Pour dénoncer «l’injustice» et leur «détention arbitraire» : 40 détenus d’opinion entament une grève de la faim à la prison d’El Harrach

29/01/2022 mis à jour: 17:17
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Des détenus d’opinion, incarcérés depuis des mois à la prison d’El Harrach d’Alger, sont entrés, depuis hier, en grève de la faim. Cette décision a été annoncée, mercredi, par l’avocat et membre du collectif de la défense des détenus d’opinion, Abdelghani Badi, sur sa page Facebook, faisant part de sa discussion avec des détenus d’opinion auxquels il avait rendu visite et qui l’ont informé de leur détermination à enclencher une grève de la faim.

 L’action qui a concerné 40 personnes en détention pour leurs opinions a été entamée pour dénoncer «l’injustice» et leur «incarcération arbitraire». Il s’agit pour les concernés, selon les avocats, d’un ultime recours pour faire entendre leurs voix, eux qui n’ont fait «qu’exprimer de manière pacifique leurs opinions». La majorité d’entre eux sont poursuivis au titre du très contesté «article 87 bis du code pénal, élaboré par le ministère de la Justice du temps de Belkacem Zeghmati». Cette disposition, selon les avocats et les défenseurs des droits de l’homme, constitue «une menace pour les défenseurs des droits humains et une grave dérive et atteinte aux libertés démocratiques». Ses conséquences sont déjà connues. Les ONG nationales recensent plus de 300 personnes poursuivies, condamnées à des lourdes peines ou placées sous mandat de dépôt depuis des mois et attendent leurs procès et dans beaucoup de cas l’instruction de leurs dossiers. 

Aussitôt annoncée, cette action a reçu le soutien de plusieurs acteurs, d’anciens détenus politiques et d’opinion et des défenseurs des droits humains qui appellent «à ne pas laisser seuls ses grévistes de la faim» et à les «aider à faire entendre leur cause». Pour rappel, plusieurs activistes du hirak et militants politiques continuent d’être arrêtés, convoqués par les services de sécurité ou incarcérés. Le Comité national pour la libération des détenus d’opinion (CNLD) fait part, quotidiennement, de nouvelles affaires concernant les «délits d’opinion». Pour lutter contre les répressions, des acteurs de divers horizons ont décidé de mettre en place un front pour la défense des libertés. Ce dernier devait organiser, le 5 février prochain, ses assises nationales. Mais le rendez-vous a été décalé. «Après un examen pour finalisation et adoption des différents textes politiques, les membres ont arrêté une esquisse de programme d’action qui sera proposée aux assises. 

A la suite de cette évaluation globale des travaux, il émane que toutes les conditions nécessaires à la tenue des assises nationales sont réunies, tant au plan matériel, qu’organique. Cependant, suite à une analyse du présent contexte politique et sanitaire et des consultations plus larges, il a convenu de repousser les assises prévues pour le 5 février 2022 à une date ultérieure et de mettre à profit ce délai pour l’élargissement de la dynamique et pour une meilleure précision de ses contours organisationnel et programmatique», indiquent les initiateurs de ce front, dans un communiqué. Selon eux, «des rencontres en vidéoconférence seront programmées afin de permettre une participation plus large de militants politiques, associatifs, syndicalistes, avocats et journalistes et mieux impliquer les différentes régions du pays ainsi que les militants établis à l’étranger». «Le report est dicté par cet impératif d’un espace politique unitaire le plus large possible afin d’être à la hauteur de la tâche ardue qui consiste à faire échec à la généralisation et maintenant la sophistication de la répression qui prend des proportions dangereuses pour la pérennité des institutions et la stabilité du pays. L’objectif étant d’arracher la liberté qui est indispensable pour le débat politique, seule voie véritable à une issue positive d’une crise multidimensionnelle qui ne cesse de s’aggraver», précise la même source.
 

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