Pollution atmosphérique : Les vagues de chaleur accentuent les pics d’ozone

18/08/2022 mis à jour: 07:08
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Des pics d’ozone, un polluant atmosphérique bien connu pour ses effets délétères sur la santé humaine et sur la végétation sont enregistrés durant l’été. Il se forme dans les basses couches de l’atmosphère en période estivale, sous l’effet du rayonnement solaire et lorsque les températures sont élevées. Ainsi, en dépit du beau ciel bleu des journées estivales, ce polluant peut être inhalé si les conditions de sa formation sont réunies. Explications !

En été, la pollution par l’ozone au niveau du sol se trouve exacerbé», prévient Farid Rahal, maître de conférences à l’université des sciences et technologie d’Oran. En effet, ce polluant secondaire, généré notamment à partir des oxydes d’azote et des composés organiques volatils en cas de fort ensoleillement, est un indicateur majeur de la qualité de l’air. «C’est pourquoi, des pics de pollution par l’ozone sont enregistrés en été», explique le chercheur.

Si durant les années 2000, l’Observatoire national de l’environnement et du développement durable disposait d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air qui permettait de mesurer en continu les concentrations des principaux polluants de l’air, dont l’ozone au niveau du sol, le chercheur assure que ce dernier «n’est malheureusement plus opérationnel actuellement».

Toutefois, M. Rahal juge important de différencier l’ozone troposphérique qui se trouve au niveau du sol de l’ozone stratosphérique qui se trouve dans les hautes couches de l’atmosphère et qui nous protège contre les rayons ultra-violet (UV-B) dommageables pour les organismes vivants. «Ce type d’ozone a un effet bénéfique et protecteur. Par contre, celui qui se trouve dans la basse couche de l’atmosphère est un gaz incolore, avec une odeur âcre et qui est extrêmement irritant», assure le spécialiste.

En fait, la pollution par l’ozone au niveau du sol résulte de la transformation, sous l’effet du rayonnement solaire, des polluants primaires que sont les oxydes d’azote et les composés organiques volatils. Ces derniers sont notamment émis par les activités humaines, principalement le trafic routier et les industries. Il faut donc la présence et l’accumulation des précurseurs à cette transformation. Il s’agit notamment des oxydes d’azote. «Les conditions anticycloniques favorisent cette situation car la diminution de l’intensité du vent n’aide pas à la dispersion des polluants, mais contribue à leur accumulation», explique M. Rahal.

La deuxième condition, selon le chercheur, est l’ensoleillement qui apporte les rayons ultra-violet nécessaires aux réactions photochimiques qui génèrent l’ozone dans la basse couche de l’atmosphère. Ces conditions peuvent être, selon M. Rahal, réunies en Algérie, surtout dans les grands centres urbains où le trafic routier est intense. «Des conditions météorologiques particulières, notamment les inversions de températures qui bloquent la circulation de l’air peuvent contribuer à l’accumulation des polluants et à l’apparition de pics de polluants comme l’ozone», précise-il.

Peut-on donc considérer l’été comme étant «dangereux» étant donné que les pics de pollution par l’ozone sont enregistrés en été ? «Ce n’est pas l’été qui est dangereux mais les émissions excessives des polluants qui le sont», tempère M. Rahal. Assurant tout de même que l’été est effectivement une saison propice à l’apparition des pics de pollution par l’ozone qui est un polluant dangereux pour la santé, surtout celle des plus vulnérables. D’autant plus que ce polluant a la particularité d’être dégradé par les oxydes d’azote.

Donc, on ne va pas le retrouver près des axes routiers ou en milieu urbain. «Ce polluant a également la particularité d’avoir une durée de vie relativement importante par rapport aux autres polluants», précise le chercheur. Il peut alors être transporté sur de longues distances si les conditions météorologiques s’y prêtent. Selon lui, on le retrouve alors dans zones périurbaines et rurales, mais aussi dans les parcs ou les forêts qui sont des endroits de prédilection pour la pratique sportive.

Santé

Le changement climatique est en partie responsable dans ce phénomène. Il contribue à l’augmentation de l’ensoleillement estival et par conséquent, à l’augmentation de la transformation des polluants primaires en polluants secondaires, comme l’ozone troposphérique.

Cependant, M. Rahal assure que s’il n’y a pas de polluants précurseurs, il n’y aurait pas d’ozone au niveau du sol. «Donc, si on voudrait diminuer la pollution par l’ozone, il faudrait diminuer les émissions des polluants dont il est issu. En outre, en plus d’être un polluant néfaste pour la santé et l’environnement, l’ozone est un gaz à effet de serre qui va à son tour contribuer au changement climatique», ajoute-t-il et ses effets ne sont pas sans conséquences, et ce, à plusieurs niveaux.

En premier lieu, il irrite les yeux et les poumons en affectant la capacité respiratoire. Ensuite, il cause du tort à la végétation et contribue à diminuer la productivité de certaines cultures. Il altère également les matériaux de construction et les matériaux synthétiques. Enfin, il fissure le caoutchouc et détériore les textiles tels que le coton, le nylon et le polyester.

C’est pourquoi, le spécialiste estime nécessaire de disposer de réseaux de surveillance en continu de la qualité de l’air dans les zones urbaines importantes. Il est également nécessaire, selon lui, de développer des modèles de simulation de la qualité de l’air afin de prévoir l’apparition des pics de pollution et par conséquent, prendre les décisions qui s’imposent afin de protéger la santé des citoyens et l’environnement. Ce système global permettrait aussi d’informer les citoyens sur les niveaux de pollution localisés dans l’espace et dans le temps.

Ce qui permettra aux personnes vulnérables d’éviter les endroits pollués et aux sportifs de s’entrainer sans inhaler profondément des polluants nocifs. «Le projet APOMOS (Air Pollution Monitoring System) que j’ai l’honneur de diriger et qui est le fruit d’une collaboration entre l’Université des sciences et de la technologie d’Oran Mohamed Boudiaf et la Direction en charge de la recherche et du développement au sein de Sonatrach, a pour objectif de surveiller en continu la pollution atmosphérique. Il pourrait ainsi, contribuer à la lutte contre une mauvaise qualité de l’air en Algérie», conclut-il.


 

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