Poésie : Khaled Al assad, le martyr de Palmyre

13/06/2022 mis à jour: 06:26
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Par Arezki H. (*)

Ta rose de pourpre, à ton clair soleil,
O Juin, étincelle enivrée ;
Penche aussi vers moi ta coupe dorée :
Mon cœur à ta rose est pareil.

Sous le mol abri de la feuille ombreuse
Monte un soupir de volupté ;
Plus d'un ramier chante au bois écarté,
O mon cœur, sa plainte amoureuse.

Que ta perle est douce au ciel parfumé,

Etoile de la nuit pensive 

Mais combien plus douce est la clarté vive

Qui rayonne en mon cœur charmé !

La chantante mer, le long du rivage,
Taira son murmure éternel,
Avant qu'en mon cœur, chère amour, ô Nell,
Ne fleurisse plus ton image !

Le printemps bat son plein et étale toute sa grandeur comme un soleil aux doux rayons caressant les champs de fleurs d’une incommensurable volupté.  Et parmi les fleurs  que le printemps effleure de ses rais énervants jusqu’à la folie, la rose «Zénobie, la plus intrépide et la plus téméraire des fleurs, car elle exalte de vie et d’endurance face à promptitude des premiers jours de l’été à ôter au printemps sa toile de la saison de la passion, de la pleine vie et des plus  énervantes des odeurs, l’odeur des fleurs à l’apogée de leur s éclats.  Oui, Zénobie est la rose de la résistance et  de l’espoir ,un vestige du printemps sur les sentiers de l’été ,un  hymne  militant  qui rappelle aux ribambelles des oiseaux du printemps que la saison de la fécondité reviendra inéluctablement telle une aurore qui revient reprendre à la plus aguerrie des nuits hivernales son domaine de prédilection :le jour naissant avec son lot de rires et de pleurs. Mais comme une plainte d'espoir comme celle qu’une mère chuchote  à la lisière du silence à l’oreille de son enfant chéri en partance pour un exil économique   : «vite et bien, mon fils !  « vite et bien, mon fils, car nous aurons toujours besoin de toi pour les jours durs, pour les jours des pleurs,  comme nous aurons besoin de toi pour les jours de fêtes et de noces. Reviens-nous vite mon fils, le fils et la graine de notre race, le  bourgeon qui donnera de la branche à notre arbre de postérité. Reviens-nous, mon fils,  à l’odeur de Zénobie, cette Rose qui refuse le diktat de l’été en lui rappelant que son temps est compté, certes douloureusement, mais  inéluctablement compté comme toute vie sur la terre des aubes et des crépuscules. Et comme le nom de Palmyre est intrinsèquement lié à la rose Zenobia, son printemps est allé au -delà toutes les sécheresses  que des hommes étranges à la séculaire, tolérante, aimante Palmyre, ont voulu planter dans cet immense jardin verdi de l’humanité.

Palmyre, l’égérie de Khaled Al assad
Ta rose de pourpre, à ton clair soleil,
O Juin, étincelle enivrée ;
Penche aussi vers moi ta coupe dorée :
Mon cœur à ta rose est pareil.
Sous le mol abri de la feuille ombreuse
Monte un soupir de volupté ;
Plus d'un ramier chante au bois écarté,
O mon cœur, sa plainte amoureuse.
Que ta perle est douce au ciel parfumé,
Etoile de la nuit pensive !

La relation de Khaled Al assad avec Palmyre, Palmyre  et sa reine Zénobie,  est à la fois une relation  maternelle d’une  maternité mystique. Car cette cité aux ancrages intarissables dans la  profondeur de l’humanité  se donne subtilement en tétée enivrante pour cet homme à la dévotion  multiple pour cette reine syrienne .Et c’est aussi une relation scientifique, technique , archéologique de par ses fouilles, ses recherches et surtout sa quête universelle pour offrir à  Tadmort,  l’ancienne appellation de Palmyre, un aura plus palpable dans les manuels d’histoire et dans les destinations touristiques,  car cette ville est l’un des berceaux de l’humanité où sont bercés toujours des nouveaux nés  aux essences ethniques et religieuses différentes. Oui, khaled Al assad tira Palmyre de son murmure éternel et a fait d’elle une conteuse à vive voix d’un incommensurable pan de l’histoire de l’humanité.

