Portrait / Dr Redouane Bouayed Agha, pneumologue algérien exerçant à Tahiti

11/02/2024 mis à jour: 04:11
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( Photo : El Watan)

Douze heures de décalage horaire et 22 000 km séparent le Dr Redouane Bouayed Agha de son pays natal, l’Algérie. Le destin a voulu qu’il travaille dans ce pays de la Polynésie. La première chose qu’il dira : «On est loin de la famille», surtout qu’au, départ il vivait seul. Sa femme,  Constantinoise, l’a rejoint et ils se sont mariés à Papeete, c’était le show, toute la presse l’a mis à la une. 

Aujourd’hui, il a deux petites filles qui parlent couramment le tahitien. Il faut savoir que le Dr Bouayed est natif de Tlemcen et a fait ses études de médecine à l’université de cette ville ainsi qu’à Sidi Bel Abbes. Puis, en 1993, c’était l’aventure en France : «Je n’avais pas de reconnaissance de diplôme, j’ai galéré 10 ans pour l’avoir et obtenu aussi des équivalences pour travailler en tant que médecin. Je peux vous dire que j’avais vécu dans le stress et l’angoisse parce que j’étais dans la précarité».

 Il faut préciser que le Dr Bouayed s’était installé dans le sud de la France, à Bordeaux, où il a fait beaucoup de stages, se spécialisant dans l’apnée du sommeil. Il est d’ailleurs devenu un expert dans le domaine. Toujours dans le dépistage du syndrome de d’apnée du sommeil, il a participé à des ateliers, des formations continues, des congrès et des séminaires. 

Il ajoutera : «J’ai aussi, un diplôme universitaire en médecine de catastrophes, en médecine des soins palliatifs, et dernièrement, j’ai obtenu un diplôme universitaire en télémédecine. En ce qui concerne la médecine de catastrophes, j’ai été mobilisé durant la période de la Covid et j’ai énormément travaillé. 

Durant cette période, j’ai été sollicité par des familles algériennes pour les conseils, j’ai fourni une douzaine d’extracteurs d’oxygène à titre gracieux». Puis commença l’épopée de la Polynésie. Durant cette période, il dira : «J’ai eu une opportunité, et j’ai eu l’occasion de faire un remplacement en Nouvelle Calédonie. Là, j’ai rencontré dans la ville de Bourail, une communauté algérienne descendante d’anciens déportés». Dans cette région, il a pris goût aux îles. Cela fait 15 ans maintenant que ce docteur exerce à Papeete à Tahiti. 

Il affirmera que c’est le paradis sur terre, et y vivre, c’est un rêve. «Je me suis adapté, et j’ai trouvé une communauté de musulmans franco algériens, ils sont militaires, enseignants ou administrateurs», ajoutera-t-il. Parfois, dira-t-il, c’est difficile de confronter une culture différente, ça prend du temps. 

 

 

C’est plus facile quand on est touriste, mais habiter en Polynésie, cela prend du temps pour connaître la population et leur langue tahitienne aussi. Toutefois, il ajoutera que son cœur est toujours en Algérie et que ses deux filles nées du premier mariage, en France, sont plus algériennes que lui, puisqu’elles désirent rentrer au bled, du moment qu’elles portent le hidjab et que la vie est devenue difficile dans l’hexagone. Il garde toujours le contact avec ses amis en Algérie. Il lit régulièrement la presse algérienne dont El Watan.

 Il avouera que l’avenir c’est l’Algérie, et que si pour lui, c’est un peu trop tard parce qu’il est en fin de carrière, il ne cesse de pousser ses enfants d’aller vivre en Algérie et que lui aussi il finira par y revenir.  Dans son travail, il est choyé du moment que pour le Tahitien, après Dieu, il y a le médecin. Il a le privilège de recevoir en visite médicale des plongeurs professionnels qui travaillent dans la culture de la perle noire et qui lui offre de petites perles. Sa femme, avouera-t-il, les adore. 

Dans ses activités et du moment qu’il y a une multitude d’îles, il a développé le travail sur des projets de télémédecine. Il est fier de donner son savoir-faire et ses compétences au personnel des îles éloignées. Actuellement, elles sont équipées en fibre optique. Egalement, il lui arrive d’exercer sur le fameux bateau de croisière Aranui qui dessert les Iles des Marquises. Il accompagne de ce fait beaucoup de touristes dont des Italiens, des Américains et des Français. 

Il faut savoir que pour certaines îles éloignées, moins peuplées et qui n’ont pas d’aéroport,  il est obligé de se déplacer en bateau, ce qui est une grande aventure. Quand il y a la houle, ce n’est pas gai, mais c’est le devoir qui l’appelle quand ils ont besoin de lui. 

Enfin, il affirmera que son rêve, c’est de faire venir un groupe de danse polynésien en Algérie, de présenter un show, parce que  c’est magnifique avec les couronnes de fleurs, les colliers de fleurs, des habits localement faits. Très beau à voir. 

Donc, il est  en train de voir au niveau de la logistique comment on peut organiser cela, parce qu’il a des groupes qu’il connait et qui sont très favorables pour venir en Algérie faire leur show. Inchallah. 

Par  Mohammed Zerrouki
 

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