupes sur leurs sols respectifs, une nouvelle manière de renforcer leurs liens pour faire face à la pression croissante de la Chine, rapporte l’AFP. Les deux pays sont des alliés de longue date des Etats-Unis, qui intensifient leurs alliances dans le Pacifique pour faire face aux revendications territoriales de la Chine dans la région.
Le pacte, conclu en juillet après sept mois de discussion, qui prévoit également la hausse des exercices de combat conjoints, a été ratifié par le Sénat philippin sans aucun vote négatif ni abstention, a déclaré le président du Sénat, Francis Escudero. «La ratification de l’accord confirme le partenariat stratégique entre les deux pays et leur objectif mutuel de contribuer davantage à la paix, à la sécurité et à la stabilité régionales et internationales», a déclaré le Sénat dans un communiqué. «L’accord élargira la coopération en matière de défense entre les Philippines et le Japon dans le domaine maritime, dans un contexte de défis communs en matière de sécurité».
Le Parlement japonais devra également voter le traité avant qu’il n’entre en vigueur. Le Japon a envahi les Philippines pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais les deux pays entretiennent aujourd’hui des liens militaires forts avec les Etats-Unis et se heurtent de plus en plus à la Chine. Le Japon accueille environ 54 000 soldats américains.
Vigilance de Washington
Pékin conteste la souveraineté des Philippines sur plusieurs îles dans la mer de Chine orientale. Les incidents sont fréquents entre navires philippins et chinois autour du récif de Scarborough, que Manille revendique comme faisant partie de son territoire, mais dont Pékin a pris le contrôle en 2012. La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, où transitent chaque année des échanges commerciaux d’une valeur de 5000 milliards de dollars, en dépit d’une décision internationale selon laquelle cette affirmation ne reposait sur aucune base juridique.
Par ailleurs, un navire de guerre américain a accosté hier au Cambodge pour la première fois depuis huit ans, à quelques kilomètres seulement d’une base navale rénovée par la Chine. Annonçant la visite vendredi, le ministère cambodgien de la Défense a précisé qu’elle vise à «renforcer et développer l’amitié» et «promouvoir la coopération bilatérale entre le Cambodge et les Etats-Unis».
Les relations entre Washington et Phnom Penh se détériorent depuis des années, tandis que la Chine a injecté des milliards de dollars dans des projets d’infrastructures sous l’ancien dirigeant cambodgien Hun Sen. Depuis 2022, la Chine finance la rénovation de la base navale de Ream, située à quelque 30 kilomètres de Sihanoukville et construite à l’origine en partie avec des fonds américains.
Pour Washington, Ream pourrait fournir à Pékin une position stratégique dans le golfe de Thaïlande près de la mer de Chine méridionale, largement revendiquée par Pékin.
Mais les autorités cambodgiennes ont nié avec constance que la base soit utilisée par une force étrangère. L’ambassade des Etats-Unis a publié un communiqué sur les réseaux sociaux hier, indiquant que le navire de combat effectue une «visite de bonne volonté» visant à «renforcer la coordination entre les Etats-Unis et le Cambodge et la réponse aux défis communs en matière de sécurité maritime».
Pékin, par l’intermédiaire d’un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, a également réagi en déclarant que de «tels échanges et collaborations en matière de sécurité et de défense devraient contribuer à promouvoir la paix et la stabilité régionales, plutôt que l’inverse». Des premiers navires de guerre chinois s’étaient amarrés dans la base en décembre 2023. En mai suivant, deux autres ont accosté au port de Sihanoukville lors des plus grandes manœuvres militaires jamais organisées entre la Chine et le Cambodge.
Selon le ministère de la Défense cambodgien, 27 navires de guerre américains ont accosté dans le pays depuis 2007, mais la visite d’hier est la première en huit ans.
Le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, s’était rendu au Cambodge en juin pour relancer les relations avec ce proche allié de la Chine.