Une quarantaine d’incendies mobilisaient toujours hier au Portugal les pompiers, en lutte depuis le week-end dernier contre des dizaines de feux de forêt qui ont fait sept morts et ravagé des milliers d’hectares de végétation dans le nord et le centre du pays.
Après les chaleurs étouffantes et les vents violents qui se sont abattus sur plusieurs régions depuis quelques jours, les autorités locales attendaient une amélioration des conditions météo en fin de semaine. Mais mercredi en milieu de matinée, la protection civile recensait toujours une quarantaine d’incendies actifs, mobilisant quelque 3500 pompiers soutenus par un millier de véhicules et près d’une trentaine d’avions ou hélicoptères. La France a annoncé l’envoi de deux avions bombardiers d’eau supplémentaires, après les deux qu’elle avait déjà dépêchés au Portugal, à l’instar de l’Espagne, l’Italie et la Grèce.
La situation restait particulièrement compliquée dans le district d’Aveiro, où un ensemble d’incendies d’un périmètre d’une centaine de kilomètres était encore «hors de contrôle» sur le front de la commune d’Agueda, selon le maire Jorge Almeida. Au moins 15 000 hectares de végétation ont été détruits dans cette région, selon une estimation fournie par l’observatoire européen Copernicus.
Le Système européen d’information sur les feux de forêt (Effis) dénombrait une quinzaine d’autres incendies ayant pu dépasser le seuil des 1000 hectares brûlés cette semaine dans le reste du pays - soit un bilan déjà largement supérieur au total enregistré depuis le début de l’été. Des images captées mardi par le satellite Copernicus montraient une multitude de brasiers d’où s’échappaient de longs panaches de fumée. Sur les hauteurs de Valongo do Vouga-Veiga, une des sous-communes d’Agueda, la population a connu des moments de panique, mardi soir, lorsque les flammes se sont approchées d’une maison jouxtant une forêt d’eucalyptus.
Canicules et sécheresses
Livrés à eux-mêmes en attendant désespérément l’arrivée des secours, les habitants ont dû s’entraider pour déplacer leurs voitures et des bouteilles de gaz stockées dans les jardins, tout en arrosant autour des maisons afin de ralentir la progression du feu qui avançait rapidement. Une fois sur place, les pompiers ont déroulé leurs tuyaux et se sont enfoncés au plus près des flammes pour les éloigner du village.
«On devrait avoir plus de moyens, mais ce n’est pas le cas. Le résultat, c’est qu’on laisse tout brûler», s’est lamenté un habitant de 67 ans. Les secours étaient très éprouvés aussi par un feu sévissant près d’Arouca, également dans la région d’Aveiro, et de nouvelles évacuations ont eu lieu dans la commune de Gondomar, dans la région de Porto (nord). Selon les autorités locales, plusieurs maisons ont brûlé dans la commune de Sao Pedro do Sul, dans la région de Viseu (nord), où plus de 200 pompiers espagnols de l’Unité militaire d’urgence (UME) étaient attendus mercredi. «Ce sont des professionnels qui viendront relever nos pompiers qui sont trop fatigués», a expliqué le maire, Vitor Figueiredo, au micro de CNN Portugal.
Trois pompiers portugais sont décédés mardi, piégés par les flammes près de Tabua, dans la région de Coimbra (centre), portant le bilan total des sinistres à sept morts et une cinquantaine de blessés. Les autres victimes sont un Brésilien de 28 ans employé par une société forestière, mort carbonisé lundi alors qu’il tentait de récupérer des outils, deux personnes ayant succombé à des crises cardiaques et un pompier volontaire décédé dimanche d’un malaise soudain en marge d’une opération.
Les drames vécus ces derniers jours ont ravivé le souvenir des incendies meurtriers de juin et octobre 2017, qui avaient fait plus d’une centaine de morts. Depuis, le Portugal a multiplié par 10 l’investissement dans la prévention et doublé son budget de lutte contre les feux de forêt. Les experts considèrent que les canicules et sécheresses d’une intensité croissante favorisent les feux de forêt et sont des conséquences du changement climatique, qui touche particulièrement la péninsule ibérique.