Huit longues années après la notification de l’ordre de service de début des travaux au groupement algéro-italien, menés par l’entreprise Rizzani De Echer et comprenant l’EPE Sapta, l’ETRHB Haddad et le sous-traitant turc Mapa, force est de constater que la solution à l’immense retard du projet de réalisation de la pénétrante autoroutière, qui semble quasiment à l’arrêt, réside, ni plus ni moins, dans une décision politique.
On rappellera à ce propos que lors du Conseil des ministres du 16 janvier dernier, il avait été demandé l’élaboration d’une expertise pour ce projet. Cette dernière a été, selon des informations recueillies, confiée à l’Inspection générale des finances (IGF) qui a travaillé jusqu’à ce mois de mars et dont le rapport serait déjà finalisé. Ce jeudi 21 avril, une délégation conduite par le président de l’APW de Jijel, Samir Bouhaouia et comprenant des présidents de commissions et des membres de celle de l’équipement auxquels se sont joints des députés de la wilaya, s’est rendue sur le chantier pour s’enquérir de la réalité des choses sur le terrain, en présence du directeur de projet de l’Agence des autoroutes (ADA), Ali Berbas.
Tous les élus se sont accordés à dire que le chantier accuse un grand retard après 96 mois «de travaux» ce qui les a fait dire, que maintenant, il est urgent de mettre le doigt sur l’origine réelle de cette situation de blocage. Leur constat est tout aussi tranchant sur le chantier jugé «quasi à l’arrêt». Les députés semblaient choqués après avoir constaté de visu que l’espoir de voir dans un proche avenir les 13 km (Djendjen (Taher) – Chaddia (Kaous) dont la première annonce de livraison l’avait prévue pour décembre 2018, était quasi-impossible à ce rythme, alors que lors de leur rencontre avec le ministre des Travaux publics en janvier dernier, ils soutiennent que ce dernier avait avancé une livraison dans seulement quelques 4 mois.
La non-installation d’une centrale d’enrobage a ajouté une pincée de pessimisme chez les députés et les élus de l’APW. Pour sa part, Ali Berbas qui a précisé que le revêtement en béton bitumineux des 13 km n’est qu’une affaire de 4 mois. Il ne manquera pas de préciser que «le montant initial de 163 milliards de dinars a augmenté de 13 milliards de dinars seulement ce qui représente 8% pour s’établir actuellement à 176,987 milliards de dinars.»
Pour ce qui est de la consommation des crédits, il dira : «On a payé actuellement 47 milliards DA aux entreprises, donc le problème réside dans la consommation excessive des délais.» Il précisera que le délai du contrat (après les 9 avenants) a expiré le 6 janvier 2022 et qu’un avenant portant le n°10, déposé avant l’expiration du délai, est en cours de traitement. Pour ce qui est des retards de paiement, il indiquera que depuis 16 mois, le groupement n’a pas encore été réglé pour un montant de 7,7 milliards de dinars. Un retard de paiement qui influe aussi sur la poursuite des travaux.
Des taux d’avancement insignifiants
Abordant le volet du viaduc de Beni Yadjis, le directeur du projet affirmera que «le problème technique a été réglé puisque l’étude a été réalisée et déposée auprès du groupement». Néanmoins, faut-il le préciser, ce viaduc nécessitant une enveloppe de 13 milliards de dinars n’est pas encore couvert financièrement. Pressé par les députés présents de donner des réponses à leurs interrogations, le directeur du projet notera: «Au niveau du projet, on n’a pas de problèmes ni avec les citoyens, ni avec les réseaux, ni avec les études.» Il affirmera à ce propos que 88% des études ont été finalisées.
Il reste ainsi quelques détails pour l’ouvrage haubané ou encore l’assainissement et la signalisation, alors que les études des lots «routes», «ouvrages» et «tunnels» sont achevées. Pour les retards de paiement, il répondra qu’au début, il y avait le retard dans l’approbation de l’avenant n°9, qui n’est arrivé qu’après l’expiration du délai. De ce fait, ajoutera-t-il, il devenait nécessaire de renouveler les cautions qui avaient aussi expiré. Seulement, il a été relevé une erreur dans la caution présentée qui devait être corrigée.
Le taux d’avancement global de 42% avancé en juillet 2020 lors d’une sortie similaire des élus de l’APW, s’est péniblement hissé à 45% en l’espace de près de 22 mois, alors que pour le tronçon de Jijel le taux n’a avancé que de 1% durant la même période pour s’établir actuellement à 46%.
Ainsi, le tronçon de la wilaya de Jijel, lot «route» qui était de 45% en juillet 2020 s’est hissé à 48%, celui des «ouvrages d’art» est passé à 56% (55% en juillet 2020) et enfin le lot «tunnel» qui a gagné 3 points en s’établissant à 38%. Actuellement, le creusement qui est à 64% est à l’arrêt, l’entreprise turque ayant été instruite d’avancer sur le lot génie-civil (radier, semelles et revêtement).
Pour le creusement, sur les deux tubes de 1863 m chacun, il reste à creuser 600 m sur l’un et 700 m sur l’autre. Pour ce qui est du génie civil, la réalisation du radier est à 76%, celle des semelles à 36% et enfin 19% pour le revêtement. On rappellera que la pénétrante autoroutière Djendjen-El Eulma court sur 45 km dans la wilaya de Jijel, 15,5 km dans la wilaya de Mila et 50 autres dans celle de Sétif.