L’affaire «Amira Bouraoui» a dévoilé des dessous de cartes insoupçonnés. Au-delà du drame humain de cette affaire et de toutes autres considérations où l’on pourrait accorder des circonstances atténuantes au profit de l’activiste politique, son exfiltration en France a été une aubaine pour certains «milieux» pour déstabiliser l’Algérie. Peut-être à son corps défendant, Amira Bouraoui a failli provoquer l’une des plus graves crises politiques entre l’Algérie et la Tunisie. D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères tunisien a été démis de ses fonctions par le président de la République au lendemain de cette affaire.
Qui a intérêt à voir se détériorer les relations diplomatiques et multiformes entre les deux pays frères ? Pour l’Algérie, la Tunisie est un allié stratégique de premier plan et c’est pour cette raison que le gouvernement algérien lui apporte aide et assistance chaque fois que cela est nécessaire, particulièrement ces derniers mois de crise économique aiguë, qui a provoqué des émeutes populaires dans plusieurs villes. Pratiquement tous les chefs d’Etat qui se sont succédé en Algérie ont veillé à ce que la Tunisie demeure un Etat stable et loin des turbulences politiques, notamment celles provoquées par les différents courants islamistes. Le président Abdelmadjid Tebboune n’est pas en reste et nourrit des ambitions plus importantes avec le projet de gazoduc vers l’Italie, qui passera bien sûr par la Tunisie. Le 23 janvier dernier, en recevant la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, le président Tebboune avait déclaré que ce projet, qui sera rapidement réalisé, «revêt une importance extrême», car il permettra à l’Algérie d’exporter du gaz, de l’électricité, de l’ammoniac et de l’hydrogène. M. Tebboune a même ajouté à dessein que cela permettra à l’Italie de devenir un hub pour la distribution de l’énergie pour toute l’Europe. Une pique au gouvernement espagnol de Manuel Sanchez, qui voulait développer ce projet de hub depuis assez longtemps avant de s’embrouiller avec les autorités algériennes… et un pied de nez au royaume chérifien, qui perd tout espoir de voir ouvrir de nouveau le robinet du gazoduc transmaghrébin.
La tentative des milieux hostiles à l’Algérie a lamentablement échoué grâce à la profondeur des relations avec la Tunisie depuis la lutte de Libération nationale.
Qui a également intérêt de voir se détériorer les relations entre l’Algérie et la France ? Certains radicaux de l’extrême droite, des harkis, d’anciens «pieds-noirs», le makhzen, des séparatistes du Mak, toute une «faune» d’individus animés par la haine de l’Algérie. Certains d’entre eux se sont déjà manifestés pour dénoncer la visite programmée du président Tebboune au mois de mai prochain à l’invitation de son homologue français, Emmanuel Macron. La visite de ce dernier à Alger le mois de novembre passé les a d’ailleurs plongés dans l’hystérie, à l’exemple de l’ancien ambassadeur à Alger Xavier Driencourt, qui s’est révélé être un raciste de petit acabit.
L’Algérie et la France sont actuellement engagées dans une dynamique constructive sur le plan économique et mémoriel. L’affaire de l’exfiltration d'Amira Bouraoui doit trouver une solution entre les deux Etats à travers les canaux diplomatiques ou par tout autre moyen qui préserverait les intérêts des deux pays.