Amnesty International Algérie réitère à nouveau son appel aux autorités algériennes à franchir le dernier pas vers l’abolition de la peine capitale. «Après avoir raté, encore une fois, l’occasion d’abolir la peine de mort lors de la dernière révision de la Constitution en novembre 2020, nous appelons les autorités algériennes à adopter une position cohérente au niveau national et international en franchissant le dernier pas vers l’abolition de la peine capitale en Algérie. Nous allons continuer à nous mobiliser pour que l’Algérie devienne le premier pays de la région à abolir cette peine cruelle et inhumaine», déclare Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, citée dans un communiqué rendu public hier, à l’occasion de la publication du rapport annuel de l’ONG sur cette sentence infamante dans le monde.
Selon la même source, au moins 9 condamnations à mort ont été recensées en Algérie durant l’année 2021 contre une en 2020. «Le tribunal de Dar El Beïda (Alger) a condamné à mort, en février 2021, huit personnes, dont sept par contumace.Ces huit personnes ont été déclarées coupables de l’enlèvement, de la torture et de la décapitation du guide français Hervé Gourdel en 2014 dans la wilaya de Tizi Ouzou», rappelle l’ONG.
Selon la même source, la 9e personne «est un muezzin qui a été condamné à mort, en mars 2021, pour avoir poignardé et tranché la gorge de sa femme, enceinte de jumeaux, en octobre 2019, dans la wilaya de Ouargla».
Relevant une baisse des condamnations à mort dans le pays depuis 2015, Amnesty International Algérie «regrette la hausse enregistrée en 2021», alors qu’en 2020 une seule condamnation à cette peine a été signalée, contre 4 en 2019, 1 en 2018, 27 en 2017, 50 en 2016 et 62 en 2015.
Affirmant que cette sanction est «inutile, injuste et cruelle», l’ONG rappelle que l’Algérie est «considérée comme abolitionniste en pratique». «Mais au moins 1000 personnes se trouvent sous le coup d’une condamnation à mort, ce qui veut dire qu’elles vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête depuis de nombreuses années», note l’organisation.
Ayant adopté un moratoire sur la peine, l’Algérie n’exécute pas les sentences depuis 1993. «Souvent, les condamnations à mort sont commuées en réclusion à perpétuité au bout de quelques années d’emprisonnement», explique la même source.
Amnesty relève, dans la foulée, la contradiction dans la position algérienne qui «prône au niveau international l’abolition de la peine de mort, alors que les autorités ne s’engagent pas à mettre un terme définitif à cette peine irréversible au niveau national».
Amnesty International est opposée à la peine de mort en toutes circonstances et sans aucune exception, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. «La peine de mort est une peine cruelle, inhumaine et dégradante», souligne l’ONG.