Abderrazak Makri, président du MSP, et Abdallah Djaballah, président du FJD, appellent les autorités à sanctionner ce qu’ils considèrent comme une «atteinte à la mosquée».
La polémique provoquée, samedi soir, par l’imam de la mosquée de la ville de M’chedallah, dans la wilaya de Bouira, a réveillé les démons de la fitna. Alors que le fonctionnaire ayant insulté la population locale, via le haut-parleur de la mosquée où il se trouvait à une heure indue, a présenté officiellement ses excuses, des parties, visiblement non satisfaites de l’issue de cet incident, montent au créneau pour tenter d’allumer le brasier de la haine.
En hibernation depuis des mois, cloîtrés dans un silence assourdissant sur toutes les questions d’intérêt national, dont la cherté de la vie, la crise socioéconomique et la détention des militants politiques, des chefs de partis islamistes sortent du bois. Dans une démarche animée de haine envers une population qui n’a jamais été acquise à leurs idéologies, ils feignent de prendre la défense de l’imam fautif, tout en s’érigeant en muftis pour donner des leçons sur le Ramadhan.
C’est le cas du président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Makri a posté une réaction sur sa page Facebook concernant l’incident de M’chedallah. Il commence même par afficher sa conception de l’attitude à suivre durant ce mois, avant de décréter que l’organisation des galas est «un mal» et que l’insulte des habitants à partir du pupitre de la masquée est «un bien». Rien que ça. Pis encore, Abderrazak Makri met le bourreau et les victimes sur le même pied d’égalité.
«Comment obligé l’imam à s’excuser et ne pas demander des comptes à ceux qui ont organisé un gala à proximité de la mosquée et durant le mois de Ramadhan ?» s’interroge-t-il. Décidément, ce parti veut à tout prix imposer à sa loi rétrograde à la population de M’chedallah et il demande à la sanctionner.
Un de ses députés, en l’occurrence Azzedine Zahouf, s’est même précipité pour saisir le ministre de l’Intérieur et lui demander, rien que ça, «de prendre des mesures en urgence pour sanctionner les responsables de ce ‘‘scandale’’», qui sont, à ses yeux, les habitants de M’chedallah.
Eclipsé de la scène depuis des mois aussi, le président de l’autre parti islamiste, FJD, Abdallah Djaballah, a adopté aussi la même litanie et les mêmes éléments de langage en parlant même d’«une atteinte à la mosquée». Cette polémique a fait également sortir de nombreuses têtes de la fitna qui ont tenté, vainement, d’allumer le feu sur les réseaux sociaux.
Les explications des autorités locales
Ces souffleurs du vent de la haine n’ont même pas attendu les explications des autorités locales qui ont réussi, et grâce aussi à la sagesse des habitants de la ville concernée, à tourner rapidement la page de cette polémique.
«Le gala a été lancé à 22h24. Tout se passait dans la tranquillité et sans le moindre incident. A minuit, nous avons entendu du Coran (des haut-parleurs de la mosquée adjacente à la place centrale où se tenait le gala) ensuite (l’imam) a proféré des insultes. Il a notamment traité les présents de racaille et d’irréligieux et un tas d’autres insultes», avait précisé le vice-président de l’APC de M’chedallah, M. Boukrif. Selon lui, ces «propos sont inacceptables».
«Nous condamnons la violence et l’intolérance d’où qu’elles viennent. Nous sommes pour le droit à la différence et à la coexistence. Notre jeunesse n’a pas cédé à la violence verbale, je lui rends un vibrant hommage. A travers cet incident, nous avons mesuré le degré de maturité de notre jeunesse. Si le curseur de cet imam s’est arrêté dans les années 1990, le nôtre est en 2022», lance-t-il.
Pour sa part, le chef de daïra de M’chedallah, dont le siège est situé aussi à proximité de cette mosquée, Lakhdar Zitouni, a parlé d’«un acte isolé». A la fin de la journée de dimanche, l’imam fautif, accompagné par de responsables de la direction des affaires religieuses de la wilaya de Bouira et des notables de M’chedallah, a lu, à l’intérieur de la même mosquée, un texte dans lequel il s’est repenti de sa grave faute.