Parc national du Djurdjura (PND) : L’urgence d’un plan de sauvegarde

24/04/2023 mis à jour: 03:14
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La sensibilisation des visiteurs est une nécessité pour la préservation du milieu naturel (photo : dr)

Quand la nature n’est pas détruite par l’avancée du béton et l’activité industrielle, c’est le tourisme de masse qui prend le relais. La situation de crise dans laquelle se trouve le Parc national du Djurdjura (PND), doublement classé comme Parc national en 1983 et inscrit par l’Unesco en 1997 comme étant une réserve mondiale de biosphère, est un parfait exemple des atteintes aux milieux naturels. La pollution a envahi les lieux. 

Les sachets en plastique, déchets solides et autres détritus laissés par des visiteurs s’entassent jour après jour, offrant ainsi un décor désolant. Le constat est déjà fait. L’immobilisme de ceux censés protéger ces réserves contre toute forme de pollution et d’agression suscite des incompréhensions. S’étendant sur une superficie estimée à 20 150 ha, le PND est victime de sa popularité. Aujourd’hui, cette zone d’une diversité phytocénotique remarquable présente un exemple particulièrement concret de dégradation intense résultant des activités humaines anarchiques et irréfléchies. 

Les pressions exercées sur ce milieu naturel de l’aire protégée sont de plus en plus croissantes. «La réserve du Parc national du Djurdjura est sérieusement menacée par l’homme de par son comportement irrespectueux envers la nature», dit un agent du parc rencontré la semaine passée à Tikjda, cœur palpitant du PND, est qui est en passe de devenir un véritable réceptacle et dépotoir de tous genres de déchets. Les agressions alarmantes sur son environnement sont récurrentes. 

Entouré par pas moins de 68 villages, le parc subit, et ce, depuis le début des années 2000 des dégradations multiples. Les visiteurs, qui s’y rendent à longueur d’année pour se détendre, y abandonnent à même le sol les sachets, les pots de yaourt et les bouteilles d’eau et d’autres déchets nuisibles à l’environnement. 

Le tourisme de masse à l’index

Pour Aziz Mahdi, le chef de secteur de Tala Guilef  (Tizi Ouzou), au PND, le tourisme de masse a été toujours une contrainte majeure pour les sites à haute fréquentation. «Les abords de la RN30B sur 7 km traversant la chênaie verte et la cédraie de Tala Guilef jusqu’au complexe touristique reçoivent des milliers de visiteurs essentiellement en saison hivernale. 

Une quantité colossale de 70 tonnes de déchets a été collectée en une journée sur une distance de 3,5 km. L’APC peine à prendre en charge la collecte de ces déchets compliquant davantage la gestion d’un site doublement classé comme Parc national et réserve mondiale de biosphère», a-t-il regretté, citant des cas de pollution touchant d’autres sites, comme le lac Goulmim qui reçoit des milliers de visiteurs de toutes parts. L’activité incontrôlée a eu des conséquences néfastes sur l’écosystème aujourd’hui fragile de cette réserve mondiale. Des déchets solides abandonnés altèrent ainsi la valeur paysagère des sites et mettant surtout en danger la faune sauvage. 

La réalité est amère. En une décennie, des dizaines de baraques ont vu le jour, notamment au milieu de la cédraie de Tikjda, une route a été également ouverte sur plusieurs kilomètres éventrant ce milieu naturel, et ce, au vu et au su de tout le monde. La protection de ces réserves et de son environnement est sans doute devenue l’affaire de tous, mais elle a d’abord été l’affaire de quelques-uns. Zineddine Lechhab, président de l’association Idhourar Njerer, spécialisée dans les sports de montagne et les randonnées pédestres, multiplie les actions et les appels pour protéger ces richesses naturelles. «La situation devient intenable. Personne ne contrôle personne et l’impunité s’installe», a-t-il déclaré. 

Avec les membres de son groupe, des vidéos sont postées sur les réseaux sociaux faisant à la fois la promotion de l’écotourisme et lance des appels à la préservation des sites contre toute forme de dégradation.        

 

               

Le PND en chiffres 
 Superficie : 20 150 ha 
Flore : 1242 espèces  
Faune : 433 espèces  
Sources naturelles : 332
Visiteurs : 1,1 million en 2022                                                

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