Khaled Al assad, le parcours d’un juste

Khaled al-Assad est né le 1er janvier 1934, près du Temple de Bel, profondément enraciné dans l'histoire et riche en souvenirs de la Reine de l'Orient dans une oasis fertile. Jusqu'en 1960, lui et sa famille élargie, totalisant 60 membres, avaient l'habitude de prendre leurs repas quotidiens tous ensemble. il était père de onze enfants; six fils et cinq filles, qui ont été élevés et éduqués par une mère et une épouse syriennes vertueuses. Sa relation avec ses enfants était basée sur l'amitié et le respect dans une famille nourrie. Il est allé à l'école primaire de Palmyre (Tadmur moderne) et a déménagé à Damas pour terminer ses études avec succès. il a eu beaucoup de souvenirs lors d'un voyage entre Palmyre et Damas en camions sur la route sablonneuse non pavée, qui a pris plus de 10 heures. Avec amour, compréhension, harmonie et autonomie. Son milieu de travail était marqué par l'esprit d'équipe.il a étudié à l'Université de Damas et a obtenu un baccalauréat en histoire. Ensuite, il a obtenu un diplôme d'enseignement. Cependant, sa passion pour l'histoire le ramène à l'archéologie .Et c’est ainsi, en 1962, il est nommé chef des études archéologiques et des fouilles à la Direction des Antiquités de Damas. 

En 1963, il était en charge du Palais Azem. En 1954, il débute sa carrière politique en adhérant au parti arabe socialiste Baas. En outre, il a été nommé membre du 8e Congrès régional. Les événements qui ont conduit à l'asphaltage de Palmyra Road en 1961 ont eu un impact particulier sur lui. Par conséquent, les distances parcourues sont devenues plus courtes et les voyages sont devenus plus excitants. De plus, Palmyre est devenue un quartier et a connu un boom urbain, agricole, sanitaire et éducatif ; cette expansion a dessiné les nouveaux plans de la ville en 1963. Les compagnies pétrolières et de phosphate ont commencé à attirer la main-d'œuvre ouvrant la voie à des horizons futurs prometteurs. en 1970, la population de Palmyre ne dépassait pas 18000. 

Homme téméraire et infatigables dans la quête du savoir et de sa passion qui remonte à ses premiers pas sur le long sentier de cinq études, l’archéologie. Cette obsession pour tout ce qui est ancien l’a saisi de ses deux mains pour le tirer pour ce domaine intarissable des antiquités et de l’archéologie.

Et son dévouement pour Palmyre, d’ailleurs si engagé qu’il délaissa  jusqu’à sa santé et sa famille, a remonté la cité de la rose sacré à la surface des explorations archéologiques des plus  poussées , car à chacune des  fouilles sur sa terre féconde d’histoire , Palmyre offre aux yeux du mondes de nouvelles merveilles et un  nouveau regard plus aiguisé sur la profondeur historique de cette région du Monde, appelé sans fard le berceau de l’humanité.

Khaled Al Assad et le sacrifice suprême.

Telle une offrande sur l’autel des anciens, Khaled Al Assad a  préféré la mort en martyr que de laisser le musée de Palmyre, un musée d’ailleurs à ciel ouvert, se faire anéanti par une ordre de sauvages  venus d’une autre époque et mue par la volonté criminelle de réduire à néant cette citée dont les fouilles ont relevé le génie de ses anciens habitants , un génie qui ne pouvait être que l’émanation d’une société  dont l’art et l’innovation le comburant de son âtre ,foyer de toutes les terres, égéries d’un art  aux essences d’amour et de paix. 

Khaled Al Assad fut brutalement assassiné les terroristes de l’État islamique le 18 août 2015. Le monde entier s’est levé comme un seul homme pour dénoncer cet ignoble crime contre un homme de paix, d’histoire et d’art. Lui qui a fait de Palmyre son berceau éternel et des antiquités qu’elle recèle  les berceuses aux voix inaudibles au-delà de la Syrie, car elles rappellent au monde entier que la Syrie n’a jamais été une terre de feu et de sang. Au contraire, la Syrie était durant des siècles une terre du vivre ensemble, d’amour et de cohabitation fraternelles entre une kyrielle de sensibilités ethniques et religieuse. Et une terre qui donne à la civilisation humaine tant et tant de monuments historiques et immémoriales vestiges ne peut être  qu’une terre de paix. Une terre de  sacrifice. 

Dans l'âcre

Odeur

Des poudres expiatoires ;

Dans l'épaisse

Poussière

Des nuages vengeurs,

Les yeux rougis,

La gorge irritée,

Le faciès déformé

Par d'odieux ricanements,

Bêtes et jubilatoires,

Ils renient leur histoire

À grands coups D'explosions…

Les assassins de Khaled Al Assad, en bêtes jubilatoires  pour reprendre le poète, ont tué l’homme et son corps, mais pas le symbole et le souvenir d’un être exceptionnel  qui s’est sacrifié sur l’autel de la liberté pour que la mémoire de l’humanité ne  soit pas enterrée par des extrémismes de tout acabit cherchant, désespérément mais  sauvagement,  à défigurer la beauté des anciennes civilisations et à  faire porter au visage de l’humanité un masque laide et hideux.

Arezki H.

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