Pluviométrie : Les agriculteurs retrouvent le moral

06/03/2024 mis à jour: 00:42
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Photo : D. R.

On a eu plus qu’il n’en faut de pluie durant la dernière semaine pour la saison agricole, je ne dis pas que c’est suffisant mais c’est très utile du point de vue quantité, beaucoup de barrages ont commencé à déborder, comme celui de Beni Haroun, le plus important avec 1 milliard de m3 d’eau et qui alimente 5 wilayas de l’est de l’Algérie», a déclaré, hier, le professeur Brahim Mouhouche, membre du Conseil national de la recherche scientifique et enseignant à l’Ecole supérieure d’agronomie d’El Harrach, lors de son passage à l’émission Invité de la rédaction (Chaîne 3) de la Radio nationale.

Il a notamment insisté pour dire que les récentes précipitations «ont été très bénéfiques pour l’année agricole et l’économie nationale, bien qu’elles ne soit pas suffisantes».

Selon le Pr Mouhouche, chaque millimètre de pluie représente 10 m3 d’eau par hectare, et certaines régions ont enregistré jusqu’à 110 millimètres de précipitations, rappelant que de telles pluies n’avaient pas été observées depuis au moins 15 à 20 ans.

Les prévisions météorologiques indiquent que l’épisode pluvieux devrait se prolonger, permettant ainsi de stocker davantage d’eau. Il espère que cette tendance pluvieuse se maintiendra jusqu’à fin mars ou début avril, sauvant ainsi la saison agricole, notamment pour les cultures de céréales.

Il a précisé que «généralement, les barrages ne se remplissent pas en hiver mais au printemps lorsque les sols sont gorgés d’eau. Après des années de sécheresse, nos sols sont secs. La nappe phréatique va se remplir ainsi que plus de 500 retenues culinaires». Selon lui, toutes les pluies qui tombent actuellement sont bénéfiques, y compris pour «le psychique de l’agriculteur».

Cependant, une difficulté persiste : les pluies sont toujours condensées et ne sont donc pas réparties sur l’année. L’expert ajoute que «l’eau a plusieurs facettes : sa fréquence, sa qualité, son intensité, sa répartition dans l’espace et dans le temps». En tout état de cause, les précipitations cette année sont parmi les meilleures.

Selon l’invité de la rédaction, «on doit se suffire en termes de production céréalière au moins à 80% de nos besoins.  Malheureusement avec 17 quintaux à l’hectare, ce n’est pas économiquement rentable, on est en train de perdre notre temps pour notre pays où il y a 50%  d’eau qui tombent du ciel et au moins 30% qui viennent de l’irrigation de complément».

En fait, l’augmentation de la production a deux sources : augmenter les surfaces et maintenir des rendements moins élevés ou avoir des surfaces plus réduites et de bons rendements.

Il faut aller vers l’agriculture extensive surtout dans les Hauts Plateaux. «Pour y aller, il faut savoir une chose : la mise en valeur d’un hectare de céréaliculture pour qu’il soit rentable nécessite 10 000 dollars. L’Etat en a fait plus qu’il n’en faut pour l’agriculture, on doit aider celui qui a besoin d’être aidé».

Selon lui, il faut différencier entre la sécurité alimentaire et l’autosuffisance : «La sécurité alimentaire de l’Algérie est l’une des plus importante au monde, le première d’Afrique, la 8e dans le monde arabe et 54e dans le monde parce qu’on a les moyens d’acheter ce qu’on mange mais il ne faut pas oublier que du point de vue blé tendre, on est dépendant à 80%, c’est beaucoup, idem pour l’huile, le lait et le sucre».

Ses propos cadrent parfaitement avec les précédentes déclarations de l’expert qui avait affirmé que «l’objectif, ce n’est pas de devenir indépendant totalement de tous les produits, mais il faut au moins augmenter le rendement pour réduire la facture d’importation alimentaire qui atteint les dix milliards de dollars par an».

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