Point de vue - Macron-Sansal et l’Algérie

11/01/2025 mis à jour: 05:21
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Par Mohammed Ould Si Kaddour El Korso (*) 

Il n’est pas question pour moi de juger ou de commenter la déclaration en date du 6 janvier 2025 du président français, Emmanuel Macron. A en juger par les discutions en cercles restreints, entre universitaires et non-universitaires et les réactions sur les réseaux sociaux, cette déclaration a été très mal reçue en Algérie parce que considérée comme une ingérence flagrante des plus hautes autorités politiques françaises dans les affaires intérieures de l’Algérie.

Né en Algérie, Boualem Sansal est Algérien de nationalité. La nationalité française de cet écrivain, mise en avant par les officiels et les médias français – qui sont tombés à bras raccourcis sur deux collègues dont les interventions sur une chaîne de télévision publique ne s’inscrivaient pas dans la mouvance dominante du moment – ne lui a été accordée par Macron personnellement que quelques jours avant d’être arrêté à l’aéroport d’Alger, où il venait d’arriver.

Au regard du droit, M. Sansal est Algérien parce que, encore une fois, il est né en Algérie. C’est donc en cette qualité qu’il a été arrêté. Un Franco-Algérien, arrêté en France, sera jugé en sa qualité de Français et non d’Algérien, et l’Algérie, dont il porte la nationalité d’origine, n’a nullement le droit d’intervenir en sa faveur.

Si elle le faisait, ce serait une ingérence dans les affaires intérieures de la France, qui s’empresserait de dénoncer, à juste titre, une telle intervention comme condamnable, inacceptable et surtout irrespectueuse des règles internationales dont elle est signataire.

Résultat des courses : bien des Algériens, et pas des moindres, pour qui Sansal ne méritait pas d’être emprisonné (il est jusqu’à preuve du contraire mis en examen) ont fini, sous l’insupportable matraquage médiatico-politique français et surtout au lendemain de la déclaration du président français Macron devant les ambassadeurs de son pays, par valider cette arrestation, tout comme ils se sont rangés par là-même aux côtés du président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune. La résurgence du sentiment patriotique a éclipsé le débat sur la nationalité du prévenu apparue comme indiscutable.

(*) Historien

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