Palais de la culture d’Oran : Tayeb Ramdane présente le projet de sa toute nouvelle pièce de théâtre

08/06/2023 mis à jour: 11:30
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L'auteur Tayeb Ramdane, lors de la conférence de presse à Oran photo : dr

Son intitulé Djanat echaytane (Le paradis de Satan)  évoque l’ouvrage Ahd Al-shaytan (l’ère du diable) du célèbre écrivain égyptien Tawfik El Hakim qui s’est lui-même inspiré de la légende faustienne d’origine allemande  et ses différentes versions, dont celle rendue célèbre par Goethe et dont on retient grosso modo les conséquences qu’il y a à  contracter un «pacte avec le diable». 

Un pacte devenu un prétexte ouvrant la voie à l’imagination et l’élaboration de contenus multiples. A titre illustratif, le texte d’ouverture de l’ouvrage de Tawfik El Hakim inverse l’histoire en imaginant non pas un vieil homme ayant sacrifié sa vie pour la quête vaine d’un savoir total et qui a voulu redevenir jeune pour vivre autrement, mais un jeune homme qui veut, au contraire, acquérir tout le savoir du monde. La version proposée n’a de rapport direct ni avec l’une ni avec l’autre. Cette posture est intéressante et c’est par ailleurs ce qui a fait dire à un intervenant qu’il n'y a aucun mal à ce que, en ce qui concerne la pièce en question, Tayeb Ramdane soit crédité en tant qu’auteur  au sens complet du terme.  

Ce que bien sûr le dramaturge algérien, ancien du TRO, refuse, car tenant compte du fait qu’au-delà de l’intrigue et des habillages qu’il a imaginés, il y a toute la dimension philosophique du conte faustien qui reste la même.  Néanmoins, l’adaptation au contexte algérien contemporain donne à la pièce une dimension sociopolitique inédite. 

«C’est en résumé l’histoire d’un écrivain public qui réside dans la cave d’un immeuble, qui essaye d’écrire des histoires inspirées du vécu des gens de son quartier, qui ambitionne de participer à un concours national et, pour ce faire, comme Faust, il souhaite l’intervention de 'Chaytan', ce qui advient, mais les événements qui vont  suivre ne seront pas à l’image de ce qu’il avait projeté au départ avec tous les fléaux qui vont s’abattre sur la société et la corruption qui va  se propager gangrener le peuple, etc.», explique-t-il. 

Le projet est déjà déposé en vue de bénéficier d’une subvention du ministère de la culture mais les lectures se poursuivent. «Je suis à la  4e rencontre de ce genre et je ne m’en lasse pas car les avis exprimés sont importants pour moi dans la mesure où cela me permet de recadrer certains passages lorsque je me rends compte que ce que je voulais exprimer n’est pas bien compris ou le message que je veux transmettre n’est pas assez fort ou pas  assez clair», ajoute-t-il. L’auteur tient bien compte du patrimoine local sachant que la  culture populaire regorge d’histoires où le monde des humains et celui des «djinns» se rencontrent. 

Les remarques formulées à l’occasion ne sont pas en rapport avec cet aspect des choses. «Un tel texte exige une réalisation top et des moyens conséquents», prévient par contre un intervenant issu du domaine du quatrième art et qui a relevé cette intéressante «algérianisation»  d’une œuvre du patrimoine allemand. Tayeb Ramdane compte s’occuper lui-même de la mise en scène. 

Il est depuis 2015 à la tête de sa propre coopérative théâtrale, Enoudjoum, qui en est à son troisième spectacle, mais il cumule une expérience remarquable dans le théâtre en ayant participé à plusieurs travaux auparavant, notamment avec Adar dans Mesrah El Madina pour ne citer que les expériences les plus récentes.

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