Péninsule coréenne : Pyongyang a simulé une nouvelle «attaque nucléaire tactique»

04/09/2023 mis à jour: 03:48
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Le président de la Corée du Nord, Kim Jong-un, inspectant une usine - Photo : D. R.

«La nouvelle simulation d’attaque nucléaire» effectuée par le Nord constitue une réponse aux exercices militaires annuels Ulchi Freedom Shield, menés conjointement pendant onze jours par la Corée du Sud et les Etats-Unis jusqu’au 31 août, qu’il a qualifiés d’«hystérie de la confrontation».

La Corée du Nord a mené samedi une nouvelle «simulation d’attaque nucléaire tactique» en tirant en mer Jaune deux missiles de croisière dotés de fausses ogives atomiques, a affirmé hier l’agence officielle KCNA, relayée par l’AFP. «Une manoeuvre de tir pour une simulation d’attaque nucléaire tactique a été réalisée à l’aube le 2 septembre pour avertir les ennemis du danger de guerre nucléaire», a annoncé KCNA.

L’agence a affirmé que cette opération constitue une réponse aux exercices militaires annuels Ulchi Freedom Shield, menés conjointement pendant onze jours par la Corée du Sud et les Etats-Unis jusqu’au 31 août, qu’elle a qualifiés d’ «hystérie de la confrontation». «Deux missiles de croisière stratégiques de longue portée dotés de fausses ogives nucléaires ont été lancés» depuis la côte ouest de la Corée du Nord, a ajouté l’agence.

Les exercices américano-sud-coréens suscitent systématiquement l’ire du régime du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, qui les perçoit comme des répétitions en vue d’une invasion de son pays. Séoul et Washington disent que ces manoeuvres sont de nature défensive, et visent à renforcer la coopération entre alliés.

L’état-major sud-coréen a annoncé samedi qu’un nombre inconnu de missiles de croisière avait été tiré vers 04H00 locales (19H00 GMT vendredi) en direction de la mer Jaune. Un porte-parole de l’état-major a cependant qualifié d’«exagérées» les affirmations de Pyongyang évoquant des frappes nucléaires simulées.

La Corée du Nord a confirmé jeudi avoir procédé à deux tirs de missile balistique de courte portée, expliquant avoir conduit une «simulation de frappe nucléaire tactique» en réponse aux manoeuvres américano-sud-coréennes, a rapporté l’agence de presse d’Etat nord-coréenne KCNA.

Ces missiles ont été tirés mercredi, en «simulation d’une frappe nucléaire tactique visant à détruire totalement les principaux centres de commandement et les bases aériennes» de l’autre côté de la frontière, en Corée du Sud, selon KCNA.

«Le premier a été lancé vers 23h38 (14h38 GMT), à une altitude maximale d’environ 50 km et à une distance de vol d’environ 350 km. Le second vers 23h46, à une altitude maximale d’environ 50 km et à une distance de vol d’environ 400 km», selon l’armée japonaise. «L’exercice vise à envoyer un message clair aux ennemis», a déclaré l’armée du Nord, selon KCNA.

«Se préparer pleinement à la guerre»

L’état-major interarmées de la Corée du Sud (JCS) a déclaré dans un communiqué avoir détecté deux missiles balistiques à courte portée tirés du Nord vers la mer de l’Est, également appelée mer du Japon, juste avant minuit.

Les missiles ont parcouru environ 360 kilomètres avant de finir dans les eaux, et les lancements sont actuellement analysés par les responsables des renseignements sud-coréens et américains, a précisé le JCS.

Selon Tokyo, les deux missiles seraient tombés près de la côte est de la péninsule coréenne et en dehors de la zone économique exclusive du Japon. Mardi, Pyongyang a organisé des manoeuvres militaires au niveau du commandement pour donner le change aux exercices conjoints de Washington et Séoul.

A cette occasion, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a visité un poste de commandement d’entraînement, selon KCNA.  «L’exercice a pour but de permettre à tous les commandants et aux sections d’état-major de l’ensemble de l’armée de se préparer pleinement à la guerre », a rapporté la même source. Toujours selon KCNA, l’exercice simulait une contre-attaque à une tentative d’invasion soudaine pour occuper «l’ensemble du territoire de la moitié sud».

Kim Jong Un a détaillé ses futurs plans de guerre, notamment «des frappes simultanées très intenses» sur des postes militaires clés afin de provoquer «un chaos socio-politique et économique». Sur des photos publiées par le journal officiel Rodong Sinmun, le dirigeant nord-coréen entouré d’officiers apparaît devant une carte de la péninsule coréenne floutée, désignant ce qui semble être la Corée du Sud.

Lors des manœuvres aériennes alliées, au moins un bombardier stratégique américain B-1B a survolé mercredi la péninsule coréenne, ce qui a irrité Pyongyang. Le Nord a qualifié ce survol de «grave menace» qui est «conforme au scénario d’une attaque nucléaire préventive contre la RPDC (République populaire démocratique de Corée)».

Mardi, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont également organisé un exercice naval trilatéral de défense antimissile. Les trois pays ont renforcé leur coopération en matière de défense au cours des derniers mois, en réponse aux provocations croissantes de Pyongyang.

La Corée du Nord a procédé à un nombre record d’essais d’armes cette année et effectué la semaine dernière sa deuxième tentative de mise en orbite d’un satellite espion, qui s’est soldée par un échec.

Le numéro un nord-coréen a qualifié l’an passé d’ «irréversible» le statut de puissance nucléaire de son pays et appelé à un développement accru d’armements, notamment d’armes nucléaires tactiques.

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