Un kamikaze a tué hier quatre personnes dans l'école coranique historique des talibans au Pakistan, dont le directeur de cet établissement fréquenté depuis des décennies par les plus hauts dirigeants talibans pakistanais comme afghans, rapporte l’AFP.
A Kaboul, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, dirigé par un ancien élève de cette madrassa, a «condamné fermement» cette attaque, l'imputant à «des gens de l'Etat islamique» (EI). Islamabad et Kaboul s'accusent mutuellement d'aider l'EI pour attaquer le voisin, mais cette attaque n'a jusqu'ici pas été revendiquée.
Plus tôt, Zulfiqar Hameed, chef de la police de la province montagneuse du Khyber-Pakhtunkhwa qui borde l'Afghanistan, a évoqué un bilan de «4 morts et 13 blessés». La madrassa d'Akora Khattak est devenue au fil des décennies le symbole des talibans.
Son ancien directeur, l'ex-sénateur Sami ul-Haq Haqqani, auquel son fils Hamid ul-Haq a succédé, s'enorgueillissait d'avoir conseillé le fondateur du mouvement, le mollah Omar, ce qui lui a valu le surnom de «Père des talibans». Sami ul-Haq a plus tard envoyé des étudiants de la madrassa Haqqania se battre dans les rangs des talibans quand ils ont appelé à prendre les armes dans les années 1990 avant de conquérir le pouvoir à Kaboul en 1996.
De nouveau, au retour au pouvoir des talibans en 2021, la madrassa d'Akora Khattak, surnommée «l'Université du djihad», a exprimé son soutien à leurs combattants alors qu'ils avançaient sur Kaboul, mettant en déroute la République islamique soutenue par la communauté internationale.
Les madrassas radicales au Pakistan ont reçu un afflux d'argent dans les années 1980 lorsqu'elles servaient de vivier à la guerre contre l'URSS an Afghanistan, soutenue par les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite.
Elles sont depuis lors restées en contact étroit avec les agences de renseignement pakistanaises. Le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad estime que l'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan avec plus de 1600 morts dans des attaques, dont 685 membres des forces de sécurité.