Par Dr Ammour Benhalima
Professeur des universités, ancien cadre supérieur à la Banque d’Algérie
L’acronyme Brics désigne, à partir de 2011, cinq pays (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dont la croissance de chacun s’annonce prometteuse. Cet acronyme s’inscrit dans une perspective économique qui considère, chaque pays, indépendamment des autres, d’une part.
D’autre part, à partir du milieu des années 2000 et notamment du premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Bric à Ekaterinbourg (Russie), en 2009, l’acronyme fait référence à une action collective politique : la construction d’un club de pays qualifiés d’émergents. Le concept de pays émergents est apparu, dans les années 1980, pour identifier, dans le domaine économico-financier, les pays en développement.
Le groupe des Brics a crée, officiellement, le 15/07/2014, à l’occasion du sixième sommet des Brics qui s’est tenu à Fortaleza (Brésil), une banque multinationale de développement, appelée NDB, dont la mission principale est de mobiliser des ressources pour financer des projets de développement durable dans les marchés émergents et les pays en développement. Le siège de cette banque est situé à Shangai (Chine).
A l’issue de la neuvième réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de la NDB tenue, le samedi 31/08/2024, à Cap Town (Afrique du Sud), l’adhésion de l’Algérie à cette institution a été officiellement approuvée. Cette adhésion a été entérinée, en grande partie, grâce à la solidité des indicateurs macroéconomiques du pays.
L’Algérie devient le 9e pays, membre de la NDB. Le 24/08/2023, au cours du 15e sommet des BRICS, le groupe annonce son élargissement à six nouveaux Etats. A compter du 1er janvier 2024, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie et l’Iran ont été invités à faire partie du club.
Le club s’agrandit. L’augmentation importante du nombre des membres du club ainsi que leur choix ont relancé les commentaires sur la contestation de l’ordre international occidental, par le «Sud Global», dont le groupe Brics assurerait le leadership. Les Brics sont un groupe, parmi d’autres, du Sud, dont les mobilisations se sont diversifiées et élargies dans les années 1980. Les Brics s’inscrivent dans une histoire récente de mobilisation des Etats du Sud que l’on peut remonter au G7 (1964) et au Mouvement des pays non-alignés (2012).
L’expression «Sud Global» fait, assez souvent, l’objet de contestations de la part de beaucoup d’économistes et d’historiens. En effet, la notion de «Sud Global» est une notion géopolitique regroupant une variété de pays ayant suffisamment de points communs.
Dans un article de Marc Serno, publié dans le journal Le Monde, en octobre 2022, la notion de «Sud Global» qui était, autrefois, selon cet auteur, comme étant les pays du tiers monde, regroupe, aujourd’hui, les Etats du sud, principales victimes des effets négatifs de la mondialisation.
Dans une publication de l’Unesco 2021, Abdeljallil Akkadri et Magdalena Fuetens estiment que le dénominateur commun, parmi les pays faisant partie du «Sud Global» très diversifié, est probablement leur statut ancien de colonies ou de portectorats de certains pays du Nord Global.
Pour Patrice Pentore, de l’université de Floride, dans un ouvrage intitulé World Environnemental, paru en 1999, le terme de «Sud Global» est un nouvel usage qui remplace le «tiers-monde». Le rôle dévolu aux Brics et les relations, avec les Etats-Unis, les Etats européens, les Nations unies et les institutions financières internationales, changent selon les contextes et les alternances politiques. Les Brics sont présentés comme un «bloc de pays émergents».
Les Etats membres du Brics défendent assez souvent de meilleures positions sur les grandes questions internationales. L’élargissement des Brics a permis une plus grande insertion du «Sud» sur la scène internationale. Le groupe des Brics représente, actuellement, 42% de la production mondiale de pétrole, 25% des exportations mondiales et 45% de la population mondiale. A. B.