Palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa à Constantine : Bientôt un statut officiel pour l’établissement

27/01/2024 mis à jour: 00:40
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L’immense bâtisse reste souvent fermée, comme une maison hantée (PHOTO: ELWATAN/EST)

Réceptionné en 2015, suite à d’importants travaux de réhabilitation, le palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa est considéré jusqu’à présent comme une simple structure ou une annexe de la direction de la culture de la wilaya de Constantine. 

Situé à la place des Martyrs, en plein cœur de la ville, dans un endroit stratégique et panoramique, la structure subit toujours des dégradations dans certaines parties. Elle demeure jusqu’à ce jour sous-exploitée, ce qui explique qu’elle n’a abrité que des activités commerciales ou folkloriques, ne reflétant nullement le véritable patrimoine riche et varié de l’Algérie ou de la ville de vieux Rocher. 

Depuis l’évènement Constantine capitale de la culture arabe de 2015, qui a vu l’organisation de manifestations culturelles d’envergure, le palais de la culture Al Khalifa n’a pas connu une activité culturelle majeure. Désormais, l’établissement n’est réservé qu’aux activités purement commerciales organisées sous le voile d’un évènement culturel à l’instar de la journée de Youm El Ilm (Journée du savoir) le 16 avril, du mois du patrimoine ou des journées nationales et mondiales du tourisme. 

Les visiteurs se rendent sur les lieux comme ils ont l’habitude de le faire en allant aux marchés. Si ce n’est pour l’achat des affaires scolaires, c’est pour les bijoux, les costumes, la pâtisserie et la confiserie traditionnelle. Il est également désolant de constater que ce sont toujours les mêmes figures et exposants qui occupent les lieux. Certains osent vendre les glands, la caroube, la mélasse de grenade, les amandes, les noix, les figues séchées ou mieux encore le thym. Ils utilisent le thème de vente de plantes médicinales et leurs bienfaits afin de commercialiser leurs produits. 

Ce qui suscite des interrogations sur la véritable mission de cette structure culturelle. Mais à qui incombe la responsabilité, à l’exposant ou à l’organisateur ? Sachant que la wilaya compte plus de 20 000 artisans, sans compter le nombre des associations culturelles qui n’ont pas de locaux pour organiser leurs activités. En dehors de ces évènements «paraculturels», cet immense palais reste souvent fermé, comme une maison hantée. Pourtant, avant cette fameuse opération de réhabilitation ayant couté des milliards de dinars à l’État, le site connaissait une «vraie» activité culturelle ininterrompue à travers les multiples évènements organisés, dont le célèbre «Club du lundi», qui accueillait des célébrités dans tous les domaines de la culture. 

Ceci sans oublier les nombreuses associations musicales dans différents styles, notamment le malouf, qui y activaient. Il est utile de rappeler pour l’histoire l’important rôle assuré dans les années 2000 par l’ancien Conseil consultatif culturel, doté d’un financement de la part de la wilaya de Constantine, et qui programmait à longueur de l’année des activités très intéressantes. En plus de «la folklorisation» de ses activités, la structure demeure dépourvue de personnel pour son fonctionnement et sa maintenance et continue à subir des problèmes d’étanchéité et autres, en l’absence d’un statut réglementaire permettant la bonne et sérieuse prise en charge des lieux. 
 

L’étude sur la bonne voie 

«Nous avons établi un dossier complet sur le palais de la culture Mohamed Laid Al Khalifa, faisant ressortir sa portée, son importance et ses besoins. Ce dossier a été préparé et déposé en octobre dernier suite à la demande de la ministre de la Culture, lors de sa dernière visite à Constantine», a déclaré à El Watan Farid Zaiter, directeur de la culture de la wilaya. 

Et de poursuivre que ce statut permettra à l’établissement d’avoir sa propre direction, son propre budget pour la gestion, les travaux de maintenance, l’installation des caméras de surveillance et le recrutement du personnel. «Les travaux de maintenance, dont ceux de l’étanchéité, doivent être réguliers et nécessitent un budget. 

D’autant plus, il doit y avoir des agents à l’intérieur pour ouvrir tous les espaces de ce palais au public. Tout cela a besoin de moyens financiers, mais la structure est gérée actuellement par la direction de la maison de la culture Malek Haddad avec les moyens de bord», a souligné M. Zaiter. 

Ce dernier a exprimé son optimisme quant à l’avancement satisfaisant des procédures d’adoption de ce statut. Le dossier déposé sera étudié au niveau de la Fonction publique avant son transfert au Premier ministère. «Les choses avancent bien», a-t-il rassuré, indiquant que cette mesure de création de statut concernera également trois annexes de la direction de la culture à Hamma Bouziane, El Khroub et Ibn Ziad. Pour rappel, le projet de réhabilitation du palais culturel Al Khalifa a été réceptionné le 15 avril 2015, offrant à la wilaya une bâtisse s’étalant sur une superficie de plus de 8000 m². Elle est composée d’un rez-de-chaussée et deux étages avec ascenseur. 

L’établissement compte plusieurs espaces pour les activités culturelles. Il y a une salle de spectacles de 400 places, une salle des conférences de 240 places, une salle de lecture de 120 places, une salle d’honneur, quatre salles d’exposition et un hall. La propriété du palais a été transférée au ministère de la Culture selon l’acte n° 68 établi le 27 janvier 2015. Après l’évènement culturel de 2015, une partie a été réservée comme siège pour la direction de la culture de la wilaya. 

Malheureusement, et en raison des mesures d’austérité et de rationalisation des dépenses, suspendant temporairement le recrutement dans le secteur de la culture, l’infrastructure n’a pas eu son propre statut. Le palais est géré par la maison de la culture Malek Haddad depuis une décision du ministère de la Culture portant le numéro 475 établie le 20 décembre 2022. 

La création d’un statut pour une infrastructure culturelle est une bonne nouvelle, vu ses multiples avantages permettant entre autres, la pérennité de l’infrastructure, l’accès au financement et le développement de la coopération et les partenariats en vue de nouveaux évènements culturels majeurs.                                                                      
 

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