Pour avoir entravé le processus de transition démocratique au Mali : L’Union européenne sanctionne cinq responsables

05/02/2022 mis à jour: 03:53
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Le Premier ministre de transition malien, Choguel Kokalla Maïga, fait partie des cinq personnalités sanctionnées

L’Union européenne (UE) a sanctionné hier cinq responsables maliens, dont le Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga, accusés de faire obstacle à la transition politique dans ce pays dirigé par une junte, selon un communiqué relayé hier par l’AFP. Ces sanctions consistent en une interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et un gel de leurs avoirs. 

Il est en outre interdit aux personnes et entités de l’UE de mettre des fonds à la disposition de ces cinq responsables. Outre le Premier ministre, figurent parmi les responsables sanctionnés deux «membres-clés du cercle rapproché» du colonel Assimi Goïta, le chef de la junte malienne, investi président de transition en mai 2021 après un deuxième putsch. 

Il s’agit de Malick Diaw et Ismaël Wagué, considérés comme des instigateurs du coup d’Etat d’août 2020, au cours duquel les militaires ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, selon les motifs des sanctions publiés au Journal officiel de l’UE. En outre, Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation depuis juin 2021, et Adama Ben Diarra sont également ciblés pour avoir joué un rôle-clé dans le renversement du président Keïta, selon la même source. 
Ces cinq responsables ont déjà été sanctionnés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). 

L’organisation a pris le 9 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l’encontre du Mali pour sanctionner l’intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années et son refus d’organiser le 27 février, comme elle s’y était initialement engagée, des élections ramenant les civils au pouvoir. 
 

Lundi, Les autorités maliennes ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France, a annoncé hier la télévision d’Etat. «Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (...) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (et) qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», a indiqué un communiqué lu par la télévision d’Etat. Bamako a justifié cette décision par les récentes déclarations «hostiles» de responsables français à son encontre, selon le communiqué lu à la télévision malienne. 
 

Frictions
 

Le 25 janvier, la ministre des Armées française, Florence Parly, a déclaré que la junte multiplie «les provocations». De son côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a, deux jours après, qualifié la junte d’«illégitime» et ses décisions d’«irresponsables», après que les autorités maliennes eurent poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales. «Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations», ajoute le texte, dans lequel Bamako «réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence».

 Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a prévenu hier que son pays n’exclut «rien» dans ses relations avec la France. Les officiels maliens s’en sont eux-mêmes durement pris à la France, ainsi qu’à la Cédéao, qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali. Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement dit de transition, a fustigé mercredi Mme Parly et la France, accusée de chercher à diviser les Maliens, «d’instrumentaliser» les organisations sous-régionales et de conserver ses «réflexes coloniaux». Il a donné pour «conseil» à Mme Parly de se taire.

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